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BET

de bête rouge. Quand les savannes sont un peu séches, elles en sont remplies, & les chevaux & autres animaux qui y sont en pature, en ont quelquefois le museau & la tête toute couverte de rouge. Cela cause une démangeaison inssuportable ; en sorte qu’ils se frotent contre les pierres & contre les arbres, comme s’ils vouloient se déchirer. Les bêtes rouges percent au travers des bas des hommes, & leur causent une démangeaison si pressante aux jambes, qu’ils se les écorchent à force de les grater. La décoction des bourgeons de vigne & de monbain, des feuilles d’oranger, & d’herbes odoriférantes, est un bon remède contre les bêtes rouges & leur démangeaison. On s’en lave les jambes & autres parties qui en sont attaquées. P. Labat.

Bête venimeuse des sages, en termes du grand Art, signifie la pierre philosophale, lorsqu’elle est sublimée. On l’appelle aussi serpent.

BÊTE-BIR, Sorte de mauvaise poire, qui se mange au mois de Mars. La Quint.

BETEL, ou BETLE. s. f. Dans l’Ambassade des Hollandois à la Chine, P. II, Ch. XIII, p. 85, on l’appelle Betelle, ou Betre, & l’on dit que quelques-uns soutiennent que c’est le Malabathrum des Indes, nommé par d’autres Syri-boa, & Tembal, & Pam. Le Traducteur de la Relation de Tunquin du P. Marini l’appelle Betlé, & en tunkin Blaü. Voyez ce qu’il en dit, p. 92.

C’est une plante qui s’attache aux arbres & qui y monte, comme le lierre : ses feuilles sont semblables à celles du citronier, & d’un goût amer : elles ont des nerfs suivant leur longueur, de même que le plantin. Lorsqu’elles sont mûres, elles doivent être de couleur rouge pour être bonnes. Le Betel porte dans les Isles Moluques un fruit entortillé, qui ressemble à la queue d’un lézard ou d’un rat, que les Indiens appellent Suruboa ; ils l’estiment beaucoup plus que la feuille, parce qu’il est plus rare. Il croît dans tous les lieux maritimes de l’Inde. Il croît fort bien aussi aux parties méridionales de la Chine, mais cependant moins bien qu’au pays de Decan, de Guzarate, de Canan, de Bisnagar, & autres des Indes plus tempérés ; car il ne se plaît pas dans les pays trop froids, comme dans la Chine septentrionale, ni dans les pays trop chauds, comme le Mozambique & Sofala Ambass. de Holl. à la Chine. Voyez là-même sa description, &c P.II, p.86. Voyez aussi l’Ambass. du Japon, I, p. 29. Il est bien différent du Malabathrum, ou feuille d’Inde, avec laquelle les anciens Botanistes l’ont confondu.

Les Indiens mangent du betel, le matin, l’après midi, le soir, & même la nuit, & ils en portent toujours entre leurs mains ; mais comme il est amer ils le mêlent avec l’Aréca & un peu de chaux, pour diminuer cette amertume ; & de cette manière ils le trouvent d’un goût très-agréable ; il y en a qui ajoutent du bois d’Aloës, de l’ambre & du musc. Le betel est bon pour affermir les gencives, pour fortifier le cœur & l’estomac, pour dissiper les vents, & sur-tout pour empêcher la puanteur de la bouche, à quoi les Indiens sont fort sujets. C est pourquoi ils en portent toujours avec eux, & se le présentent par cérémonie. Cependant il noircit les dents, & si on en abuse, il les ronge, & les fait tomber.

☞ BÉTELETTE. s. f. Vieux diminutif de bête. Bestiolia. Ch. Est. Dict.

☞ BETELFAGUI. Ville de l’Arabie heureuse, dans l’Yemen, environ à trente lieues de Moka.

BÊTEMENT. adv. En bête. Stupidement. Un mouton qui va sur la foi d’autrui, est celui qui fait bêtement ce qu’il voit faire aux autres. Notes sur les Fables de la Font.

BETH. s. m. Terme de Grammaire hébraïque. Beth, ou betha. C est le nom de la seconde lettre de l’alphabet hébraïque, qui est le même que le Βήτα des Grecs, & notre B. La forme de cette lettre dans l’hébreu carré est ב. Le beth est une lettre servile, ou une préposition qui répond à l'in des Latins. Ce que dit Zuingle sur cette lettre est singulier ; car, si nous l’en croyons, ce n’est point ici (Exod. VI, 3.) une préposition, c’est un article. Un ב beth, article, n’est pas l’invention d’une érudition bien profonde ; & quiconque entend ainsi l’hébreu, peut sans doute voir dans le texte original de la parole de Dieu, bien des choses qui n’y furent jamais. P. Souc. Disser. p. 303. Le beth est aussi en hébreu une lettre numérale, qui signifie deux ; & deux mille, quand il est devant un nombre de cent.

Ce nom vient du mot hébreu, בית, baith, qui signifie maison, parce que cette lettre, dit-on, en a la forme. Il faudroit donc prononcer baith, qui est la forme absolue de ce nom, & non pas beth, qui est la forme construite ; mais l’usage en a autrement décidé, & l’on dit toujours beth. De ce mot s’est formé en grec le nom du Βήτα, betha, ou vita. C’est la forme syriaque & chaldaïque du nom de cette lettre.

Beth, ou Bed. C est le nom que les Indiens donnent à leurs Livres sacrés. Il ne se dit guère qu’au pluriel. Ils prétendent que Dieu donna à Brama quatre livres, où toutes les sciences & les cérémonies de la Religion des Brachmanes sont comprises, & ce sont ces quatres livres qu’ils appellent des beths.

BETHA. s. m. C’est le nom de la seconde lettre des Grecs, que quelques-uns prononcent Vita, comme font les Grecs depuis plusieurs siècles. Voyez Beth.

BÉTHANIE. Bethania. Bourg & château de la Tribu de Benjamin, aux environs de Jérusalem au levant, au pied du mont des Olives. C’est à Béthanie que J. C. ressuscita le Lazare. Or Béthanie étoit environ à 15 stades de Jérusalem. Bouh. Jean, XI, 18. Selon M. Dacier, c’est à trois quarts de lieue. Selon la Guilletière, ce n’est qu’un peu plus d’une demi-lieue. Il y avoit encore une Béthanie au-delà du Jourdain. On l’appeloit autrement Béthabara. Beze, Drusius, Casaubon, Sculter, Light-foot & Grotius veulent même qu’il y ait une faute dans la Vulgate, & qu’on lise Béthabara, au lieu de Bethania. Mais tous les anciens manuscrits, la version syriaque & l’arabe, saint Epiphane, ont dit Béthanie, & non pas Béthabara, & il n’est pas rare de trouver dans l’Ecriture deux lieux de même nom. Ces choses se passerent à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisoit. Bouhours. Jean, I, 28.

BÉTHEL. Bethel, Luza. C’étoit anciennement une ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Benjamin, environ à six lieues de Jérusalem, vers l’orient septentrional. Son premier nom étoit Luz. La vision que le Patriarche Jacob eut auprès de cette ville, d’une échelle qui touchoit au Ciel, la lui fit appeler Béthel ; c’est-à-dire, Maison de Dieu, de בית, Beth, maison, & אל, El, Dieu : Suidas ne traduit pas assez bien quand il traduit Temple divin, θεῖος ναός, Hésychius a mieux dit οἶκος θεοῦ. Depuis que Jéroboam y eut élevé un taureau d’or, elle fut appelé Béthayen, c’est-à-dire, Maison d’iniquité.

BETHLÉEM. Bethlehem. Petite ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Juda, à deux lieues de Jérusalem au Sud-Est, célèbre par la naissance du Fils de Dieu, ainsi qu’il avoir été promis dans le Prophète Michée, ch. V, v.2. Les anciens Traducteurs de l’Ecriture, comme ceux de Genève & de Louvain, écrivoient Bethléhem, ce qui est plus conforme à l’étymologie de ce nom qui a une aspiration très-forte à la troisième syllabe : il vient de בית, beth, maison, & de לחם, lehhem, pain ; mais nos Traducteurs récens, & presque tous nos Auteurs aujourd’hui, ôtent l’h, & écrivent Bethléem, comme on prononce. Jesus étant donc né à Bethléem de Juda. Bouh. Et vous, Bethléhem terre de Juda, vous n’êtes pas la dernière parmi les principales villes de Juda. Port-R. On croit que cette ville fut ainsi nommée, parce qu’elle croit dans un pays fertile en blé. Bethléem fut érigé en Evêché en 1110.

Il y avoit encore un autre Bethléem au Nord de la Terre-Sainte, que le P. Lubin croit être Béthulie, que Josué, XIX, 15, place dans la Tribu de Zabulon. C’est pour distinguer de celle-ci celle dont nous avons parlé d’abord, que l’Ecriture l’appelle Bethléem de Juda.

Bethléem. (Notre-Dame de) Ordre militaire institué par le Pape Pie II, le 18 Janvier 1459, lorsqu’après la prise de Constantinople, par Mahomet II, les Turcs