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CAH — CAI

pauvre homme est obligé de fesser le cahier, pour vivre.

En termes de Librairie, on dit aussi fesser le cahier, pour signifier, assembler des feuilles imprimées pour les plier en cahiers.

CAHIEU. Voyez Caieu.

CAHIÈRE. s. f. Grande chaise à bras. Sella amplior. Ce mot est vieux & populaire. Au lieu de Cahière, le peuple dit quelquefois cahielle.

CAHIMITIER. s. m. Arbre fruitier de l’Amérique, qui est de la grosseur & grandeur des pommiers de Normandie. Il est beau, bien uni, & rempli de beaucoup de sève. Les feuilles en sont admirables ; le dessus est un vert vif & comme vernissé, le dessous est un composé de jaune doré de feuille morte de citron mêlé avec quelques petites taches de couleur de feu ; & lorsqu’on les rompt, elles rendent un peu de lait. Ses fleurs viennent par bouquets. Elles sont composées de plusieurs boutons attachés à de petites queues aurore. Chaque bouton, qui est le fruit de l’arbre, pousse à son sommet une fleur double ; chacune desquelles est composée de cinq feuilles. Les extérieures sont rouges avec des points dorés, & les cinq qu’elles renferment sont orangées, & forment une espèce de calice, plein de petites étamines dorées. Le bouton, en grossissant, forme le fruit, & cette double fleur qui y demeure attachée, lui sert de couronne. Le fruit est rond, environ de trois pouces de diamètre ; son écorce est lisse, & d’un beau vert mêlé de taches rouges & aurore. Sa chair est blanche, spongieuse, & pleine d’un suc doux & miellé, qui ne plaît pas d’abord aux Européens ; mais qu’ils trouvent excellent dès qu’ils y sont accoutumés. Cet fruit est très-rafraîchissant ; on en donne sans crainte aux malades, & le P. Labat assure qu’il est inoui qu’il ait jamais fait de mal, quelque quantité qu’on en mange.

CAHIN-CAHA. adv. Terme familier qui se dit des choses qu’on fait avec peine, de mauvaise grace, & à plusieurs reprise, ou tant bien que mal. Ægrè, frigidè, indiligenter ; levi, molli brachio. Cet homme a fait pour moi quelques sollicitations ; mais il les a faites cahin-caha. Ce pauvre homme gagnoit sa vie cahin-caha. Rabelais.

CAHOANNE. s. f. Sorte de tortue, qu’on appelle aussi Kaouanne.

CAHORS. Ville de France, capitale du Quercy, au 15° de longitude, & au 44e environ 25′ de latitude septentrionale. Divona Cadurcorum, Cadurcum. Cahors est sur le Lot, ad Lotium, qui en fait une péninsule. C’est une grande ville bien peuplée & fort ancienne. Ptolomée, L. II. Plin. L. IX, c. 19. L. II, c., 12, & L. IX, c. 20 de son histoire, en parlent. Jean XXII qui étoit de Cahors, y fonda une Université l’an 1331, ou 1332. Cahors a un Evêque suffragant, autrefois de Bourges, & maintenant d’Albi. On y voit un amphithéâtre, & quelques autres monumens de l’antiquité. Guillaume de la Croix & donné l’Hist. des Evêques de Cahors. Series & acta Episcoporum Cadurcensium, à Cahors, in-4° 1617. Voyez encore Du Chesne, Antiquités des villes de France, Liv. II, c. 12.

Il y a dans le Journ. des Sav. de 1698, p. 134 & suiv. Une dissertation de M. de la Mositre, dans laquelle il montre que Cahors n’est point l’ancien Uxellodunum de César, principalement pour deux raisons. 1°. Parce que Uxellodunum étoit escarpé de tous côtés, au lieu que Cahors ne l’est que de deux côtés au plus. 2°. L’isthme de Cahors est de 900 pieds de Roi, & l’isthme d’Uxellodunum n’étoit que de 30 pieds romains. De Serres dit, dans ses Annotations sur César, que, selon Marlian, & la plus commune opinion, c’est Cadenac en Quercy. Vigenère est du même sentiment. De Serres ajoute que toutefois on l’a averti qu’assez près de Martel sur la Dordogne il y a un lieu qui s’appelle encore aujourd’hui en langage du pays Lou peuch d’Euxollou, comme qui diroit, le puy ou terre d’Uxollou, que l’on y voit encore la fontaine que les Romains couperent aux habitans d’Uxellodunum assiégés, & les autres marques que décrit Oppius.

CAHORSIN, INE. s. m. & f. Qui est de Cahors, natif, ou habitant de Cahors. Cadurcinus, Cadurcensis. Valois, Not. Gall. p. 111, prétend que l’on appeloit autrefois Cahorsins tous les habitans du Quercy, qu’il faut maintenant appeler Quercinois.

Cahorsin. Cadurcinus pagus, ou ager. Le Cahorsin, étoit autrefois dit Valois, ce que nous nommons aujourd’hui Quercy.

CAHOS. Voyez Chaos.

☞ CAHOT. s. m. Saut que fait un carrosse ou une autre voiture en roulant dans un chemin raboteux & inégal. Rhedæ subsilientis succussus. On le dit de même de la secousse que recevoient ceux qui sont dans la voiture. Il y a dans ce chemin des creux, des ornières qui font faire bien des cahots. Nous avons eu un grand cahot. On dit aussi, nous avons trouvé bien des cahots en ce pays-là ; c’est-à-dire, nous avons trouvé des chemins qui font faire bien des cahots.

CAHOTAGE. s. m. Secousses fréquentes, mouvement fréquent causé par les cahots. Succussus durior. Ce cahotage me tue. Je ne puis souffrir le cahotage de ce coche.

CAHOTER. v. a. Donner des cahots. Agitare, succutere duriter. Il nous a cahoté durant tout le chemin. Les estomacs foibles souffrent beaucoup, quand ils sont cahotés.

Cahoter est aussi neutre, & signifie souffrir des cahots : être secoué par des cahots. Nous n’avont fait que cahoter pendant plus de deux heures. Nous avons bien cahoté dans ce maudit chemin. Subsultare duriter, duriore succussu ferri.

Cahoter se peut dire figurément d’un discours, d’un chant rompu, souvent interrompu, qui sautille. Subsultare. C’est un chant (celui des Italiens dans leur trio) c’est un chant rompu, estropié, & qui cahote incessamment, si je puis parler de cette manière. Entret. sur la Mus.

CAHOTÉ, ÉE, part.

CAHUÉ. s. m. Voyez Café. Il y a plus de cent ans qu’on disoit en France cahué. Après le délicieux breuvage (le cherbet) on apporte dans une tasse plus petite le cahué, qui est une eau rousse, qui prend son nom avec sa teinture d’une graine d’Egypte qu’on fait bouillir dedans, & qui est grosse comme un grain de froment. Cette liqueur n’est bonne que toute chaude, tellement qu’à-peine peut-on la sucer du bord des lèvres, & on ne la prend qu’en soufflant, & à plusieurs reprises. Elle est d’un gout qui sent un peu la fumée, mais d’un effet merveilleux pour l’estomac, & pour empêcher que les vapeurs ne montent au cerveau. Du Loir, p. 169 & 170, en 1634. Il nous fit boire du cahué & du cherbet. Dul. p. 315.

CAHUETTE. s. f. Petite maison ou cabane de paysan, de berger, de pauvre homme. Casa, turugrium, gurgustium. Ce mot ne se dit guère qu’en raillant & par mépris.

☞ CAHUSAC. Voyez Cajeusac.

CAHUTE. s. f. C’est la même chose que cahuette ; mais il est plus usité. Quelques-uns écrivent ce mot avec deux tt, parce qu’il vient de l’allemand Hutten, qui signifie une petite maison.

CAHYS. s. m. Mesure de grains dont on se sert en quelques endroits d’Espagne, particulièrement à Séville & à Cadix, 4 cahys font le fanega, & 50 fanegas font le last d’Amsterdam.

CAI.

☞ CAI. Royaume. Cajanum regnum. Province du Japon, dans l’Île de Niphon, & dans le pays de Quanto, avec une ville nommée Cai, ou Cria, ou Caav.

☞ CAJABO. Province de l’Amérique septentrionale,