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dance, ni avec facilité. La nature a donc dû épargner aux poumons le passage de la plus grande partie de la masse du sang. Pour cela elle a percé le trou ovale, afin que du sang de la veine cave reçu dans l’oreillette droite, une partie s’écoulât par ce trou dans l’oreillette gauche à l’embouchure des veines du poumon, & par-là se trouvât, pour ainsi dire, aussi avancée que si elle avoit traversé le poumon. Ce n’est pas tout : le sang de la veine cave qui de l’oreillette droite tombe dans le ventricule droit, étant encore en trop grande quantité pour aller dans le poumon, où il est poussé par l’artère pulmonaire, le canal de communication, en intercepte une partie en chemin, & le verse immédiatement dans l’aorte descendante, où il se trouve encore comme s’il avoit traversé le poumon. Acad. des Sc. 1699, p. 26, hist. C’est-là le sentiment de Harvée & de Lawes, que M. Taury & M. Duverney ont aussi défendu contre M. Méry.

En termes de Marine, canal de l’étrave est le bout creusé ou cannelé de l’étrave, sur quoi repose le beaupré quand on n’y met point de coussin.

Canal, en termes de Manège, se dit de la concavité qui est au milieu de la mâchoire inférieure de la bouche du cheval, qui est destiné à placer la langue, & qui se termine aux dents mâchelières. C’est dans ce canal que croissent les barbillons.

Canal, en termes d’Architecture, se dit d’une partie du chapiteau Ionique, qui est un petit creux en forme de canal, qui regne au-dessous du tailloir tout le long des circonvolutions de la volute, renfermées par un listel. Canaliculus. Canal de larmier, c’est le plafond d’une corniche, qui fait la mouchette pendante. Canal de volute, c’est dans la volute Ionique la face des circonvolutions renfermées par un listel.

Canaux, sont aussi des cannelures sur une face, ou sous un larmier, qu’on nomme aussi portiques, & qui sont quelquefois remplies de roseaux, ou de fleurons. Striatura. On appelle aussi canaux, les cavités droites, ou torses, dont on orne les tigettes des caulicoles d’un chapiteau.

Canal, Terme de Méchanique, ou creux autour d’une poulie. C’est la cannelure qui règne auront du rouet d’une poulie.

Canaux de l’youli, à Amsterdam, sont des canaux fort profonds, qui ont été faits proche des quais. C’est là que sont les gros vaisseaux marchands : ils y sont à couvert des voleurs, des orages, des glaces.

Les Maçons appellent aussi canal, le tuyau de plomb qui sert à conduire les eaux pluviales depuis le toit jusqu’en bas. Aquæ pluviæ emissarium, vomitorium. Ils appellent canal de cheminée, le tuyau par où sort la fumée. Tubus camini. Pomey.

Canal, est aussi, en termes d’Arquebusier, le creux qui est sous le fût d’un fusil, d’un pistolet, &c. où se met la baguette. Tubus catapultœ.

Canaux, en termes de Conchyliologie, ce sont des espaces étroits & longs, que l’on voit sur les coquilles.

Canal de l’ensuple. C’est dans les Manufactures de soie, une cannelure où se place la verge attachée à la queue de la chaine.

☞ C’est aussi un morceau de bois, en forme de tuile creuse, qui s’applique sur l’ensuple même, pour garantir l’ouvrier des points d’aiguille qui arrêtent l’étoffe dans le velours ciselé.

CANAMELLE ou CANAMELLA. s. f. C’est le nom que les François ont donné aux cannes à sucre. Voyez Canne à sucre. La Canamella n’est pas la seule plante qui produit du sucre ; on en tire à Quebec une grande quantité des cotonniers. On en tire en Canada de l’érable du pays. Plusieurs autres arbres en rendent encore, comme le sicomore, & l’oranger sauvage. Lemery. La Canamelle est un nom françois, qui est composé du latin Canna, & de mel, comme qui diroit canne miellée. Idem.

CANAN. s. m. Mesure des liquides, dont on se sert dans le Royaume de Siam. Les Portugais l’appellent choup. Le canan tient environ deux pintes de Paris.

CANANÉEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de quelqu’une des villes appelées Cana. Cananœus, a. Matth. X, 4. Simon le Cananéen, Bouch. Si c’est là un nom de lieu, il ne faut point le confondre avec Chananéen, ni l’écrire par une h, comme a fait le Port-Royal ; car quand il est ainsi écrit, il signifie un descendant de Chanaan ; au lieu que sans h, il veut dire un homme de la ville de Cana. Il est vrai que S. Luc en fait un nom appellatif, & le traduit ζηλωτής, zélé ; mais en ce sens il vient de קנא, & il n’y faut pas plus d’h qu’au premier. Il est vrai encore que quelques bibles latines écrivent en S. Matthieu, X, 4. Chananæus ; mais c’est manifestement une faute, puisqu’en S. Marc où le même nom, Simon le Chananéen, se trouve, ces bibles-là même écrivent Cananœus sans h, en saint Marc III, 28, & les exemplaires Grecs ont tous ou Κανανιτης, ou Καναναίος, & dans l’édition Romaine de 1592, qui est de la correction de Clément VIII, on a mis Cananœus sans h, en S. Matthieu, comme en saint Marc. Quelques Interprètes, si l’on en croit Malvenda, ont prétendu que la femme dont parle S. Matth. XV, 22, étoit Cananéenne, & non pas Chananéenne : ce sentiment n’est point suivi, & ne doit point l’être. L’Evangile écrit Chananœa, le grec χαναναία, & S. Marc, VII 25, l’appelle Gentile, & Syrophénicienne d’origine ; la réponse que lui fit Jesus-Christ montre qu’elle n’étoit point Israélite, ni d’une ville qui dépendît des Juifs.

CANANGE. s. f. Canangœ oleum. Hoffman, Observ, Physico-Chym. parle de cette huile qu’on nous apporte des Indes, comme d’une liqueur fort rare. Il nous apprend, Medic. Rat. syst, vol. 1, sect. 2, cap. 6, que les Indiens la tirent par la distillation des fleurs du tilleul. Je ne crois pas qu’il soit parlé ailleurs de cette huile.

☞ CANANOR. Petit Royaume de la presqu’Île de l’Inde d’en deçà le Gange, avec ville de même nom sur la côte de Malabar, aux frontières du Malabar & du Canara.

CANAPÉ. s. m. Espèce de chaise, ou de lit de repos à dossier fort large, où plusieurs personnes peuvent s’asseoir ensemble.

Canapé, terme de rafineur de sucre, est une espèce de chaise de bois sur laquelle on met le bassin, lorsqu’il est question de transporter la cuite du rafraîchissoir dans les formes.

CANAPSA. s. m. Sac que portent les pauvres Soldats ou voyageurs sur le dos, attaché avec des bretelles, où toutes leurs hardes sont contenues. Mentula, capsula. On dit, il a porté le canapsa ; pour dire, il a été goujat.

Ce mot selon Ménage, vient de l’allemand knabsak, qui est composé de sac &c de knab, qui signifie toutes sortes de choses séches, bonnes pour manger.

CANARA. Grand pays ou Royaume d’Asie, dans l’Inde, en deçà du Gange, sur la côte de Malabar. Ce Royaume en comprend quatre autres, savoir Onor, Batecala, Bandel & Cananor.

☞ CANARD. s. m. Oiseau aquatique, dont la cane est la fémelle. Anas. Les canards, selon Belon, sont de deux espèces, les grands & les petits. On doit les distinguer ainsi en grands & en petits, & non pas en sauvages & en domestiques, puisque les canards domestiques sont venus originairement des œufs de canards sauvages.

Les canards sauvages gardent toujours la même couleur mais les privés sont de plusieurs façons. Les mâles sont plus gros que les femelles. Ils ont toujours quelques plumes au-dessus du croupion, qui est retroussé en rond. La femelle est grise,