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CAR
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les de mousquet, qui s’ouvre à propos quand il est besoin. Granati bellici genus.

Cartouche. Terme d’Artificier. On appelle ainsi toutes sortes de boîtes de carton, cubiques, sphériques, cylindriques, ou mixtes, dans lesquelles on renferme les matières combustibles des artifices pour en déterminer & varier les effets ; en général les cylindriques sont les plus ordinaires. Ce mot est masculin chez les Artificiers, & feminin pour les charges des armes à feu : on dit dans l’exercice, déchirez la cartouche avec les dents. Ce mot vient de l’italien cartoccio.

Cartouche. s. m. C’est le nom d’un fameux voleur qui fut exécuté à Paris en 1711. De-là est venu que pour dire qu’un homme est un scélérat, on dit par un proverbe populaire, que c’est un vrai Cartouche.

CARTOUCHIEN. s. m. Voleur de la bande de Cartouche.

CARTOUCHIER. s. m. Terme de guerre. Espèce de petit coffre de bois couvert de cuir, que le soldat porte du côté droit, & où il met ses cartouches, ou charges de fusil, préparées au nombre de dix-huit ou vingt.

CARTULAIRE. s. m. Les cartulaires sont des papiers terriers des Eglises ou des Monastères, des Registres où sont écrits les contrats d’achat, de vente, d’échange, les privilèges, immunités, exemptions & autres chartes. Ces recueils sont ordinairement postérieurs à la plûpart des actes qui y sont contenus, & ils n’ont été faits que pour conserver ces actes dans leur entier. Les Compilateurs des cartulaires n’ont pas toujours été fidèles ; on y trouve quelques pièces manifestement fausses, ou corrompues, comme on le prouve en comparant les originaux avec les copies qui ont été enregistrées dans les cartulaires, ou en comparant d’anciens cartulaires avec d’autres plus nouveaux, où les mêmes actes se trouvent, & où quelques-uns de ces actes ont plus d’étendue que dans les anciens. Les ennemis des Moines ont remarqué de plus que les Monastères ont fait quelquefois confirmer leurs titres par les Princes & par les autres Puissances, en leur représentant que leurs anciens titres étoient si vieux qu’on avoit de la peine à les lire ; & alors, disent-ils, il est arrivé souvent que sous ce prétexte on en substituoit d’autres en la place des anciens. Il ne faut donc pas recevoir facilement & sans examen les actes qui ne se trouvent enregistrés que dans les cartulaires. Consultez là-dessus Acosta, Histoire des revenus Ecclésiastiques ; le P. Germon, dans son ouvrage sur la Diplomatique du Pere Mabillon, & ceux qui ont répondu à ces Ecrivains, tels que Dom Mabillon même dans son supplément, Dom Coustant, Dom Ruimart, Fontanini, &c. Voyez Chartulaire.

Cartulaire. s. m. Officier de l’Eglise Romaine. Gardien des chartes ou papiers de l’Eglise. Saint Grégoire le Grand envoya Hilaire, son Cartulaire en Afrique, pour tenir un Concile, & remédier aux désordres que causoient les restes des Manichéens & des Donatistes. Sur quoi M. l’Abbé Fleury, Histoire Eccl. Liv. XXXV, p.53, remarque que le Cartulaire n’étoit originairement qu’un Secrétaire Gardien des chartes ; mais qu’alors, c’est-à-dire au temps de saint Grégoire, il avoit juridiction dans les Provinces où il étoit envoyé & il cite le Glossaire de Du Cange.

CARVANSERAS. s. m. Maison publique ou hôtellerie que l’on trouve sur les chemins en Orient. Voyez Caravansera.

CARVELE. s. f. En termes de Marine on dit qu’un navire est mâté en carvele, lorsqu’il a quatre mâts sans mât de hune.

CARVI. s. m. C’est une plante qui a tiré son nom de la Carie, pays de l’Asie mineure, où les Anciens l’avoient remarquée. Sa racine est grosse, longue, blanche, d’un goût aromatique & un peu âcre. Ses feuilles naissent comme par paires, découpées menu le long d’une côte ; elles sont semblables aux feuilles de carotte sauvage. Ses fleurs font en parasol, composées de cinq petites feuilles, rondes, blanches ou rouges, disposées en fleur-de-lis de France. Sa graine est étroite, un peu longue, canelée sur le dos, d’un goût âcre & aromatique. C’est la partie de cette plante qui est le plus en usage : elle est stomachique & diurétique : elle dissipe les vents, aide la digestion, & fortifie le cerveau. Les Allemands & les Anglois s’en servent beaucoup ; ils en mettent dans les biscuits, dans les fromages, & dans d’autres sortes d’alimens. En latin carvi officinarum, ou cuminum pratense.

CARUS ou CAROS. s. m. Carus. Terme de Médecine. Affection soporeuse, profond assoupissement. Il y a différence entre le coma & le carus, en ce que dans la première de ces affections, les malades répondent quand on les interroge, ce qu’ils ne font pas dans la dernière. Il diffère de la léthargie, en ce que la fièvre accompagne la léthargie, & que le sentiment revient aux léthargiques quand on les pique, quand on les agite ; il est distingué de l’apoplexie par la liberté de la respiration, qui est toujours blessée dans l’apoplexie ; de l’épilepsie, en ce qu’il n’y a aucun mouvement, & qu’il n’y a point d’écume à la bouche dans le carus ; de la syncope, par le pouls qui est grand, par le teint du visage qui est vermeil, au lieu que le pouls est lent, & la face cadavéreuse dans la syncope ; de la suffocation hystérique, en ce que les femmes en cet état entendent & se ressouviennent de tout ; ce qui n’arrive point dans le carus. Dégori. Le carus est un long & profond assoupissement insurmontable, joint à la perte du sentiment, du mouvement & de l’imagination, mais avec liberté de respirer. La cause du carus est l’interruption des esprits animaux, causee par l’affaissement quand ils sont épuisés, ou par l’obstruction qui provient d’une humeur pituiteuse, froide & grossière, ou par compulsion à cause de quelque coup.

Le Caros, la cataphore, ou subeta d’Avicenne, le coma ou typhomania de Galien ; la paralysie ; la paraplégie, hémiplégie, &c. ne sont que des espéces différentes d’apoplexie dans un degré moins fort. Demouis, Acad. d’Ed. T. I, p. 317.

Le nom de carus vient du Grec ϰάρος (karos), qui veut dire, assoupissement avec pesanteur de tête.

CARYATE, ATIDE. s. m. & f. Caryates, atis. Habitant de la ville de Carye dans la Laconie. Les Caryates s’étant alliés aux Perses ennemis de la Grece, les Grecs assiégèrent leur ville, la prirent & la détruisirent, passèrent tous les Caryates au fil de l’épée, emmenèrent les Cariatydes captives, & après les avoir traînées en triomphe, ils ne permirent point aux femmes de qualité de quitter leurs habits longs, & leurs autres ornemens dans leur servitude. Et pour perpétuer leur honte & leur punition, les Architectes firent de leurs statues des pilastres, qu’ils nommèrent Cariatydes, & dont nous allons parler. ☞ Cet ornement, qui n’est rien moins que naturel, & par conséquent déraisonnable, fut goûté, par la douceur que les âmes foibles trouvent toujours dans la vengeance ; & l’imitation l’a perpétué en dépit du bon sens, & à la faveur de quelques grands maîtres qui ont travaillé dans ce goût là. Dans la salle des Gardes-Suisses au Louvre, il y a quatre Caryatides, qui soutiennent une Tribune. On en voyoit il y a quelques années à Bourdeaux dans le célèbre édifice qu’on appeloit les Piliers de tutelle. Voyez Vitruve, Liv. I, ch. 1.

CARYATIDES. s. f. pl. Terme d’Architecture. C’est une espèce de pilastre, ou de colonne, représentant des figures de femmes, vêtues de longues robes, dont les anciens se sont servis pour faire le fût de la colonne Ionique. Caryatides. L’origine de cet ornement est connue & rapportée par Vitruve, comme nous venons de le dire. Autrefois les Caryatides étoient représentées soutenant d’une main le fardeau dont elles étoient chargées, &