Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
CAN

de différentes couleurs ; mit sur le cou la tête d’une statue qu’on disoit être de Ménélas, boucha tous les petits trous avec de la cire, & dit aux Chaldéens que c’étoient là le Dieu Canopus, & qu’il auroit la victoire sur le Feu. Ils acceptèrent le défi. Il mit ce prétendu Dieu sur le Feu, qui venant à fondre la cire qui bouchoit les trous, toute l’eau tomba & éteignit le feu. Ainsi Canopus remporta la victoire, & de-là vint la mode de le représenter avec de forts petits pieds, & le corps tout semblable au ventre d’une cruche avec une tête d’homme. Voilà ce que dit Suidas, & qui se confirme par les figures de Canopus, qui se voient dans les cabinets des curieux. Le P. Kirker en a fait graver une dans son Œdip. Ægypt., Tom. I, p. 209. Le même auteur remarque qu’on le représentoit aussi quelquefois sous la forme d’un enfant avec une robe de réseau, & quelquefois sous celle d’Hermès ou de Mercure ; mais toujours le corps arrondi comme le ventre d’une cruche. On le représentoit aussi quelquefois par un vase comme une urne, sur laquelle étoit empreinte sa figure. Voyez Kirker, cité p. 110 ; quelquefois avec plusieurs mammelles au-lieu de trous, comme une Isis. Id. p. 211. Canopus étoit chez les Egyptiens, ce qu’étoit Neptune chez les Grecs & les Romains, c’est-à-dire, qu’il présidoit aux fleuves & à tout l’élément humide. Voyez le même auteur, p. 211. On croit que la figure qui se voit au revers d’une médaille de Néron, & qui n’est autre chose qu’une bouteille qui à la place du cou à une tête humaine voilée, & sur cette tête une fleur de lotus ; on croit, dis-je, que c’est la figure de Canopus.

Canopus ou Canope. Ville d’Egypte à 120 stades d’Alexandrie. Canopus. Il y avoit dans Canope un fameux temple de Sérapis. Canope passoit dans l’antiquité pour une ville très-débauchée. C’est le sentiment qu’en avoient Strabon, livre dernier, Juvénal, Sat.vi, v. 82 & xv, v. 44. Stace, Lib.III, Sylv. 2, v. 111, &c. On dit que le Poëte Claudien étoit de Canope. On prétend que cette ville fut bâtie par les Lacédémoniens ou par Ménélas, qui revenant de Troye avec Hélène, fut accueilli d’une furieuse tempête, & jeté sur les côtes d’Egypte. Tacite, Annal. L.I, c. 60, dit que son pilote, nommé Canope y mourut. Il bâtit une ville en sa mémoire, & à laquelle il donna son nom, y laissant tout ce qu’il avoit de gens inutiles pour la navigation. Les Grecs l’appellent Κάνωβος, Canobus, Canobe. On peut voir ce qu’en disent Mêla, L. II, c. 7, Solin, c. 34. Ammien Marc. L. XXII, & Strabon, Liv. XVII. Théophile d’Alexandrie s’opposa fortement aux débordemens des habitans de cette ville, & détruisit les lieux qu’ils regardoient comme les plus sacrés. Zozime s’en plaint dans le Liv. III de son Hist. Il y avoit à Canopus une école célèbre, où étoit la source de toute la Théologie Egyptienne, & où l’on enseignoit les lettres sacrées, ou les hiéroglyphes. Voyez Kirker, Œd. Æg. tom. I, p. 208 & p. 16, où il dit, après Abulfeda, que Canopus est Rosette. Voyez aussi Strabon. Canope avoit donné son nom au bras du Nil le plus occidental. Souvent aussi Canope en Poësie signifie l’Egypte. On croit que Canope étoit la ville qui fut depuis appelée Bochir, Bouquir ou Bicchieri, entre Rosette & Alexandrie. M. Tillemont prétend, dans sa note 42e de son premier tome de l’Hist. des Empereurs, que Canope ou Canobe étoit sous l’Evêché de Squedie. Voyez Vigenere dans son César.

Canopus, est aussi le nom d’une étoile de l’hémisphère méridional. Canopus. Vitruve, Liv. IX, c. 7. dit que le Canopus est l’étoile qui est au bout du gouvernail dans la constellation du navire Argo. Le Canopus ne se voit ni en Grèce ni en Italie. Ceux qui de Grèce font route au sud, commencent à l’appercevoir à l’île de Rhodes, dit encore Vitruve au même endroit ; c’est-à-dire, qu’on ne le voit que vers le 36e degré de latitude nord. Pline, Liv. VI, ch. 22, l’appelle un astre grand & brillant. Sidus ingens & clarum ; & Proclus, λαμπpός άστήρ . C’est en effet une étoile de la première grandeur, qui dans les tables de Boyer, est à l’endroit où le gouvernail entre dans l’eau. Hygin l’appelle τήν ἔσχατην τοῦ ποταμοῦ, la dernière étoile du fleuve. On l’appelle aussi Ptolemæus, Ptolemæon, Terrestris, Ponderosa, Suhel & Sihel. Boyer. Uranomet. Tab..

☞ CANOSA ou CANOSE. Ville du Royaume de Naples, dans la province de Bari. Elle fut renversée par un tremblement de terre en 1694.

CANOT. s. m. Petit bateau dont se servent les Indiens, fait tout d’une pièce d’un tronc d’arbre creusé. Cymbula. En l’Île de Cuba ils les font de cèdre, & il y en a de si longs, qu’ils tiennent 50 ou 60 personnes. Ils sont faits comme des navettes de tisserand. Il y en avoit plus de cent mille sur le lac de Mexique, à ce que dit Herrera. Il y a aussi des canots de Sauvages & des canots d’écorce. Ce sont de petits bateaux faits seulement d’écorce d’arbre, dont se servent les Sauvages de l’Amérique septentrionale. Ceux de Canada les font d’écorce de bouleau, & assez grands quelquefois pour contenir quatre eu cinq personnes. On dit canot jaloux ; pour dire un canot qui a le côté foible.

Canot, est aussi un petit bateau pour le service d’un grand bâtiment ; on s’en sert pour aller d’un vaisseau à l’autre, ou d’un vaisseau à terre. Il va à rames & à voiles.

On se sert de canots dans les sucreries & rafineries, pour achever de faire refroidir le sucre avant que de le mettre dans les bariques. Ils sont de bois & tout d’une pièce : on les appelle aussi des auges.

Canot. Oiseau. Voyez Chat-huant.

☞ CANOVIA. Petit pays de la Haute-Albanie, entre le golfe de Drin & la ville de Scutari.

☞ CANOURGUE. Petite ville de France, dans le Gevaudan, aux confins du Rouergue.

CANQUE. s. f. Espèce de toile de coton, qui se fabrique à la Chine. C’est de cette toile dont les Chinois font leur premier habillement, qui est proprement la chemise chinoise.

CANQUETER. v. n. C’est le terme dont on se sert pour exprimer la manière de crier des canes qui sont les femelles des canards. Rien n’est plus désagréable que d’entendre canqueter les canes, principalement quand elles sont en troupes. Leur ton nazard est assommant. Les Latins exprimoient notre canqueter par letrinire.

☞ CANSCHY. s. m. Nom d’un arbre fort gros, dont l’écorce sert au Japon à faire une espèce de papier. Acad. Fr.

☞ CANSTAT, Petite ville d’Allemagne, dans le Cercle de Suabe, sur le Necker, au Duché de Vurtemberg.

CANSTRISE ou CANSTRINSE. s. m. Canstrisius, ou Canstrensius. Nom d’office dans l’Eglise de Constantinople. C’étoit le Canstrise, qui avoit soin des habits pontificaux du Patriarche, qui l’aidoit quand il s’habilloit, & qui pendant la messe tenoit la boîte à l’encens. Il tenoit aussi le voile du calice, & aspergeoit le peuple d’eau bénite pendant qu’on chantoit l’hymne de la Sainte Trinité. Il avoit aussi place dans les jugemens.

Ce nom vient de Canistrum, nom que l’on donnoit ou à la boîte à l’encens, que nous nommons aujourd’hui navette ; où à la corbeille où étoient les habits du Patriarche. Voyez Codin, pag. 1, 6, p. 5, 6, p. 13 & 164, les Notes de Grester 6, & du P. Goar 6. Les Macri en parlent aussi.

CANTABRE. Ancien peuple d’Espagne. Cantaber. Les Cantabres occupoient la plus grande partie de ce que nous appelons aujourd’hui Biscaye, & une partie des Asturies. Ils avoient au levant les Autrigons, & au couchant les Astures. Leur capitale étoit Cantabria ou Cantabriga, dont les ruines qui portent encore le nom de Cantabria, se voient sur une montagne de même nom, sur l’Ebre, vers les frontières de la Navarre. M. de Marca dit que l’espace de pays qu’occupoient les Cantabres doit être pris