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ternas. Voyez M. Du Cange. M. de Harlay dans son Tacite, M. de Tillemont, & quelques autres de nos Auteurs, écrivent Bastarnes, imitant les Grecs plutôt que les Latins ; mais M. de Tillemont au IVe Tome de l’Hist. des Emp. p. 41, revient aux Latins, & écrit Basternes, & au Ve Tome Bastarnes ou Basternes.

☞ BASTHAIM. Voyez Bastan.

☞ BASTI. s. m. En Architecture, se dit de l’assemblage des montans & traversans qui renferment un ou plusieurs panneaux, en menuiserie, en serrurerie. Encyc.

☞ BASTIA, en latin Bastia ou Bastita. Ville d’Italie, dans l’île de Corse, dont elle est la capitale.

☞ BASTIA. Petite ville de Turquie, en Europe, dans l’Epire, entre les villes de Butrinto & de Perga.

BASTIDE. f, f. Vieux terme, qui signifioit autrefois une maison. Domus, villa. Il est encore en usage en Provence, & aux pays voisins. Tout le chemin qui conduit d’Aix à Marseille est plein de bastides, ou de maisons de plaisance. La Faille, dans ses Annales de Toulouse, p. 86, dit que c’étoient des forts, & non pas simplement des maisons. Anciennement, dit il, les Sénéchaux & les Gouverneurs de Province avoient accoutumé de bâtir des forts à la campagne, & autour des villes, pour les tenir en sujétion. Ces forts s’appeloient bastides, ou bastilles. Elles sont aussi appelées Populationes, du mot latin, Populatio, ou Populatus, qui veut dire tout le contraire de ce qu’on prétendoit lui faire signifier. Comme les Sénéchaux & les Gouverneurs de ce temps là étendoient fort leur pouvoir, ils donnoient aux habitans de ces nouveaux lieux de grands avantages, pour porter les sujets du Roi à s’y aller habituer. Mais aujourd’hui on n’entend par ce mot que des maisons de campagne, ou comme dit Nostradamus, dans son Histoire de Provence, de champêtres métairies, dont ce territoire (de Marseille) est merveilleusement populeux & fertile, n’étant réputé homme de bien, celui qui n’y possède une canne de bâtiment, sur l’étendue d’un méchant arpent de vigne.

Ce mot vient de bâtir ou de bastilles.

☞ BASTIDE-S.-AMAND. Ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Castres, ainsi nommée à cause de son assiette, vis-à-vis de la ville de S.-Amand de Val Toret.

☞ BASTIDE DE SERON. Petite ville de France, dans le gouvernement de Foix, sur une éminence.

BASTIEN, & BASTIENNE. Nom d’homme & de femme, diminutif de Sébastien, & de Sébastienne. Voyez Sébastien.

BASTIER. Voyez Bâtier.

BASTILLE. s. f. Petit Château fortifié à l’antique avec plusieurs tours proche l’une de l’autre. Ce nom est demeuré à un château bâti de cette manière dans Paris, & qui sert maintenant à mettre des prisonniers. Hugues Aubriot, ou Ambryot, natif de Bourgogne, le fit bâtir par ordre de Charles V l’an 1569, ou, comme dit M. de la Mare, en 1371. Il ne fut achevé que sous le règne de Charles VI en 1583. Bastrum, Castellum. Ce mot signifioit originairement des redoutes qu’on faisoit devant les places assiégées. Les Anglois, qui n’avoient pas assez de monde pour occuper un si grand terrain (au siége d’Orléans en 1428 sous Charles VII,) ne formèrent point autrement le siége, qu’en élevant de distance en distance un grand nombre de bastilles bien terrassées & bien palissadées. P. Dan. T. II. p. 1049. On alloit insulter les Anglois jusque dans leurs bastilles. Id. p. 1050. Dans Froissard il signifie simplement un fort, ou un château.

Ce mot vient de bâtir. Ménag. D’autres le dérivent de balista & bastilla, parce qu’on tiroit les grosses arbalètes de ces redoutes. Ce mot vient de βαστός, un bâton à porter des fardeaux, ou de βάκτρον, baculus. Port-R. Borel dérive les mots de bastion & bastille, de bailles, qui signifioit autrefois parapet ; ou du latin bastiæ, espèce de tours qui servoient pour la défense. Du Cange le dérive de bastia, bastita, bastile, d’où l’on a fait bastille, bastie, & bastide, selon les lieux ; ce qui se disoit autrefois de tout ce qui étoit remparé de fossés, de bois, de terre, & de toutes sortes d’autres défenses.

On dit proverbialement d’un homme qui ne bouge de sa place, quand on lui commande quelque chose, qu’il branle comme la bastille. On le dit aussi des autres choses qui sont fermes & inébranlables.

On dit aussi de celui qui fait quelque chose contre le Roi, ou l’Etat, que cela sent la bastille : il y va de la bastille ; pour dire, qu’on le mettra prisonnier à la bastille.

BASTILLÉ, ÉE. adj. L’é se prononce fortement. Terme de Blâson, qui signifie, garni de tours, ou forteresses. Turriculis fastigiatus. On dit aussi bastillé aux créneaux renversés, d’un chef, d’une fasce, d’une bande dont les créneaux sont du côté d’en bas & regardent la pointe de l’Ecu. Pinnis deorsum spectantibus, versis instructus.

☞ BASTILLON. s. m. Vieux diminutif de bastion. Ch. est. Dict.

☞ BASTIMENT. Voyez Bâtiment.

☞ BASTINGAGE. s. m. Terme de Marine. C’est, dit le Manœuvrier, un retranchement fait avec des filets & des cordes dans le pourtour d’un vaisseau, & qu’on remplit de matelas & des hardes de l’équipage. On l’établit au-dessus de la seconde batterie, & le long des passe-avants. Ce retranchement préserve les fusilliers & les manœuvriers des coups de canon de fusil & de mitraille. On bastingue aussi le gaillard d’arrière & les Hunes.

☞ BASTINGUE. s. f. On appelle ainsi sur les vaisseaux les toiles matelassées qu’on tend le long du plat-bord des vaisseaux pendant le combat, afin de couvrir les soldats & les matelots, & de les mettre à couvert de la mousqueterie.

☞ On dit aussi Pavesade.

☞ BASTINGUER. (se) v. récip. Terme de Marine, qui exprime l’action de tendre des bastingues. On dit qu’un vaisseau se bastingue, lorsqu’il se prépare au combat, en faisant un pareil retranchement.

☞ BASTINGUÉ, ÉE. part.

BASTION. s. m. Ouvrage de fortification, grosse masse de terre qui est souvent revêtue de brique, & quelquefois de pierre, qui s’avance en dehors de la place, pour la fortifier à la moderne. Saxeus, vel terreus agger in aciem prominens, propugnaculum. Il est composé de deux faces, ou pans de muraille, qui font un angle saillant & de deux flancs qui l’attachent aux courtines, avec une gorge par où l’on y entre. L’union des deux faces fait l’angle saillant, que l’on appelle simplement l’angle du bastion. L’union des deux faces aux deux flancs fait les angles des côtés, qu’on appelle autrement épaules ; & l’union de l’autre extrémité des flancs avec les courtines forme les angles des flancs.

Ce mot peut venir de bâton. Port-R. Voy. Bâtir.

Etrangler les bastions. Voyez Etrangler. Attaquer, défendre, relever un bastion.

On dit pendant un siége, attacher un Mineur au bastion. Sapper, miner un bastion. Se loger sur le bastion.

☞ Il y a plusieurs espèces de bastions.

☞ Le bastion creux, ou vide est celui qui n’est qu’une simple enceinte d’un rempart ou d’une muraille avec leurs parapets. Le rempart est mené parallèlement aux flancs & aux faces, de manière qu’il reste un vide dans le milieu.

☞ Le bastion plein, ou solide, est celui qui est tout rempli de terre, sur lequel on peut combattre & se retrancher.

Bastion simple, est celui dont les flancs sont en ligne droite.

Bastion composé, c’est celui dans lequel les deux côtés du polygone intérieur sont fort inégaux, ce qui fait ainsi des gorges inégales.

Bastion coupé, est celui qui a un angle rentrant à la pointe, fait en tenaille, lorsque dans ce remède il auroit été trop aigu.

On appelle aussi un bastion coupé, celui qui est retranché de la place par quelque fossé : quelques Ingénieurs ayant enseigné la façon de fortifier par des pièces détachées, en ce cas on les appelle Bavelins.

Bastion double, se dit lorsqu’il y en a deux ou trois l’un sur l’autre, tels que ceux qui sont bâtis sur des collines, comme à Besançon, Namur.