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qui choque également le bon sens & la nature. Suivant la coutume d’Espagne, l’un des cadets des grandes maisons prend d’ordinaire le nom de la mere, quand il est illustre. P. Verjus.

On dit branche cadette d’une maison, par opposition à branche aînée, & il signifie une branche de cette maison, sortie d’un cadet. Branche cadette de Bourbon. Branche cadette de Lorraine. Acad. Fr.

Ce mot vient de capitetum, comme qui diroit petit chef de famille. On écrivoir autrefois capdet, & on le prononce ainsi en Gascogne. Ménage. Borel confirme cette pensée, & dit qu’en Gascogne on appeloit les aînés capmas, comme qui diroit, chefs de maison, & capdets, quasi minora capita. Dominicus dit que ce mot vient quasi a majori natu cadant, & sint veluti catheti, aut normales lineæ ab ipso dependentes.

Cadet se dit aussi, par extension, en parlant de deux hommes, dont l’un est moins âgé que l’autre, sans qu’il soit question de fraternité. Cet homme dit qu’il est de mon âge, mais je lui montrerai qu’il est mon cadet de plus de dix ans.

Cadet se dit dans le même sens à l’égard de la réception des Officiers dans une profession, soit de guerre, soit de justice, sans considération de l’âge. Un Officier se plaint avec raison, quand on a fait monter son cadet devant lui.

Cadet, en terme de guerre, se dit d’un jeune homme qui se met volontaire dans les troupes, sans prendre de paye, pour apprendre le métier de la guerre, & se rendre capable de quelque emploi. Miles voluntarius. Cadet aux Gardes, est un jeune homme volontaire dans le Régiment des Gardes. Il ne doit y avoir que deux Cadets dans chaque compagnie, âgés au plus de dix-huit ans, par l’Ordonnance de 1670. ☞ Les Cadets d’Artillerie sont de jeunes gens de famille, que le Grand Maître reçoit pour les faire instruire dans les écoles d’artillerie, & les rendre capables de devenir Officiers. En 1682, le Roi établit en son Royaume des compagnies de jeunes gens, à qui l’on donna le nom de cadets. Les enfans des Gentilshommes, ou de ceux qui vivoient noblement, y étoient instruits dans tous les exercices militaires, & lorsqu’on les trouvoit capables de commander, on les faisoit Sous-Lieutenans, Enseignes, ou Cornettes. Medailles du Roi 191. La médaille qui fut faite à ce sujet représentoit au revers une troupe de jeunes hommes, avec un Officier qui leur met l’épée au côté, & pour légende militæ tyrocinium : & dans l’exergue, nobiles educati munificent. Princ. m. dc. lxxxii. On fit aussi une dévise sur cet établissement. Le corps de la dévise étoit un chataigner, dont les fruits jeunes & tendres paroissent armés de pointes ; ces paroles faisoient l’ame. Teneros armat fœtus. Cet établissement s’est renouvellé sous le règne de Louis XV. On a frapé à cette occasion une médaille du Roi, gravée dans le Mercure de Janvier 1728, & dont le revers représente Pallas debout, tenant sa pique d’une main, & montrant de l’autre de jeunes gens qui tracent des plans de fortifications, & qui font d’autres exercices, avec cette devise,

Nobilum Epheborum institutio militaris renovata.

Mais on a depuis licencié, par ordre du Roi, la Compagnie des 600 Cadets, que S. M. entretenoit à Metz, dont la plupart ont été faits Lieutenans ou Sous-Lieutenans dans les Régimens de Milice. Merc. Janv. 1734. C’est en parlant de ces jeunes gens que Boileau a dit :

Eprise d’un Cadet, yvre d’un Mousquetaire.

☞ On dit proverbialement d’un jeune homme qui aime à faire bonne chère, à faire de la dépense, c’est un cadet de haut appétit.

CADÉTES. s. m. pl. Nom d’un ancien peuple des Gaules. Voyez plus bas dans l’art. de Caen.

CADETTE. s. f. Pierre de taille pour paver. Lapis quadratus.

CADETTER. Paver avec des pierres appelées cadettes. Lapidibus pavimentum sternere. Ces deux mots se trouvent dans Pomey & dans Richelet. Le premier se trouve aussi dans le Dict. de l’Acad.

CADI. s. m. Terme de relation. C’est le nom qu’on donne aux Juges des causes civiles chez les Sarasins & les Turcs. d’Herbelot écrit Cadhi, & les Cadhis. Ce n’est pas l’usage en françois. Voyez ce que cet Auteur rapporte au mot Cadhi, pour montrer ce que c’est que les Cadis, & quelles sont leurs rapines.

Ce mot est arabe, קדי, ou קאדי, Kadi, Jude de קדי, Kadai, qui signifie juger. Il se prend ordinairement pour les Juges d’une ville ou d’un village : ceux des provinces s’appellent Mollas, Moula-Cadis, ou Grand-Cadis. Les Cadis connoissent aussi des affaires de Religion dans le Biledulgérid en Afrique.

CADIASCHER. s. m. Voyez Cadilesker. C’est la même chose ; il n’y a de différence que l’article al qui est à Cadilesker, n’est pas dans Cadiascher. Il faut prononcer Cadi-asker.

CADILESKER, ou CADILESQUER, ou CADILESQUIER. Chef de la Justice chez les Turcs. Chaque Cadilesquier a son district particulier. M. Ricaut les déduit à trois pour tout l’Empire. Le Cadilesquier d’Europe, d’Anatolie & du grand Caire.

Le Cadilesquier, dit Vigenère, dans sa Traduction de Chalcondyle, est comme Grand Prévôt de l’Hôtel. Voyez encore cet Auteur sur les droits des Cadileskers, dans ses Illustrations sur l’Histoire de Chalcondyle, par. 332, 333.

Cadhil-asker, ou comme les Turcs l’appellent Cadhilesker, est le Juge de l’armée, que nous appellerions Intendant. Aujourd’hui c’est le nom d’une grande dignité dans l’Empire-Ottoma, où il n’y a que deux personnes qui en soient revêtues, dont l’un est le Cadhilesker de Romelie, c’est-à-dire d’Europe, & celui d’Anatolie, c’est-à-dire, de l’Asie. d’Herb. Ricaut en ajoute un troisième, qu’il appelle Cadilesker du Kaire.

Le mot Calileschker est arabe, composé de קדי, Kadi, qui signife-ie Juge, & אפכר, Aschar, & avec l’article אלפכר, Alaschar, c’est-à-dire, armée d’où s’est formé Kadilascher, Juge d’armée, parce que d’abord il étoit Jude des Soldats. Selon cette étymologie, il faudroit écrire Cadilescher, parce qu’en Arabe & en Turc c’est un Kef, c’est-à-dire, un son semblable à celui du Χ des Grecs, & en notre langue tel que le Ch dans Charon, Chorévêque, Chelidoine : mais l’usage est d’écrire Cadilesker, ou Cadilesquer.

CADILLAC. Ville de France en Guienne, dans le Bazadois, près de la Garonne, Catelliacum.

CADIS, CADIZ, ou CADIX. Petite Île sur la côte d’Andalousie, province d’Espagne. Gades, Gadira. Solin dit que les Tyriens s’étant embarqués sur le golfe Arabique, ou mer Rouge, firent le tour de l’Afrique, & vinrent surgir à cette Île, qu’ils nommerent Erythrée, c’est-à-dire, Rouge, du nom de la mer de laquelle ils étoient partis. Ensuite les Carthaginois la nommerent Gadir, qui en leur langue signifie Septum, c’est-à-dire, un lieu clos, palissadé. C’est-là, que selon la fable, Hercule vainquit Géryon. L’Île de Cadix a environ quatre ou cinq lieues de long, & depuis une jusqu’à trois de large. Elle n’est séparée de la terre ferme que par un canal que l’on passe sur le pont de Suaco. La différence du méridien de Cadis à celui de Paris, est, selon l’Académie des Sciences de 9° 45′ occid. par conséquent Cadis est au 10e degré 15’ de longitude.

Ce mot vient du latin Gades, qui s’est formé du Punique Gadir, qui, comme nous l’avons dit, signifie Septum, & vient de l’hébreu גדר, sepire.

Cadis. Ville dans l’Île de même nom, dont nous venons de parler. Cette ville n’est pas bien grande, mais elle est bien bâtie & forte ; elle a un très-bon