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BAN

des insinuations qui en est le dépositaire, & qui en délivre les expéditions. Voyez M. De la Mare, Traité de la Police, Liv. I, Tit. XV, ch. 2.

BANNIMENT. s. m. Terme usité au Parlement de Toulouse, pour signifier, saisie. Sans préjudice des bannissemens, c’est-à-dire, des saisies.

BANNIR. v. a. Exiler quelqu’un, le faire sortir d’une Juridiction, d’une Province, d’un Royaume, par sentence ou condamnation de Justice, à perpétuité, ou pour un temps. Aliquem exilio mulctare, afficere, in exilium ejicere. A Rome, dans les premiers temps, on ne pouvoit pas bannir un Citoyen ; mais on lui interdisoit l’usage de l’eau & du feu, afin que se voyant privé de deux élémens si nécessaires à la vie, il fut obligé de se retirer lui-même de la ville pour les aller chercher ailleurs.

Bannir, se dit par extension, pour chasser, éloigner quelqu’un de sa présence. Expellere. Cette fille a banni son amant, elle ne le veut plus voir. ☞ Bannir quelqu’un d’une société, des bonnes compagnies.

On dit aussi, se bannir de la Cour. Secedere ex Aulâ ; se bannir du monde, mundo valedicere ; pour dire, s’en retirer. ☞ Se bannir d’une compagnie, s’abstenir d’y aller.

Bannir, se dit figurément. Eloigner de soi. Expellere, depellere. Il faut bannir le chagrin. Il faut bannir un ingrat de sa mémoire, une pensée criminelle de son esprit. ☞ Bannir toute crainte. Cette fille a banni toute pudeur.

Laissons-les s’applaudir de leur pieuse erreur,
Mais pour nous bannissons une vaine erreur. Boil.

Bannir, en quelques coutumes, signifie publier, & ainsi on dit, que les vendanges ont été bannies, quand on a publié la permission de les faire. Promulgare. On dit en plusieurs lieux, qu’une personne a été bannie, quand on a fait dans l’Eglise la publication des bans de son mariage.

Bannir, au Parlement de Toulouse, signifie saisir.

BANNI, IE. part. Exilio affectus, in exilium pulsus. Il est aussi substantif. Un banni à perpétuité & hors du Royaume ne peut ni succéder, ni recevoir un legs, parce qu’il est mort civilement, & par conséquent il est incapable de tous effets civils ; ensorte même que s’il se marie, ses enfans, quoique légitimes, ne peuvent lui succéder : on leur accorde seulement pour alimens une pension viagere ; mais ils ne sont point régnicoles, ils sont réputés étrangers. Dans la coutume de Bretagne on appelle contrat banni, le contrat qui a été publié en justice, ou en la cour du Seigneur ; & dans la coutume de Normandie on dit, Ost banni ; pour dire, armée convoquée ; ce qui se fait quand les vasseaux sont appelés pour aller en guerre, quand le Prince fait crier & convoquer ceux qui sont tenus de lui faire service en guerre à cause de leurs fiefs.

BANNISSABLE. adj. de tout genre. Qui mérite le bannissement, l’expulsion. Allez, vous êtes un impertinent, mon ami, un homme ignare de toute bonne discipline, bannissable de la République des Lettres. Molière. Mariage forcé. Sc. 4.

BANNISSEMENT. s. m. Exil ordonné par un jugement contre un accusé convaincu de crime. Exilium. Un bannissement perpétuel emporte confiscation. Un bannissement à temps, & hors le ressort de la Province seulement, ne va point au-delà de neuf ans. Autrement le bannissement hors du Royaume, qui excède le temps de neuf ans, emporte la confiscation. Parmi les Romains on perdoit le droit de bourgeoisie par le bannissement. Il y avoit deux sortes de bannissemens : la déportation, & la relégation. Par la déportation les bannis étoient transportés dans un lieu qui leur étoit désigné, avec défense d’en sortir ; & la relégation n’étoit qu’un simple exil pour un certain temps, sans perdre les droits de Citoyen. Le bannissement se faisoit autrefois à son de trompe & cri public ; ce qui lui a donné son nom. Les Officiaux en France ne condamnent point au bannissement, parce que l’Eglise n’a point de territoire, outre que ce seroit un attentat sur l’autorité royale, à laquelle seule il appartient d’ôter à une personne la qualité de Citoyen ; mais un Evêque peut ordonner à un Prêtre étranger de se retirer de son diocèse, sous peine d’être procédé contre lui par les voies de droit. Ducasse. Auboux. Le bannissement soit à perpétuité, soit pour un temps, est une peine infamante, qui rend un homme incapable d’exercer aucune charge publique. Voyez sur cette matière Brodeau sur M. Louet, Ricard, Traité des Donations, Imbert en sa Pratique, le Journal des Audiences. En France les condamnations au bannissement perpétuel doivent être écrites seulement dans un tableau sans aucune effigie, suivant l’Ordonnance pour les matières criminelles faite en 1670.

Tous ces mots viennent de l’ancien mot françois & allemand ban, qui signifie proclamation, publication, comme on l’a dit en sa place. Ces bans ou proclamations se faisoient pour obliger un homme à comparoir, soit pour levée de troupes, soit en Justice ; & parce que ceux que l’on cite ainsi par des bans ou proclamations publiques, sont ou gens absens, ou gens qui se cachent, & que d’ordinaire ils se cachent pour quelque forfait, & que plus on les cite, plus ils ont coutume de se cacher, & qu’ainsi ils s’exilent eux mêmes & se rétranchent de la société ; c’est pour cela que dans la suite le mot de bannir, c’est-à-dire, citer, s’est pris pour exiler. Voyez Chifflet dans son Glossaire salique aux mots bannire, perbannire & perbannitus, qui se trouvent dans les Lois Saliques, Tit. 52.

Ce mot se dit aussi quelquefois d’un bannissement volontaire, d’une retraite du monde, & figurément d’un ordre de s’éloigner. Cet Amant a reçu de sa maîtresse un arrêt de bannissement.

BANON. s. m. Terme de coutume. Dans celle de Normandie il y a un titre du banon & défens. On appelle banon, le temps auquel toutes les terres sont ouvertes, de sorte que chacun y peut faire pâturer ses bestiaux. Par la même coutume, les prés, & terres vides & non cultivées sont en défens depuis la mi-Mars jusqu’à la sainte Croix en Septembre, & en autre temps elles sont communes & en banon, excepté pour les porcs, chèvres & autres bêtes malfaisantes, pour lesquelles elles sont en tout temps en défens. Tempus quo prædia pascendis pecoribus patent. Jus pascendi in agris liberè. Voyez Pasquier en ses Rech. Liv. VIII. ch. 36.

BANOW. Voyez Banne.

BANQUE, s. f. Trafic d’argent qu’on fait remettre de place en place, d’une ville à une autre par des lettres de change, par des correspondances. Argentaria. Il est permis à toutes sortes de personnes de faire la banque sans être Marchand. Ce Marchand a quitté le négoce, il ne fait plus que la banque. Faire la banque ; quitter la banque. Argentariam facere, dissolvere.

Ce mot vient de l’italien banca, qui a été fait de banco : c’étoit un siége où les Banquiers s’asseyoient dans les places de commerce, d’où l’on a fait aussi banqueroute. Mén.

Ricard, dans son parfait Négociant, dit que c’étoit un banc sur lequel ils comptoient leur argent. Covarrurias dit que ce mot a la même origine que banc ; car l’espagnol banco se prend aussi pour une table ; τράπεζα, qui signifioit chez les Grecs une table, se prend aussi pour une banque, τραπεζίτης, un banquier. Guichard croit que de l’hébreu אבכ, abach, s’est fait abacus, de la banc, & de banc, banque, qui signifie banc, ou table des trafiquans en argent.

Banque. Capsa, capsula, arca. C’est la caisse ou le coffre où les Banquiers enferment leur argent, & ce qu’ils ont de plus précieux.

Banque, se dit aussi du lieu public où s’exerce ce trafic, où les Banquiers s’assemblent, & où ils avoient autrefois un banc. On lui donne aussi d’autres noms ; à Londres, c’est la Bourse ; à Lyon, le Change ; à Paris, la Place du change. On met son argent à la banque ; on y prête & on fait valoir son argent à gros intérêt ; même en quelques lieux à fonds perdu.