Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAQUEUX

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 248).
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CAQUEUX. s. m. plur. Il y a en Bretagne une certaine espèce de gens que le reste du peuple a toujours regardés avec une extrême aversion, prétendant que c’est un reste des Juifs, & qu’ils sont tous infectés de lèpre de père en fils. On les nomme Caqueux, Cacosus, & ils exercent ordinairement le métier de Cordier. Hevin, savant Jurisconsulte, a fait voir de nos jours, que cette aversîon étoit mal fondée, & a obtenu un Arrêt du Parlement en leur faveur ; mais il est difficile d’ôter cette prévention de l’esprit de la plupart des Bretons, Il y a même plus de 250 ans que les Evêques, dans la même prévention, ont ordonné que les Caqueux se tiendroient au bas des Eglises ; qu’ils ne baiseroient la paix qu’après tous les autres ; & leur ont défendu, sous peine de cent sols d’amende, de toucher aux vases de l’autel. Lobineau. Voyez Capot, & Cagot, & comparez ce que nous y avons dit avec ce que nous venons de rapporter des Caqueux. Voyez l’Hist. de Bret. tome I, p. 847. & tome II, p. 1610. Dans les Registres de la Chancellerie de Bretagne de 1475, il y a un mandement contre hommes & femmes nommés Caqueux, auxquels il est fait défense de voyager dans le Duché sans avoir une pièce de drap rouge sur leur robe, pour éviter le danger que pourroient encourir ceux qui auroient communication avec eux, pour ne les pas connoître. De plus, il leur est fait défense de se mêler d’aucun commerce que de fil & de chanvre, & d’exercer aucun métier que celui de cordier, & aucun labourage que de leurs jardins seulement, à peine de confiscation ; défense à tous sujets de leur vendre autre marchandise que fil & chanvre, & de leur affermer aucun de leurs héritages, à peine de confiscation & autres rigueurs. Lobineau. Tome II, p. 1350. Cette dernière défense est modérée pour les Caqueux de l’Evêché de Saint Malo, par une Ordonnance de 1477.