Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
353
CEL — CEM

pelés à cause de leur noblesse, soit parce qu’ils avoient la principale autorité dans les Gaules, soit parce qu’ils étoient plus forts & plus vaillans. Quelques Modernes pour soutenir ce sentiment, disent qu’encore aujourd’hui Gelten a cette signification en allemand ; qu’en flamand Geste-baors signifie un poisson excellent, & Gildos, un bœuf fort & vigoureux ; que ce sont autant de vertiges de l’ancienne signification de ce nom.

Dadin de Hauteserre, Rer. Aquitan. L. I, ch. 1, montre que tous les Gaulois ont été appelés Celtes ; & le P. Pezron a fait un Traité de l’Antiquité, & de la langue des Celtes, où il prouve qu’ils étoient de la postérité de Gomer, fils aîné de Japhet. Depuis le P. Pezron, deux Auteurs nous ont appris bien des choses curieuses & intéressantes sur les Celtes. M. de Saint-Aubin dans les Antiquités de la Nation & de la Monarchie Françoise ; & M. Pelloutier dans son Hist. des Celtes.

CELTIBÈRE. s. m. & f. Ancien peuple d’Espagne, qui possédoit une partie de l’Arragon & de la Castille. Celtiberus, a. Les Celtibères étoient des Celtes, qui étant passés de Gaule en Espagne, & s’étant arrêtés & fixés le long de l’Ebre, Iberus en latin, furent appelés Celtiberes, comme qui diroit des Celtes de l’Ebre, c’est-à-dire, habitans sur les bords de l’Ebre. Les Celtibères étoient les plus vaillans hommes d’Espagne. Florus les appelle Robur Hispaniæ, la force de l’Espagne ; & Diodore de Sicile, L. VI. Strabon, L. IV. Pline, L. III, c. 1. Florus, L. II, c. 17, disent qu’ils résistèrent longtemps avec un courage incroyable aux Carthaginois & aux Romains. On dit aussi Celtibérien, Celtibérienne. Voyez Vigenère sur César, & Cordemoy, Histoire de France, T. I, p. 11.

CELTIBÉRIE. Pays des Celtibères. Celtiberia. C’est l’Arragon. Vigenère.

CELTIBÉRIEN, ENNE. Voyez Celtibère. C’est la même chose.

CELTIQUE. s. m. & f. Peuple d’Espagne. Celticus. Les Celtiques étoient une Colonie de Celtes, ou de Celtibères, qui pénétrèrent jusques sur la côte occidentale d’Espagne, où ils s’établirent depuis le Dourou jusques au promontoire ou cap appelé promontoire Celtique, qui étoit apparemment le cap de Finisterre. Voyez Mela, L. III. c. 1. Strabon, L. III.

CELTIQUE. adj. m. & f. Qui appartient aux Celtes. Celticus. La Gaule Celtique, c’est la partie de la Gaule qu’occupoient les Celtes. Bellovèse & Segovèse, neveux d’Ambigat, Prince Biturige, Roi des Celtes, conduisirent des Colonies Celtiques en Allemagne & en Italie sous le règne du vieux Tarquin.

CELUI, CELLE. Au pluriel, ceux & celles, celui-ci, celle-là, sont des pronoms démonstratifs, qui signifient la même chose que ce. Ille, illa ; is, ea. Ce pronom est de toutes les personnes, comme on parle en Grammaire ; & l’on dit fort bien : je suis celui qui, &c. Vous êtes celui, il est celui ; ou avec un nom propre, César est celui qui, &c. Ceux qui disent qu’on ne met pas bien celui après un adjectif ; se trompent ; on trouve cette construction dans les ouvrages les mieux écrits en notre langue. Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées. P. Lall. Jésuite. Heureux celui que sa compassion rend attentif aux besoins du pauvre. Id.

CELUI-LA, CELLE-LA. Autre pronom démonstratif. Ille, illa. Is, ea. C’est celui-là qui l’a tué. C’est celle-là qui me captive. Mais il ne faut jamais joindre la particule avec le pronom démonstratif celui ou celle, quand il est immédiatement suivi du pronom relatif qui, ou lequel, comme ceux-là qui aiment Dieu. Voiture n’est point à imiter dans cette construction.

Car le feu qui brûla Gomorrhe,
Ne fut jamais si véhément,
Que celui-là qui me dévoore.

Celui-là, Celui-ci. Pronoms distributifs. Ils répondent aux pronoms latins distributifs ille & hic, dont l’usage est de désigner, de signifier l’une des deux choses ou des deux personnes dont on vient de parler, & dont on ne veut pas répéter le nom. Celui-là, ille, sert à désigner la première donc il a été parlé ; & celui-ci, hic, désigne la dernière. Les femmes ne s’accommodent point de cette expression ; elles se brouillent dans l’usage de ces deux mots : celui-ci, celui-là ; mais les gens de lettres les trouvent tort commodes, & s’en servent pour éviter la répétition du nom propre, ou de longues phrases qui font languir le discours.

CELVULF. s. m. Nom d’homme. Ceolvulsus. S. Celvulf quitta le Royaume de Northumberland pour se faire Moine. Ce fut à lui que Bède dédia son Histoire d’Angleterre. Voyez M. Chastelain, au 15 de Janvier.

CEM.

CEMBEL. s. m. Ce mot se trouve dans nos vieux Auteurs, & signifie deux choses. 1o. Une danse de campagne sous les arbres, sous l’ormeau, ou comme on disoit, sous l’ormel. 2o. Un tournois, une assemblée de Chevaliers. Ce mot, dit Borel, pourroit venir de cymbalum, puisqu’on appelle encore en Languedoc une sonette, un cimboul.

☞ CÉMENT, mieux que CIMENT. s. m. Terme de Chymie. On appelle généralement de ce nom toutes les compositions, tous les mélanges de soufre, de sels, de charbon, de brique pilée, &c. que l’on arrange dans des creusets ou autres vaisseaux avec des métaux ou autres substances, & que l’on expose ensuite à l’action du feu, pour causer par ce moyen quelque altération dans ces substances. Cæmentum.

☞ Les Cémens sont différens & différemment composés, selon les différentes vues qu’on se propose, & les différens changemens qu’on veut produire dans les substances qu’on soumet à cette opération. Il y a deux principaux cémens, le commun & le royal. Le commun se fait avec la poudre de briques, le sel commun, le nitre & le verdet. Le royal est composé des sels gemme & ammoniac, de chacun une partie, de deux parties de sel commun, & de quatre patries de bol, ou de briques en poudre, le tout malaxé avec une qualité suffisante d’urine & réduit en une pâte dure.

☞ On se sert du cément royal pour séparer l’argent d’avec l’or dans l’opération du départ. Voyez Départ. Cément pour convertir le fer en acier ; cément pour convertir le cuivre rouge en cuivre jaune ; cément pour donner à certains verres les qualités de la porcelaine. On stratifie dans un creuset des lames d’or avec du cément royal ; on couvre ce creuset, puis l’ayant entouré de feu, on fait calciner la matière pendant dix ou douze heures avec beaucoup de violence, afin que les sels mangent & consument les impuretés de l’or.

☞ CÉMENTATOIRE. adj. de t. g. Terme de Chymie. Poudre cémentatoire, c’est la même chose que ce qu’on appelle ciment.

Cémentatoire. Terme de Minéralogie. On appelle, quoiqu’improprement, cuivre cémentatoire, le cuivre qui a été précipité de certaines eaux vitrioliques, par le moyen du fer que l’on trempe dans cette eau.

☞ Il y a des sources d’eau cémentatoires en Hongrie, qui dissolvent & détruisent le fer, & mettent en sa place le cuivre dont elles sont chargées.

CÉMENTER, v. a. Terme de Chymie. Faire la cémentation. Purifier l’or par le moyen du cément.

CÉMÉTERIAL, ALE. adj. Qui concerne le cimetière, qui est situé dans un cimetière. Il y avoit dans l’enceinte du Monastère une chapelle céméteriale, sous le nom de S. Etienne. Hist. de l’Eglise de Meaux, T. I, p. 70.

CÉMON. s. m. Nom d’homme. Ceadmanus. S. Cémon