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BOU

En ce sens Guichard dérive ce mot de דבורה, debora, mot qui signifie une abeille ; faisant une transposition בורדה, boreda, d’où bourdon, vespa, sucus, a été formé en françois, si on l’en veut croire. Mais apparemment c’est le bruit que font ces insectes qui leur a fait donner ce nom.

Bourdon, est aussi le jeu de l’orgue qui fait la basse, qui a le son le plus creux, & qui a les plus gros tuyaux. Ordo tuborum soni gravioris. Le bourdon est un des principaux jeux de l’orgue. Il est de bois & bouche. Il est accordé à l’unisson avec la montre. Il y a un second bourdon qui est de quatre pieds quand il est bouché, ou de huit pieds quand il est ouvert, fait en forme de flûte, qui est à l’octave de la montre ou du premier bourdon ; il peut être d’étain ou de bois. Matthieur Paris témoigne que ces tuyaux ont été appelés burdones, à cause qu’ils ressemblent aux bourdons des Pélerons. On le dit aussi des basses de quelques autres instrumens, comme des deux flûtes ou chalumaux des cornemuses & des musettes, dont le vent ne sort que par la pate. Notre bourdon ou basse répond à la note que les Grecs appeloient προσλαμϐανόμενος. Les Anciens avoient de grosses flûtes, faites en forme de bâton, qu’ils appelloient bourdon, d’où sont venus ces termes de Musique, parce que ces sons creux & bas imitent le bourdonnement des mouches.

Faux-Bourdon, est une Musique simple qui se chante note contre note, & qu’on appelle aussi simple contrepoint, à la différence du contrepoint figuré, qui subdivise les notes en croches & en doubles croches. Rudior musicorum concentus. Les Italiens nomment encore faux-bourdon une certaine harmonie produite par l’accompagnement de plusieurs sixtes de suite, qui fait entendre plusieurs quartes entre deux parties supérieures, parce que la troisième de ces parties est obligée de faire plusieurs tierces avec la basse. Brossard.

On appelle aussi bourdon, la grosse cloche de Notre-Dame de Paris.

Bourdon, s. m. Espèce de poire de la fin de Juillet, qui pour la grosseur, la qualité de sa chair, de son goût, de son parfum & de son eau, aussi-bien que par le tems de sa maturité, ressemble à-peu-près au Muscat Robert, & n’en est guère différente que par la queue, qu’elle a plus longue. La Quint.

Bourdonasse. s. f. Espèce de lance dont on se servoit à la guerre. Mém. de Comines, L. 8. c. 6. p. 518.

BOURDONNANT. L’oiseau bourdonnant est un oiseau de l’Amérique qui a le plumage fort joli, & qui n’est que de la grosseur d’une des plus grosses guêpes. Il a le bec noir, & aussi délié que la pointe d’une aiguille fine, avec des jambes & des pieds proportionnés au reste du corps. ☞ Quand il vole, il ne bat point des ailes comme les autres oiseaux, mais il les tient étendues, dans un mouvement égal & continuel, comme les abeilles & les autres mouches, dont il a le bourdonnement continuel quand il vole. Il se meut avec beaucoup de vîtesse, & cherche les fleurs & les fruits. Il y en a de deux ou trois sortes, mais tous fort petits. Ils n’ont pas tous le même plumage. Les plus gros sont noirâtres.

BOURDONNÉ. ée, adj. Terme de Blâson, qui se dit des croix garnies aux extrémités de pommes ou bâtons semblables à ceux des Pélerins, ou dont les branches sont tournées, & arrondies en bourdons de Pélerins. On les appelle plus ordinairement pommetées. Globatus. Les Prieurs mettent aussi des bourdons ou bâtons derrière l’Ecu de leurs armes, pour marque de commandement, comme les Abbés des crosses.

☞ BOURDONNEMENT. s. m. Bruit que font les bourdons & autres insectes de cette nature, bulbus, bumbitatio. Le bourdonnement des abeilles, des grosses mouches, des hannetons.

☞ Dans le figuré, on le dit du bruit confus que les hommes sont sans prononcer de voix articulées ; ce qui pour l’ordinaire, n’est pas un signe d’approbation. Bumbus, murmur cœcum. A peine eut-il cessé de parler, qu’on entendit un bourdonnement universel dans l’assemblée.

Bourdonnement se dit encore d’un bruit qui se fait entendre dans les oreilles, tel que celui que fait une mouche en volant, & quelquefois tel que feroit le tintement d’une chose. Voy. Tintement. Bombus. On entend quelquefois ce bourdonnement à la suite d’une longue maladie. Il peut être causé ou par une grande chaleur, ou par une trop grande abondance du sang & des humeurs. Ce n’est pour l’ordinaire qu’une indisposition passagère. S’il est habituel, il annonce quelque embarras.

BOURDONNER. v. n. Faire un bruit sourd tel que font les bourdons. Bombum edere, bombilare. Il n’y a rien de plus importun qu’une mouche qui bourdonne aux oreilles.

Le moindre bruit éveille un mari soupçonneux,
Qu’à l’entour de sa femme une mouche bourdonne,
C’est cocuage qu’en personne, &c. La Font.

Bourdonner, se dit figurément d’un murmure ou d’un bruit confus. Strepere, murmurare, susurrare. J’ai entendu bourdonner quelque chose de cette nouvelle, mais je n’en ferais pas le détail. Il est vieux. ☞ Il se dit plus particulièrement du bruit sourd & confus de plusieurs personnes qui désapprouvent ce qui a été dit ou fait. Sa harangue finie, on entendit bourdonner l’assemblée.

BOURDONNET. s. m. Terme de Chirurgie. Les Bourdonnets sont de petite rouleaux de charpie, en forme d’un noyau d’olive. On s’en sert pour arrêter le sang qui coule d’une plaie, pour tenir une plaie dilatée, pour y porter des médicamens, & pour en absorber le pus. Voyez M. Dionis.

BOURDONNIER. s. m. qui porte un bourdon, un long bâton fait au tour. De l’usage observé par les Pélerins, & ceux qui entreprenoient les voyages d’outre-mer, de porter des bourdons, les hérétiques Albigeois prirent sujet de se railler des Croisés qui avoient entrepris de les combattre, en les appelant bourdonniers, ainsi que nous apprenons du Moine de Vaux de Cernai, ch. 62. Bourdonarios autem vocabant peregrinos, eò quùod baculos deferre solerent, quos linguâ communi Burdones vocamus... Du Cange, Disert. XV. sur Joinville, p. 237.

BOUREAU. Voyez Bourreau.

BOURG. s. m. Gros Village qui a une Paroisse, une Foire & un Marché. Vicus, Pagus. Quelques-uns le restreignent aux lieux qui ne sont fermés ni de murs, ni de fosses. D’autres au contraire, comme Messieurs de l’Académie veulent que ce soit un gros villager fermé de petites murailles ; ☞ Mais ce ne sont point les murs qui distinguent le bourg d’avec la ville ; puisqu’ils y a des bourgs murés & des villes sans murailles. Ce n’est point non plus la quantité plus ou moins grande de maisons ; car il y a de très-grands bourgs & de très-petites villes. La distinction de la ville & du bourg est fondée sur les droits de bourgeoisie & sur les priviléges dont jouissent les habitans d’une ville, & dont ne jouissent pas ceux du bourg. Le bourg releve presque toujours d’une ville, & jamais la ville d’un bourg. Ces observations peuvent servir à rendre plus claires, ou à rectifier les idées que nous attachons aux mots de bourg, village, hameau.

Le hameau est un assemblage de quelques maisons seulement, sans église paroissiale, ni juridiction locale.

Le village, plus grand que le hameau, a une église desservie par un Curé, souvent une espèce de juridiction subalterne, comme d’un Bailli, souvent une foire tous les ans, le jour de la dédicace de l’église ou de la fête du patron. Les habitans du village sont paysans, laboureurs.

Le bourg, plus grand que le village, a une paroisse & quelquefois une espèce de magistrature, &, outre la foire annuelle, un marché à certains