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BAL

☞ BAKU, BAKUYE, BACU, BACHU, ou BACHIE. Ville de Perse, dans la province de Schirwan, près de Scamachie, avec un très-beau port. Cette ville a fait donner à la mer Caspienne le nom de mer de Bahu.

BAL

BAL. s. m. Assemblée de jeunes gens de l’un & de l’autre sexe pour danser. Chorearum celebritas, celebres choræ. Ballatio se trouve dans quelques Auteurs Ecclésiastiques. Il y aura chez un tel bal, ballet & comédie. La fiancée est la reine du bal. Ces Messieurs ont couru le bal toute la nuit, & ils ont été à sept ou huit bals différens. Selon S. Chsysostôme, il n’y a point de plus dangereux ennemis que ces divertissemens nocturnes, ces bals & ces danses pernicieuses. S. François de Sales, dans l’Introduction à la vie dévote, ch.33, blâme aussi bien fortement les bals ; il avoue que les bals & les danses sont choses indifférentes de leur nature ; mais il soutient que de la manière dont cet exercice se fait ordinairement, il est plein de danger & de péril. Bussy Rab. dit à-peu-près la même chose.

On appelle la Reine du bal, celle à qui on donne le bal, & qui en fait les honneurs. On appelle aussi le Roi du bal, celui qui en fait les honneurs, & qui danse le premier.

Desmarêts a dit figurément & poëtiquement de la nuit, qu’elle conduisoit dans le ciel le grand bal des étoiles..

Nicot dérive ce mot du grec βαλλίζω, qui signifie tripudio, je danse : d’autres le font venir de βάλλω, & même de Baal, nom d’une idole qu’on honoroit en chantant & en dansant. Selon le P. Pezron ball est un mot celtique d’où vient bal, ballet, & même le grec βαλλίζω, danser.

BALACRE. s. m. Les Balacres étoient des soldats qui faisoient un corps de troupes dans l’armée macédonienne, ainsi nommés du nom de Balacer fils de Nicanor, & Gouverneur de Pisidie, qui les commandoit. Freinshemius croit que c’étoient des Phrygiens,

☞ BALAD, ou BELED. Beledum. Petite Ville de Turquie, en Asie, dans le Diarbeck, sur le bord occidental du Tigre.

BALADE. Voyez Ballade.

☞ BALADIN. Voyez BALLADIN.

☞ BALADOIRE. Voyez Balladoire.

BALAFRE. s. f. Estrafilade, taillade sur le visage, soit à coups d’épée, soit par quelque autre instrument tranchant. ☞ On le dit plus communément de la cicatrice qui reste quand la blessure est guérie. Cicacrix luculenta. Sa balafre lui donnoit un air guerrier, qui relevoit sa bonne mine. S. Evr.

Balafre, se dit aussi d’une découpure longue de deux travers de doigt, qu’on faisoit autrefois sur des pourpoints de satin. Incisura longior. On le dit encore des accrocs qui se font par accident sur les habits. Il est familier.

BALAFRER. v. a. Faire des balafres sur le visage de quelqu’un. Luculentis plagis aliquem deformare.

BALAFRÉ, ÉE. part. & adj. Luculentis cicatricibus deformatus. On a appelé Henri I Duc de Guise, le Balafré. Ce Prince est enterré avec son épouse sous un magnifique Mausolée dans l’Eglise des Jésuites de la ville d’Eu ; & Dom Duplessis remarque à ce sujet, que si le sculpteur avoit employé pour le Prince le bloc de marbre dont il s’est servi pour la Princesse, la nature & l’art auroient également concouru à faire de cette belle pièce une des rareté de l’Univers. Sur ce marbre, dit-il, qui est d’ailleurs d’une blancheur merveilleuse, il s’est trouvé une tache noire qui défigure un peu le visage de la Princesse, & qui eût représenté parfaitement la balafre du Prince. Descrip. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. T. I, p. 74.

☞ BALAGANSKOY. Ville de l’Empire de Russie, au pays des Burates, sur la rivière d’Angar.

☞ BALAGNE. Balagnia. Petit pays de l’île de Corse, dans sa partie occidentale, encre la rivière d’Ostricone & la ville de Calvi.

☞ BALAGATE, BALLAGATE, BALEGATE & BALAGNATE, autrefois royaume particulier de la presqu’Île d’en-deçà le Gange, ensuite province du royaume de Visapour, & maintenant province du Mogol. Elle est très-riche.

☞ Il y a une chaîne de montagnes de même nom.

☞ BALAGUER. Bellegarium & Valagaria. Ville d’Espagne, en Catalogne, au pied d’une colline, avec un château, sur la Segre, à trois lieues de Lerida, prise par le Comte d’Harcourt en 1645, sur les Espagnols qui furent défaits dans son voisinage.

BALAI. s. m. Instrument qui sert à amasser & à ôter les ordures, à tenir les maisons nettes & propres. Scopæ. On fait des balais de menues branches de bouleau liées ensemble au bout d’un bâton. On en fait aussi de genêt, de jonc, & de plumes pour nettoyer les tableaux & les meubles. Les artisans se servent de balais qu’ils appellent escouvette.

Ménage dérive ce mot de valletus, diminutif de vallus, à cause que les balais sont emmanchés au bout d’un bâton. D’autres avec plus d’apparence le dérivent de betula, bouleau. Du Cange le dérive de baleis, qui a signifié la même chose dans la basse Latinité, & qu’on trouve dans Matthieu Paris. Il ajoute qu’on a dit aussi balaium. Les Bas-Bretons disent balaën dans le même sens ; ce qui fait croire que c’est un vieux mot celtique.

Balai du ciel. C’est le nom que les matelots donnent sur l’Océan au vent du nord-ouest ; parce qu’il balaye, pour ainsi dire, le ciel, & le nettoie de nuages.

Balai, en termes de Fauconnerie, se dit de la queue des oiseaux ; & en Vénerie, du bout de la queue des chiens.

On dit proverbialement, hasard sur les balais, quand on surfait une marchandise de vil prix. On dit, qu’un valet fait le balai neuf, quand il sert bien les premiers jours qu’il est dans une maison. On dit aussi, c’est un balai neuf qu’on jettera bientôt derrière la porte ; pour dire, en parlant de quelqu’un qui entre au service des Grands, que tout lui rit d’abord, mais qu’on ne tardera guère à le mépriser. On dit qu’on donnera du manche du balai, à ceux à qui on veut défendre l’entrée d’un logis. Le peuple croit que les sorciers vont au sabat sur un manche de balai. On dit aussi, rôtir le balai, quand on ne profite point en quelque métier, en quelque profession. ☞ Il signifie plus ordinairement avoir été long-temps dans certains emplois. Il a long-temps rôti le balai. On s’en sert encore, pour dire, mener une vie peu aisée, obscure, ou qui tient du libertinage. Nous avons long-temps rôti le balai ensemble. Cette femme a long-temps rôti le balai. Du Barras a dit figurément & poëtiquement des vents, qu’ils étoient doux éventaux de l’air, frais balais de la terre. Mauvais style, figures peu naturelles.

Balai, en Chirurgie, brosses ou vergettes de l’estomac. Instrument composé d’un petit faisceau de foies de cochon, les plus molles & les plus souples, attachées à une tige de fil de fer ou de laiton flexible, pour balayer l’estomac, & provoquer le vomissement.

BALAI, ou BALAIS. adj. m. Qualité d’un rubis excellent mêlé de rouge & d’orangé. Carbunculus pretiosior. Ce mot vient de Balassia. Voyez Balassie, où se trouvent ces rubis balais, à ce que dit Ramusio ; dont parlent aussi Aiéton, & Paul Vénitien. Ne viendroit-il point plutôt de balascius, dont se sert Mattiotti dans la vie de sainte Françoise. Sur quoi les Bollandistes remarquent, Mart. T. II, p. 112, que les Académiciens de la Crusca définissent le balascio une pierre précieuse très-brillante, di color bruschono, sans expliquer nulle part ce que c’est que color bruschino. Les Bollandistes conjectures que ce mot pourroit venir de brusco, qui cependant signifie quelque chose de triste, d’austère, de désagréable ; ce qui ne paroît pas convenir à une pierre si brillante. Ils ajoutent que balascio est peut-être un mot lombard, qui signifieroit un cendré jaunâtre, que les Allemands appeloient Valasche. Quoiqu’il en soit, balascius est une pierre différente du rubis dans Mattiotti ; mais cela n’empêche point que l’éclat de cette pierre n’ait pû faire employer ce mot pour signifier ce qu’il y avoit de plus beau dans une autre espèce de pierre précieuse.