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que temps après qu’il a été coupé, il devient noir, & si on le met dans l’eau, il la teint en noir, & on peut s’en servir pour écrire. Ce bois est extrêmement pesant ; il brûle très-bien, & fait un feu clair & de longue durée.

CAMPEMENT. s. m. L’action de camper, & le camp même. Castrorum metatio. La grande science d’un Général, c’est de bien savoir ses campemens. Les bons campemens doivent avoir la commodité des eaux & des fourrages, & les facilités de se couvrir & de se retrancher.

☞ CAMPEN. Ville des Pays-Bas, dans la Province d’Over-Issel, près de l’embouchure de l’embouchure de l’Issel, à cinq lieues de Deventer. Campi & campena.

CAMPENSES. s. m. pl. Qui s’est dit dans le IV siècle des Catholiques d’Antioche de la communion de S. Méléce. Campenses. Ce nom est Latin & signifie qui est dans la campagne, Campagnard ; mais il convient peu, & l’on ne sait comment traduire en François Campenses ; de sorte que nos Auteurs conservent le mot Latin. On les appelle aussi Campites. Les Catholiques de la communion de S. Méléce avoient été chassés de leurs Eglises ; ils s’assembloient donc auprès de la montagne voisine d’Antioche. Toutefois on envoya des soldats pour les en chasser, & ils s’assemblèrent au bord de l’Oronte, d’où étant chassés, ils allèrent au champ des exercices & de-là leur vint le nom de Campenses, que leur donnèrent ceux de la communion de Paulin. Fleuri.

Ce mot vient de Campus, champ.

☞ CAMPER. Ville des Indes, dans l’Île de Sumatra près de la ligne, à l’entrée du détroit de Malaca, capitale d’un Royaume qui porte son nom.

☞ CAMPER. v. a. Se dit d’un Général qui distribue son armée en quelque endroit, pour y rester un ou plusieurs jours. Ce Général a Campé son armée devant une telle ville ; s’est Campé avantageusement.

Camper. Est aussi neutre, & se dit de l’armée qui s’arrête en quelque lieu pour y rester un ou plusieurs jours. Castra ponere, collocare, metari. Les Romains campoient toute l’année. Du temps de Papirius, les Romains ne savoient encore ni se poster, ni camper dans aucun ordre : ils apprirent à former leur camp sur celui de Pyrrhus ; auparavant ils avoient toujours campé en confusion. S. Evr. Les deux armées campoient vis-à-vis l’une de l’autre. César alla camper un peu plus loin de)là. Voyez Camp.

Camper se dit encore de ceux qui n’ont point de logis certain, & qui vont coucher aujourd’hui dans une maison & demain dans une autre. Expression familière. Cet homme ne fait que camper.

☞ Se camper, en style de conversation, signifie la même chose que se placer. Se camper dans un fauteuil.

☞ Se camper, signifie aussi se placer d’une certaine manière sur ses pieds. Ce danseur se campe bien.

☞ On le dit aussi chez les maréchaux. Se camper pour uriner, en parlant d’un cheval guéri d’une maladie, où il n’avoit pas la force de se mettre dans la situation ordinaire aux chevaux qui urinent. Encyc.

Se camper bien, se dit au figuré d’une personne qui prend bien ses mesures, qui prévoit tout, qui pourvoit à tout : & dans un sens contraire, on dit qu’elle est mal campée. Bon pour le style familier.

CAMPÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe.

On dit qu’un homme est bien campé sur ses jambes, quand il est dans une posture ferme & assûrée, convenable aux exercices qu’il veut faire, comme de sauter, lutter, de faire des armes. Eximio habitu & statu reco esse. Ce mot & son verbe camper, sont fort en usage chez les maîtres d’armes.

CAMPERCHE. s. f. Les Basse-lissiers, ou ouvriers en tapisseries de basse-lisses, appellent Camperche, une barre de bois qui traverse leur métier & qui soutient les sauteraux, où sont attachées les cordes des lames.

CAMPESTRE. s. m. Habillement des soldats Romains. Campestre. C’étoit, dit Vigenere sur Tite-Live, tom. p. 955, certain brayer, ou tablier ceint auprès du nombril, & pendant jusqu’aux genoux, comme des mariresques amples & courtes, tel à peu près que celui que portent les Arméniens, ou quelques artisans, & aujourd’hui les Brasseurs, au moins à Paris. Les soldats s’en servoient pour se couvrir les parties honteuses dans leurs exercices. Voyez Acron sur l’onzième Epitre du premier Liv. d’Horace. Il dit aussi, qu’il étoit mince, délié, tenue.

Ce mot vient de campus, champ, parce que les soldats prenoient le campestre pour faire leurs exercices, & que le lieu où ils le faisoient, s’appeloit campus, champ. Quelques-uns disent campestre, ou campeste ; & proprement ni l’un ni l’autre n’est françois, quoiqu’on s’en serve. Le mot françois est Tonnelet, & il semble qu’il seroit mieux de s’en servir, & de ne donner une forme françoise aux mots latins, que lorsqu’il n’y en a point de françois qui leur réponde. Voyez encore Tonnelet.

☞ CAMPHORATA. s. f. Plante. Voyez Camphrée.

CAMPHRE. s. m. d’Herbelot fait camphre féminin. Tous les Auteurs le font masculin. Camphora. Les Arabes appellent cafur le camphre, qui est une gomme blanche & odoriférante, que l’on tire d’un arbre assez semblable au Saule, si ce n’est qu’il est plus noir. d’Herb. L’arbre qui produit le camphre se trouve en grande quantité dans le pays des Nègres. Idem. Le camphre est la gomme d’un arbre qui croît aux Indes dans les montagnes maritimes, & dans l’Île de Borneo, lequel est de telle hauteur & largeur, qu’un escadron de cent hommes pourroit demeurer dessous à l’ombre, & on en fait de grands coffres qui viennent du Japon. Camphora. On dit qu’il sort en plus grande abondance durant la tempête, & les tremblemens de terre. Il découle de cet arbre comme une gomme. Il y en a de plusieurs sortes : car on en trouve un entre les veines du bois, & un autre qui sort par l’écorce rompue, en forme de résine, & demeure attaché à l’arbre. Il est rouge d’abord, & devient blanc, ou par la chaleur du Soleil, ou à force de feu. Il y en a un de couleur brune & obscure, qui est moins estimé. Il y a aussi un camphre en rose, qui n’a point passé par le feu, & un autre qui a été purifié & blanchi, & fait par sublimation. Le camphre est si subtil, que souvent de soi-même il se résout en fumée. Il est si odorant, que sur les lieux on s’en sert au lieu d’encens. Les Princes de l’Orient se servent de cette précieuse gomme mêlée avec de la cire pour éclairer leurs Palais pendant la nuit. Saasi, pour marquer le caractère d’un prodigue, dit que celui qui allume des chandelles de camphre pendant le jour, se met en danger de n’en avoir pas de suif pour s’éclairer pendant la nuit. D’Herb. Pour être bon, il doit être blanc, pur, reluisant, transparent, de forte odeur ; & il faut qu’il devienne mouillé, quand on le met sur un pain chaud : il est amer.

On a trouvé depuis peu en Ceylan, que la racine de l’arbre de cannelle produit d’aussi bon camphre qu’aucun au Japon, ou de la Chine, comme témoigne l’Histoire de la Société d’Angleterre. Quelques-uns, comme Fuchsius, croient que c’est un bitume des Indes.

Ce mot vient de l’hébreu caphor.

On fait du camphre artificiel avec de la sandaraque & du vinaigre blanc distillé, qu’on met durant 20 jours dans le fumier de cheval, & qu’on laisse après au Soleil pendant un mois pour sécher ; & on trouve le camphre fait comme une croûte de pain blanc, qu’on appelle autrement gomme de genèvre, vernis blanc, ou mastic bien pulvérisé. La Chimie ne travaille point sur le camphre, puisqu’il surmonte en pureté, en subtilité, en volati-