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BIH — BIJ

latin apiger, qui signifie, qui gouverne les mouches, ou d’apicurus, qui a soin des abeilles. Il dit qu’on a retranché l’A du premier mot, & que de Piger qui reste, en changeant le P en B, comme il est arrivé fort souvent, on a fait Biger, & Bigre en françois ; ou que d’apicurus, en retranchant pareillement l’a, on a fait de picurus qui reste, picrus par contraction, puis Bicrus, en changeant P en B, comme en Piger, & que de Bicrus on a fait Bigrus, puis le mot françois Bigre. Il rapporte plusieurs chartres, & veut prouver grammaticalement, que le mot Bigre rendu en latin dans ces titres par Bigrus par corruption, signifie celui qui a soin des abeilles.

BIGRE, ESSE. s. m. & f. Mot injurieux parmi la populace.

☞ BIGRERIE. s. f. Vieux mot qui signifioit le lieu où l’on tenoit les ruches à miel. Apiarium.

BIGUBA. Royaume d’Afrique, en Nigritie, au dessus de celui de Guinala. Les peuples qui l’habitent, sont appelés Biafars, nom qui leur est commun avec d’autres.

BIGUER. v. a. Changer de la main à la main, troquer but à but. Permutare. Biguer un cheval, biguer une carte, termes de manège & de jeu de cartes au hère.

BIGUES. s. f. Terme de marine. Grosses & longues pièces de bois qu’on passe dans les sabords, soit pour soulever, soit pour coucher le vaisseau.

On appelle aussi de ce nom les mâts qui soutiennent celui d’une machine à mâter.

BIH.

BIHAI. s. m. Plante de l’Amérique, qui produit des branches assez semblables au plane. Elle jette des verges, ou jets, au milieu & autour desquels sont les feuilles, qui sont assez grandes & assez larges, & dont les Indiens couvrent leurs maisons. Ils s’en couvrent aussi la tête quand il pleut, & des branches ils en font des corbeilles, ou paniers, mettent entre deux des feuilles de la plante, de sorte qu’ils ne prennent point l’eau, quand ils les y plongent. Ils appellent ces corbeilles, havas. Dans le besoin ils mangent aussi les racines des bihais les plus tendres : elles sont blanches, tendres, & n’ont pas un mauvais goût. Elles ressemblent assez à la partie tendre du jonc qui est dans la terre, mais elles sont meilleures. Ramuz. Tom. III, p. 112.

☞ BIHATZ. Ville du Royaume de Hongrie, dans la Croatie, dans une île formée par la rivière d’Unna qui l’entoure de tous côtés. Quelques-uns la nomment Bibitz. Son vrai nom est Bihacs.

BIHORE. Terme dont se fervent les charretiers pour hâter leurs chevaux. C’est dans Cotgrave que j’ai trouvé la signification de ce mot. M. Coste, note 23, sur le 37 chap. du 2 livre de Montagne, dont voici les paroles. Laissons un peu faire : l’ordre qui pourvoit aux puces & aux taupes, pourvoit aussi aux hommes, qui ont la patience de se laisser gouverner. C’est un ordre superbe & impiteux. Nous avons beau crier bihore, c’est bien pour nous enrouer, mais non pour l’avancer, p. 790 du II Tom. de l’édit. in-12. Paris, 1659. Montagne nous apprend ici qu’il n’y a point de termes qu’un homme d’esprit ne puisse mettre en quelqu’usage. Ils sont tous bons, pourvu qu’on les emploie à propos. M. Coste, ibid.

Il est défendu par la coutume d’Acs, tit. 16, art. 6, d’user dans les matières poissessoires d’aucuns scels ou biahores, & enjoint à chacun de venir par action selon la nature de la chose dont il s’agit. Biahore est expliqué par cri, réclamation, dans les Réglemens sur les scellés & inventaires, in-4°. Paris, 1734, liv. I, ch. 10, p. 46 ; ce qui a beaucoup de rapport avec la clameur de Haro, qui a lieu en matière civile, aussi bien qu’en matière criminelle.

☞ BIHOR. Canton de la basse Hongrie, avec titre de Comté, & une ville de même nom.

☞ BIHORREAU. s. m. Oiseau assez commun sur les côtes de Bretagne, un peu plus petit que le héron, dont il a le bec. Les plumes de sa tête & du dos sont de la même couleur que celles du vanneau ; celles des ailes & de la queue, de couleur cendrée, comme celles du héron ; celles du cou, du ventre & du dessous de la queue sont blanches. Il fait son nid dans les rochers.

BIHOUAC. Voyez Bivouac.

☞ BIHRI. Petite ville de Perse, sur la route d’Ipahan à Ormus, avec un beau Caravanseraï.

BIJ.

BIJAGOS. Les mêmes que BISAGOS, ou BISEGOS.

BIJON. s. m. Terme de Pharmacie. Les paysans donnent ce nom à la térébenthine dont on se sert communément, & qu’on tire par incision des sapins, des pins & des melèses en Dauphiné. Terebenthina resina. Cependant ce nom convient proprement a la térébenthine qui découle en été sans incisions des mêmes arbres. M. Pomet dit que le mot de bijon n’est en usage que parmi les Lyonnais, qui vendent le bijon pour le baume blanc du Pérou, en quoi cependant il avoue qu’ils ne font point tort au public, parce que le bijon, qui est découlé sans aucune incision durant les grandes chaleurs, vaut bien le véritable baume du Pérou.

BIJOU. s. m. ☞ Toutes sortes de petits ouvrages curieux ou précieux, servant de parure & d’ornement aux hommes & aux femmes. Gemmæ, lapilli, monilia, & alia id genus pretiosa ornementa. Cette femme a des bijoux de prix, garnis de diamans, des ouvrages de filigrane.

☞ On le dit aussi de ce que l’on donne aux enfans pour les divertir, ou pour les parer.

Borel dérive ce mot de bis & de joie ; Ménage de bis joculum.

Bijou, se dit aussi de toutes les petites curiosités qui ornent une chambre, ou un cabinet.

Bijou, se dit métaphoriquement de ce qui est excellent en son genre. Specimen. Son père étoit dans les meilleures dispositions du monde, & vouloir même, croyant sa fille un bijou de fidélité, vous donner le plaisir de voir jusqu’où iroit sa constance. Rousseau.

On dit aussi d’une femme jeune & belle, que c’est un joli bijou. On le dit de même d’une jolie maison. ☞ Bijoux, en droit. Voyez Bagues & Joyaux.

BIJOUTERIE. s. f. C’est la profession de ceux qui font commerce de bijoux & de pierres précieuses. Pretiosæ cujuscumque supellectilis commercium. Mais en ce sens bijouterie n’est pas en usage : il faut dire joaillerie. Vaug. Rem. Nouv. Bijouterie ne peut donc passer qu’en lui donnant un sens plus général & plus étendu qu’à joaillerie. Ainsi bijouterie sera le commerce de toutes sortes de petites curiosités propres à orner ou les personneS, ouu les cabinets.

Bijouterie, se dit aussi des curiosités appelées bijoux, tabatières, pommes de cannes, pierreries, vases de porcelaine, &c.

BIJOUTIER. s. m. Celui qui fait trafic de toutes sortes de bijoux, & de curiosités. Qui gemmas, monilia pretiosa vasa & alia id genus vendit. Les Bijoutiers prennent la Saint Louis pour le jour de leur Fête, & ne font qu’un corps avec les Orfèvres. On est reçu joaillier-bijoutier au Châtelet devant le Procureur du Roi, & cela après avoir fait trois ans d’apprentissage.

Bijoutier, se dit aussi d’un curieux qui n’a dans son cabinet que de petites pièces, ou d’un prix médiocre. Supellectilis pretiosa alicujus dominus. Cet homme n’a ni Rubens, ni Poussin, ni grands tableaux ; ce n’est qu’un Bijoutier.

BIIS. s. m. Poids tout ensemble & mesure, dont on se sert sur la côte de Coromandel, aux Indes Orientales. C’est la huitième partie du Man.

☞ BIKEND. Ville de la Transoxane, à une journée de celle de Bokara, de laquelle elle dépend.

☞ BIKOUT ou BICOUT. Ville d’Asie, au Mogolistan, à l’orient méridional du lac de Kitay.

BIL.

BIL. s. m. ou plutôt BILL. C’est un mot anglois qui est