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CAS

Case, se dit ordinairement de chacurt deS carrés qui sont dans un échiquier, ou damier, au jeu des échecs & des dames. Le roi n’a plus que deux cases pour se sauver. Le pion avance de deux cases le premier coup.

Ménage après Saumaise tient que ce mot vient de cassa, ou capsa, qui vient du grec καψα, qui signifie la même chose.

Case, se dit au jeu du trictrac, de deux dames qui sont posées sur une même ligne, flèche ou languette, marquée sur le tablier où on joue le trictrac, & qui empêchent les dames du parti contraire de passer outre. Quand on fait le petit-jan, il sert à abattre du bois pour faire des cases.

Case, se dit aussi de chacune des places désignées par cette flèche ou languette.

La case du diable, c’est celle qui est immédiatement avant le coin, ou bien c’est la onzième case de chaque jeu. On l’appelle case du diable, parce que par plusieurs expériences on a reconnu que quand le plein s’acheve par cette case, il est très-difficile. Case de l’écolier. C’est la même que la case du diable, selon ce qu’en dit l’Auteur du traité de ce jeu ; & on l’appelle case de l’écolier, parce que les habiles joueurs diffèrent ordinairement de la prendre tant qu’ils peuvent, & la gardent pour finir le plein ; ils sont par-là moins exposés à passer les dames qui deviennent inutiles dès qu’elles sont passées. ☞ On appelle aussi case du diable, celle de la seconde flèche du grand-jan, quand c’est la seule qui soit à faire, parce que, comme il ne reste plus que cinq dames dans le petit-jan, & que tous les coups qu’on joue sans remplir, avancent ces dames, on risque de ne point faire son plein, ou de ne pas tenir long-temps.

Fausse case, c’est une case à laquelle les nombres de vos dés ne vous conduisent point. Celui qui fait une fausse case par mégarde ou de propos délibéré, est obligé de remettre les deux dames à leur première place, & l’adversaire est maître de les lui faire jouer à sa volonté. Il peut aussi, s’il veut, laisser la fausse case en l’état où elle est, en cas qu’elle convienne mieux à son jeu, quand même celui qui l’a faite, voudroit en revenir. Pousser plusieurs cases. Quand deux ou plusieurs cases se touchent mutuellement, & qu’on fait un coup qui transporte la dernière de ces cases immédiatement après la première, en sorte qu’elles se touchent encore après avoir joué, comme elles se touchoient auparavant, au lieu d’enlever avec la main les deux dames de cette dernière case pour la porter après les autres, il est permis de pousser toutes les cases à la fois de l’espace d’une flèche, & quoiqu’elles changent toutes de place, elles produisent le même effet que si l’on eût transporté les deux seules dames de la dernière case. On ne pousse ordinairement que pour jouer un doublet. On peut pousser les demi-cases comme les cases. Les cases basses sont celles qui sont le plus près de votre adversaire. On appelle case toute flèche couverte de deux dames. On appelle demi-case toute flèche qui n’est couverte que d’une dame seulement. L. S.

Case. Petite monnoie de cuivre du Japon, qu’on nomme aussi cache, casie & cassie.

Case d’Orfèvre. Voyez Casse.

☞ CASELOUTRE. Nom françois de la ville de Keysers-Lautern. Voyez ce mot.

CASEMATE ou CAZEMATE. s. f. Terme de Fortification : ce qu’on appelle autrement place basse, ou flanc bas. C’est une place pratiquée dans le flanc proche de la courtine, où l’on met une batterie de canon, pour défendre le fossé. Ima crypta ad latera propugnaculorum. Ce nom vient d’une voûte qu’on faisoit autrefois pour séparer les plate-formes où se faisoient les batteries hautes & basses, dont chacune se nommoit en italien casa armata, ou en espagnol casamata. Quelques-uns le font venir de casa à matti, maison aux fous. Covarruvias dit qu’il a été fait de casa, maison, & mata, basse. Maintenant on se contente de retirer la place haute en dedans du bastion. Quelquefois on fait trois plate-formes, dont la plus haute est sur le rempart. La casemate est aussi appelée flanc retiré ; parce que c’est la partie du flanc qui est la plus proche de la courtine & du centre du bastion. On la couvroit d’un orillon ou épaulement, qui étoit un corps massif de pierre, rond ou carré, qui empêchoit qu’on ne vît de dehors dans les batteries. L’usage en est assez rare présentement, & on a cessé de s’en servir, à cause que les batteries des assaillans enterroient l’artillerie de ces casemates dans la ruine des voûtes.

Casemate, se prend aussi pour les puits & les rameaux que l’on fait dans le rempart d’un bastion, jusqu’à ce que l’on entende travailler le mineur, & qu’on évente les mines. Difflandæ, avertendæ cuniculariæ machinationis crypta.

Casemate, se dit encore en termes de guerre de certains souterrains bien voûtés, à l’épreuve du canon, pratiqués ordinairement dans les bastions, sur-tout dans les citadelles, où le Soldat qui n’est pas en faction, & de jour, va se reposer à l’abri des coups. On y place aussi les blessés.

Casemate, se dit en style badin pour prison. Il a été mis dans la casemate, en casemate.

CASEMATÉ. adj. Voûté, où il y a des casemates. Un bastion casematé.

☞ CASEMENT. s. m. Vieux mot. Voyez Caser.

CASENTIN. Casentinus, ager. Petit pays de Toscane en Italie, renfermé dans le Florentin. Le Casentin est à l’orient de Florence, entre cette ville & le bourg du Saint Sépulcre, aux environs des sources de l’Arno. Camaldoli est dans le Casentin.

CASER. v. n. Qui ne se dit qu’au jeu de trictrac ; pour signifier, faire des cases, accoupler des dames, en mettre deux sur la même flèche. Scrupos alios aliis supponere, ou uni laminæ duas imponere rotulas. La plus grande science du trictrac est de bien caser.

Ce verbe, suivant le premier sens qui se présente, signifie, faire des cases ; mais il se prend aussi pour cafer à propos, & l’on dit ordinairement d’un joueur qui place bien ses dames : cet homme-là case bien. C’est un grand avantage au trictrac que de savoir bien caser ; c’est-à-dire, que les habiles joueurs, par la parfaite connoissance qu’ils ont des hazards, que l’on court plutôt à une place qu’à une autre, savent choisir en jouant celles qui vraisemblablement leur seront plus avantageuses. L. S. Regardez toujours le jeu de votre homme, plutôt que le vôtre ; examinez quand il fait des cases, s’il case juste. Celui-là ne jouera jamais bien, qui ne considère point l’essence du jeu avant que de caser. Il faut donc, pour caser, examiner les coups qui sont pour ou contre vous. Pour bien caser à propos, & ne vous pas donner des obstacles, il faut, quand votre homme est fermé par en haut, ne pas vous presser de faire les cases baffes. Id.

Dans les vieilles coutumes, on disoit caser & acaser ; pour dire, donner quelque terre en fief ; d’où on a dit casement, chasement & chas ; pour dire, maison : & en latin on appelle casatus, un domestique, un vassal.

CASERETE. s. f. C’est un moule de bois, une forme dans laquelle on fait des fromages. On appelle dans quelques endroits ces sortes de formes ou de moules, des cagerotes ; mais dans tout le pays d’Auge d’où viennent ces excellens fromages, que l’on appele de Livarot, on ne les nomme point autrement que Caseretes.

CASERIES. s. f. pl. Les Arabes de la Terre-Sainte nomment de la sorte ce qu’on appelle ailleurs des Kans & des Caravanseras.

☞ CASERNE. s. f. Logemens qu’on fait dans une ville, ou sur le rempart même pour loger les Soldats de la garnison, & pour soulager les Bourgeois. Casula. On loge ordinairement dans chaque chambre douze soldats, qui montent la garde alternative-