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CAP

aux Cagots, mais que l’on nomme Caqueux. Voyez ce mot.

Capot. Terme du jeu de Piquet. ☞ Faire capot quelqu’un, c’est faire toutes les levées. Alors on gagne quarante points. Etre capot, c’est ne faire aucune main.

En Termes de Marine. On appelle faire capot, lorsque les navires, barques, pyrogues & canots se renversent sens dessus dessous. Tous ceux qui sont dans les petites nacelles, périssent ordinairement quand elles font capot. Je voulus gouverner, on m’en empêcha, & nous fîmes capot dans le moment. Chev. de Beauch. Il donnoit un repas à plusieurs Messieurs & Dames sur sa frégate ; le bâtiment fit capot à la vue de toute la ville, & tous les convives périrent. Idem. On voit par ces deux exemples qu’on dit faire capot, tant du navire que de ceux qui sont dedans.

☞ On dit familièrement & figurément, faire capot, rendre confus & interdit, déconcerter quelqu’un. Etre capot, Etre fait pic & capot.

Dame ignorance a fait enfin capot
Le bel esprit. Des H.

Philis, contre la mort vainement on chicane,
Tôt ou tard qui s’y joue, est fait pic & capot. Bens.

☞ On le dit de même d’une personne qui se voit frustrée de son espérance. Cette Dame a été bien capot, quand elle a vu que personne ne la faisoit danser.

☞ CAPOTAGE. s. m. Terme de Marine. On donne ce nom à cette partie de la science du Pilote qui consiste à connoître le chemin que le vaisseau fait sur la surface de la mer : connoissance nécessaire pour conduire sûrement un Vaisseau.

CAPOTE. s. f. C’est une mante que les femmes mettent par dessus leurs habits, quand elles sortent, & qui les couvre depuis la tête jusqu’aux pieds. Il y a des capotes de camelot, il y en a de taffetas.

☞ On donne aussi ce nom à la petite cape qui fait partie de l’habit de cérémonie des Chevaliers du St. Esprit. Voyez Capot.

CAPOUAN, ANE. s. m. & f. Qui est de Capoue, Citoyen de Capoue. Capuanus, a. L’an de Rome 432, sous le Consulat de C. Junius Bubulcus, & de Q. Emilius Barbula, les Capouans prirent les loix Romaines. Nos Auteurs du XVIe siecle & du commencement du XVIIe, se servent de ce mot Aujourd’hui habitant de Capoue, natif de Capoue, seroit mieux.

CAPOUDAN BACHA. s. m. Terme de Relation. Bacha de mer. Officier Turc, qui est pris de l’un des trois premiers Pages du Kgas Oda ou de la Chambre privée. Mari Præfectus, Archithalassius.

CAPOUE. Ville archiépiscopale du Royaume de Naples. Capua. Capoue est ancienne. Diodore dit qu’elle fut bâtie sous le Consulat de M. Genucius, & de Curtius Chilo, que les fastes de Pighius mettent à l’an de Rome 308 ; ceux d’Onuphrius à l’an 309, & la Chronologie imprimée à la fin de Diodore, l’an 310. On ne convient pas de son fondateur. Sempronius, en la division d’Italie, l’attribue aux Hétrusques, par qui elle fut appelée d’abord Osque, & puis Capoue. Caton dit la même chose. Diodore dit que ce furent les Osques qui la bâtirent. Virgile, Enéïde, L. X, v. 145. Suétone, in Jul.Cæs. c. 81. Pline, L. III, c. 5, & Silius Italicus, Lib. XI, disent qu’elle fut bâtie par Capys, compagnon d’Enée. Festus nous apprend que quelques-uns rapportoient ce nom à l’augure d’un faucon, dit en Grec Capys, parce qu’il a les pieds recourbés ; & d’autres aux plaines dont ce pays est rempli. Tite-Live écrit, Liv. IV, c. 37, qu’elle s’appeloit d’abord Vulturne, Vulturnus, du nom du fleuve sur lequel elle est située ; qu’ayant été prise par les Samnites sous le Consulat de C. Sempronius Atratinus, & de Q. Fabius Vibulanus, Capys, chef des Vainqueurs, la nomma Capoue de son nom ; ou, ce qui paroît plus probable à Tite-Live, parce qu’elle étoit dans une plaine. Strabon croit que ce nom lui fut donné parce qu’elle étoit Capitale des douze Villes de la Campanie, Caput Campaniæ. Capoue fut toujours une ville très-débauchée ; Tite-Live, L. XXIII, c. 4. Ciceron l’appelle le domicile de l’orgueil, & le siége de la débauche, Orat. 15, n. 96. Ce furent les délices de Capoue qui corrompirent Annibal & son armée, & qui sauvèrent les Romains. Jules César envoya une Colonie à Capoue quelque temps avant sa mort. Suétone le dit, C. 81. Vigenere traite exactement de cette Ville, dans son César & dans son Tite-Live. Capoue étoit une ville très-considérable, digne d’être comparée à Rome & à Carthage. Cicéron dit qu’autrefois elle passoit pour une seconde Rome. Aujourd’hui cette ancienne Capoue n’est plus qu’un village que les Italiens nomment S. Maria Magiore, ou delle Gratie, Sainte Marie Majeure, ou Sainte Marie des Grâces. On y voie de très-beaux restes de son ancienne splendeur.

La Nouvelle Capoue est encore la capitale de la Campanie, ou, comme on l’appelle maintenant, de la terre de Labour. Elle a un Archevêché qui fut érigé par Jean XIII en 968. Capoue a eu titre de Principauté, & l’on trouve des Princes de Capoue parmi les fils des Rois de Sicile. Capoue n’est pas aujourd’hui au lieu où étoit l’ancienne Capoue, mais à deux milles plus au Nord, à l’endroit où étoit autrefois Casilium. C’est le Comte Laudon, & l’Evêque Dandulphe qui l’y transportèrent. On peut consulter sur cette ville Cluvier, Ital. Ant. Lib. IV, p. 1174, & Leand. Descript. Ital. p. 164. Vigenere sur César & sur Tite-Live.

☞ CAPPA. Peuple de l’Amérique Septentrionale, dans la Louisiane, sur le bord occidental du fleuve Mississipi. On écrit aussi Kappa.

CAPPADOCE. Ancienne Province de l’Asie Mineure, qui a eu autrefois titre de Royaume. Cappadocia. La Cappadoce étoit bornée au nord par le Pont-Euxin, au levant par l’Arménie Mineure, & à l’Occident par la Galatie ; au midi le Mont Taurus la séparoit de la Cilicie. Pline, L. VI, c. 8. Strabon, L. XII. La Cappadoce avoit pris la Religion des Perses, auxquels elle avoit été soumise comme tout le reste de l’Asie Mineure. Tout y étoit plein de Mages, qu’on nommoit Pyrethes, c’est-à-dire, adorateurs du feu, des Pyrathées, qui étoient de grands espaces enfermés, au milieu desquels il y avoit un Autel, sur lequel les Mages conservoient le feu perpétuel, & le temple des Dieux de Perse, Strabon Liv. XV, & Vossius, De Idol. L. II, c. 9. Ils reçurent aussi des Perses le culte d’Anaitis ou Zaretis, qui étoit, selon quelques-uns, la Lune, & selon d’autres, Minerve ou Bellone. La Cappadoce nourrissoit beaucoup de chevaux, selon Solin, ch. 47, & de mulets, selon Homère ; & au rapport de Pline, Théophraste disoit que les mules étoient fécondes en Cappadoce, Strabon dit Livre XI, que les Cappadociens payoient tous les ans un tribut de quinze cens chevaux, & de deux mille mulets. Après la mort d’Alexandre, l’Asie Mineure & le Pont, obéirent à Antigonus. Ce Royaume périt avec Démétrius, fils d’Antigonus : quelques Provinces furent jointes aux États des Séleucides, les autres se firent des Rois. La Cappadoce fut de ces dernières, & ce Royaume subsista jusqu’au temps d’Auguste, que la Cappadoce fut réduite en Province Romaine. En 1204, Isaac Comnène, chassé de Constantinople par les François, établit là l’Empire de Trebizonde, qui a duré jusqu’en 1461, que David Calo-Jean, fut pris par Mahomet II.

Quelques Auteurs comprennent la petite Arménie dans la Cappadoce, & divisent tout ce pays en deux parties générales, l’Armenie Mineure & la Cappadoce propre. Celle-ci étoit encore divisée en deux grandes Provinces, la grande Cappadoce, qui étoit dans les