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BIZ — BLA

les nuits. De la Chap. Être au bivouac, se trouver au bivouac. Monter à cheval pour le bivouac. Passer la nuit au bivouac. Guillet. Faire coucher les troupes au bivouac. Lever le bivouac, c’est renvoyer l’armée dans ses tentes, dans ses barraques, quelque temps après la pointe du jour. Id. On fait aussi le bivouac, lorsqu’on assiège une place, pour empêcher les ennemis de faire entrer quelque chose dans la ville, ou pour prévenir les surprises & les attaques du camp. Il vouloit paroître à la vue des ennemis, quand ils descendroient le bivouac. Quincy. Il seroit plaisant de voir le Pape coucher au bivouac. Bussi.

Ce mot est nouveau, & vient de l’allemand weywach, qui signifie double-garde. D’autres le dérivent de bivoie.

BIZ.

☞ BIZA, ou BISA. s. m. Monnoie & poids du royau de Pégu. La monnoie est d’argent, & vaut 5 liv. 5 s. 5 d. de France. Le poids est de deux livres cinq onces de Venise.

BIZACENE. s. f. Voyez Byzacène.

BIZARRE. Il y a encore quelques gens qui disent bigearre, mais mal. adj. m. & f. Qui a des mœurs inégales, des opinions extraordinaires & particulières. Morosus, tetricus, varius. C’est un homme bizarre, avec lequel on ne peut vivre. Les gens bizarres ne sont pas un moment dans la même situation d’esprit. Ils passent d’une extrémité à l’autre ; de la plus belle humeur ils passent tout d’un coup à un sérieux, & à un silence morne & mélancolique. Ils n’ont point de sentimens fixes, & leur humeur chagrine s’oppose à tout ce que les autres souhaitent. On ne peut compter sur leur bienveillance, qui varie comme leur humeur. Voilà le caratlère ou la définition des personnes bizarres. Bell. Il y a des gens capricieux que les plus grands plaisus ne touchent point, à moins qu’ils ne soient bizarres & extravagans. Id. C’est beaucoup que ce bizarre sorte quelque fois de sa taciturnité pour contredire, & qu’il daigne une fois le jour avoir de l’esprit. La Bruy.

☞ L’Acad. dit fantasque, extravagant, capricieux. Les Vocabulistes ajoutent à toutes ces épithètes celle de quinteux. Que ne disoient-ils encore difficile, bourru, &c. comme si tout cela entroit dans l’idée du bizarre. Toutes ces qualités sont bien l’effet, & en même temps l’expression d’un goût particulier, qui s’écarte mal-à-propos de celui des autres : mais outre cette idée générale qui rend ces termes synonymes, chacun n’en a pas moins son propre caractère, & son idée partieulière qui se distingue. Le Bizarre est celui qui est dirigé dans sa conduite & dans ses jugemens par une affectation de ne rien dire ou faire que de singulier. S’écarter du goût par une singularité d’objet non convenable, c’est être bizarre, dit M. l’Abbé Girard. Le bizarre dit proprement quelque chose d’extraordinaire. Voyez aux autres mots leurs différences.

Bizarre, signifie aussi figurément extraordinaire, singulier, hors de l’usage commun. Couleur bizarre, ajustement bizarre. Plumage bizarre. Acad. Fr.

Bizarre, est aussi un substantif. C’est un vrai bizarre.

Bizarre du cadet. Terme de Fleuriste. Tulipe feuille morte, rouge brûlé & jaune enfumé. Cult. des Fl.

BIZARREMENT. adv. D’une manière bizarre. Morosè. La fortune dispose bien bizarrement de moi. Voit.

En musique, chanter bizarrement, c’est chanter tantôt vite, tantôt lentement, tantôt fort, tantôt doucement, selon la fantaisie du compositeur, ou plutôt selon les diverses expressions que demande le sens des paroles. Brossar.

BIZARRERIE. s. f. Humeur bizarre, affecttation de ne rien dire ou faire que de singulier. Voyez Bizarre. Morositas. Cet homme est sujet à de grandes bizarreries. La bizarrerie de votre cœur vous fit revenir à moi, à mesure que vous voyiez que je m’éloignois de vous. P. D. Cl.

Ces mots viennent apparemment de l’espagnol bizarro, qui signifie beau, agréable, parce que la diversité des couleurs a quelque agrément, sur-tout quand elles sont bien ménagées. C’est pour cela que le mot de bizarrerie se prend aussi quelque fois pour une variété bizarre, agréable.

La satyre est comme une prairie,
Qui n’est belle, sinon en sa bizarrerie. Regn.

Quelque fois le mot de bizarrerie ne signifie autre chose que variété. Il y a de la bizarrerie dans beaucoup d’ouvrages de la nature, dans la variété des coquilles, des pierres, des animaux.

☞ BIZÉ à deux têtes. s. m. Outil de buis servant aux Cordonniers à régler la trépointe du derrière du soulier. Encyc.

☞ BIZEBANI. Nom que les Turcs donnent aux muets du Grand Seigneur. Bi signifie sans, & zeban, langue : ils les appellent aussi Dilfiz.

☞ BIZEGLE. s. m. Outil de Cordonnier. Morceau de buis servant aux Cordonniers à Hfter le devant des femelles de souliers.

BIZERT. s. m. Oiseau de passage, appelé en Languedoc Pérengue. Il passe les monts Pyrénées, près Baigniéres, au mois d’Octobre, & vient en très-grand nombre. Catel. Hist. de Langued. Liv. I, chap. 5, p. 46.

BIZET. Voyez Biset.

☞ BIZU. Ville d’Afrique, en Barbarie, au Royaume de Maroc, sur le mont Atlas.

BLA.

BLACHE. s. f. Blachia. Ce mot est en usage en Dauphiné : il signifie, en cette Province, une terre plantée de chênes, ou châtaigniers, si distans les uns des autres, qu’ils n’empêchent pas qu’on n’y laboure. Ager raris arboribus consitus. Ragueau.

BLADAGE. s. m. Terme en usage dans l’Albigeois : il signifie un droit qui s’exige en forme decensive, & par-dessus la censive lorsqu’il est établi par titre. Ce droit consiste en certaine quantité de grains que l’emphytéote paye pour chaque bête de labourage qui travaille le fonds inféodé. Ce mot bladage vient de ce que ce droit se paye en grains. Jus annui frumentarii reditûs.

☞ BLADERIE. Vieux mot. Marché au blé.

☞ BLADIER. Vieux mot. Marchand de blé.

☞ BLAER. Vieux verbe. Ensemencer en blé.

BLAFARD, ARDE. adj. Qui se dit d’une couleur terne, ou d’une lumière foible. Pallens, pallidulus. Cette fille a le teint blafard. Lumière, lueur, couleur blafarde. Visage blafard. Cette couleur est trop blafarde, elle n’a pas assez d’éclat & de vivacité.

Toujours ces sages hagards.
Maigres, hideux, & blafards,
Sont souillés de quelque opprobre. R.

BLAFART ou BLAFFERT, ou PLAPPERT. s. m. Petite monnoie qui a cours à Cologne. Le blafart vaut quatre albus, & l’albus neuf deniers trois seizièmes de France.

BLAÎCHE. Voyez BLÊCHE.

BLAINVILLE. Village & Collégiale du Diocèse de Rouen. Ce nom est formé de celui de Blain, ou Belain, qui a signifie un mouton ou un bélier. En effet, plusieurs Seigneurs de ce lieu ont porté au VIe siècle le nom de mouton. Descrip. Géogr. & hist. de la Haute-Norm. Tom. II, p. 341.

☞ Il y a en Normandie un autre bourg du même nom entre Caen & la mer, sur la rivière d’Orne.

☞ BLAIR. Petite ville d’Ecosse, capitale de la province d’Athol, à huit lieues de la ville de Perth.

BLAIREAU. s. m. Animal quadrupède, autrement nommé taisson. Taxus, meles, ou malis. C’est une sorte de bête puante qui se terre. Animal solitaire, qui se retire dans les lieux les plus sombres & les plus écartés, où il se creuse une demeure souterraine, dont il ne sort guère que la nuit. Il mange de tout ce qu’il trouve, de la chair, des fruits, des graines, des racines, &c. Il dort toute la nuit, & une partie du jour ; ce qui fait qu’il est toujours gras. La femelle fait trois ou quatre petits. Elle met bas en été. On distingue deux