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CAL

Calédonien, enne. adj. Qui appartient aux Calédoniens, ou au pays des Calédoniens. Caledonius, a. La forêt Calédonienne. Sylva Caledonia. Elle s’étendoit dans les Provinces de Mentheit, & de Sterling, & coupoit la montagne Grampe, aujourd’hui Grandzbaine, par la moitié, tirant de l’Est à l’Orient. Larrey. L’Océan Calédonien, Oceanus Caledonius, ou Deucaledonius, c’est la partie de l’Océan septentrional, qui s’étend depuis les côtes septentrionales de l’île de la Grande Bretagne, jusqu’aux côtes méridionales de l’Islande.

CALÉFACTION. s. f. Terme didactique. Chaleur causée par l’action du feu. Calefactus, iis. On l’emploie particulièrement en Philosophie, & en termes de Pharmacie, où l’on fait différence de la caléfaction d’avec la coction. Celle-là se dit des choses qu’on chauffe seulement sans les cuire.

☞ CALEMAR. Voyez Calmar.

Calemar. Poisson. Voyez Calmar.

CALEMENT. s. m. Calaminta. Cette plante est aromatique. Ses racines sont vivaces, branchues, chevelues, & n’ont presque point d’odeur ; elles donnent des tiges carrées, hautes de deux pieds, branchues, un peu velues & garnies de feuilles opposées, longues d’un pouce ou un pouce & demi sur un peu moins de largeur, légèrement velues, dentelées sur leurs bords, d’une odeur forte & aromatique, & soutenues par des queues assez courtes. De leurs aisselles sortent des pédicules branchus, terminés par des fleurs purpurines en gueules divisées en deux lèvres, dont la supérieure est arrondie & fendue en deux, & l’inférieure est partagée en trois. Chaque fleur a son calice, qui est un tuyau long d’environ quatre à cinq lignes, vert & dentelé à son extrémité. Il contient quatre semences dans son fond. Ce genre renferme plusieurs espèces ; celle-ci est nommée par Gaspar Bauhin, Calaminta vulgaris, vel Officinarum Germaniœ. On peut à son défaut employer celles des autres espèces qui ont une odeur aromatique. Le Calement entre dans la Thériaque.

CALENCAS. s. m. Toile peinte qui vient des Indes & de Perse. C’est la plus estimée de toutes les Indiennes ; aussi son nom signifie-t-il faite avec la plume, pour la distinguer de celles qui ne sont que simplement imprimées. Il s’en fait un grand négoce à Smyrne.

CALENDA. s. m. C’est le nom d’une danse qui est en usage parmi les Espagnols de l’Amérique. Les postures & les mouvemens de cette danse sont si lascifs, qu’ils choquent toutes les personnes qui ont de la pudeur. Elle se fait au son du tambour. Une file d’hommes d’un côté & une file de femmes de l’autre viennent à la rencontre les uns des autres, puis reculent & se rapprochent plusieurs fois, jusqu’à ce qu’un certain son de tambour les avertisse de se joindre, ce qu’ils font en se frapant les cuisses les uns contre les autres, c’est-à-dire, les hommes contre les femmes, avec une posture indécente. Il semble que ce soit des coups de ventre qu’ils se donnent : cependant il n’y a que les cuisses qui supportent ces coups, mais les mouvemens n’en sont pas moins luxurieux. Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans cette danse, c’est qu’elle entre jusque dans leurs dévotions. Le P. Labat qui en fait la description, dit qu’ils la dansent dans leurs églises & à leurs processions, & que les Religieuses ne manquent guère de la danser la nuit de Noël sur un théâtre élevé dans leur chœur, vis-à-vis de leur grille, qui est ouverte, afin que le peuple ait sa part de la joie qu’elles témoignent pour la naissance du Sauveur. Il est vrai qu’elles la dansent entre’elles, & sans y admettre des hommes ; mais les postures & les mouvemens sont toujours les mêmes, & ne peuvent manquer de réveiller l’idée du plaisir, & de faire impression sur les Spectateurs.

CALENDAIRE. s. m. Espèce de ver qui ronge le froment.

Calendaire. s. m. C’est le nom d’un registre que l’on conservoit dans les Eglises, où l’on inscrivoit le nom des bienfaiteurs & le jour de leur mort. On y enregistroit aussi la mort des Abbés, Prieurs & Religieux. C’est la même chose que le Nécrologe.

CALENDER. s. m. Nom d’une espèce de Derviches, ou Religieux de Perse & de Turquie. Calenderus. Les Calenders tirent leur nom de Santon Calendri leur fondateur. C’est une secte d’Epicuriens, plutôt qu’une société de Religieux. Ils ne s’adonnent qu’aux plaisirs, ne croyant pas qu’un cabaret soit un lieu moins saint qu’une mosquée. Comme ils ne sont pas moins voleurs que débauchés & charlatans, pour ne les point recevoir dans les maisons, on a bâti de petites chapelles proche des mosquées, où on les oblige de se retirer. Malgré tous leurs vices, outre le nom de Calenders, on leur donne encore celui d’Abdallas, c’est-à-dire, serviteurs de Dieu. Castel dit que ce n’est qu’en Perse qu’on leur donne ce beau nom. Voyez d’Herbelot à ce mot & Vigenère dans ses Descript. des Magistrats & Officiers Turcs, p. 23, où il les représente comme très-austères, au moins en apparence.

Ce nom כלנדר, Calender ; selon Meninski, signifie un solitaire, un Moine Mahométan, ou bien un vagabond, qui se rase la barbe & les cheveux. Castel dit qu’il signifie un homme qui renonce au mariage, à sa famille, à tout ; Meninski admet encore cette signification. Ainsi, selon Castel, il vient de קל, mis apparemment pour כל, tout, & אנדר, quatrième conjugaison arabe de נדר, dans laquelle il signifie ôter, retrancher. Calender est celui qui se retranche tout, & je ne vois pas où les Auteurs du Moréri ont pris que les Calenders ont été appelés Kalanderans, parce qu’ils mangent tout ce que leurs Auditeurs leur donnent, & prennent tout l’argent qu’on leur présente. Je ne trouve rien dans les langues orientales qui conduise à cette interprétation ou à cette étymologie.

CALENDES. s. f. C’est ainsi que les Romains nommoient le premier jour de chaque mois. Calendæ. On se sert encore aujourd’hui dans la Chancellerie Romaine de cette façon de compter, & on y date toutes les provisions des Bénéfices, des Calendes de Janvier, de Février, quand on les accorde les premiers jours de ces mois-là. C’étoit aux Calendes de Mars que les Romains avoient coutume de faire leurs contrats, parce que l’année avoit commencé par ce jour-là, lorsque les Romains ne donnoient que dix mois à leur année.

Ce mot est venu du latin calare, parce que le jour des Calendes, qui étoit le premier jour du mois, le Pontife publioit à haute voix quel jour seroient les Nones, ou le cinq ou le sept du mois ; ou plutôt, parce que dans les commencemens le petit Pontife avoit la charge d’observer quand le croissant de la lune commençoit à paroître, pour l’annoncer au peuple, ce qu’ils appeloient calar. Macrob. L. I, ch. 15 & 16. Calare venoit apparemment du grec καλέω, voco, qui vient de l’hébreu קול, voix, d’où s’est fait en arabe קל, Cala, c’est-à-dire, parler. Les Calendes étoient dédiées à Junon, selon Varron. C’étoit un jour fatal pour les débiteurs, parce que le terme des contrats expiroit ce jour-là ; c’est pourquoi Horace les appelle tristes & incommodes. On les comptoit en rétrogradant, en sorte que le 14, Décembre étoit marqué le 19 avant les Calendes de Janvier. Voyez Mois. Pour trouver le quantième que nous avons des Calendes, il faut voir quel nombre de jours il reste au mois dans lequel on est, & ajouter deux à ce nombre. Par exemple, si l’on est au 22e d’Avril, on est au 10e des Calendes de Mai, car Avril a 30 jours ; de 30, otez 22, reste 8 ; ajoutez 2, reste 10.

Quelques Grecs ignorans ne voyant pas d’où venoit ce mot imaginèrent que sous un des Antonins, ils ne disent pas lequel, il y eut une grande famine à Rome ; que trois hommes, nommés Calendus, Nonus & Idus, nourrirent la ville, l’un pendant dix-huit jours, & l’autre pendant huit, & le troisième