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BAI

rapporte un titre curieux sur cela Voyez Froissard, Matthieu Paris, Spencerus, Cambden, Salmonet, & Justiniani, qui a ramassé tout ce que les autres ont dit, Hist. di tutti l’Ord. milit. T. I, c. 150, edit. in-fol. qui est la meilleure & la plus ample. Nicod. Uptonus, De Officio militari. Lib. I, c. 3. Thomas Smith, de Republ. Angl. Lib. I, cap. 17. & André Favin, Théâtre d’honneur. Liv. V.

En 1725, le roi George rétablit l’Ordre du bain, & nomma 36 Chevaliers. Il se déclara Souverain de cet Ordre, & y associa le Prince Guillaume son petit-fils, & fit le Duc de Montaigne Grand-Maître.

Sans qu’il y eût un Ordre du bain, le bain a été en usage en France dans la création des Chevaliers ; & de vieux titres marquent que c’étoit au Grand Chambellan à préparer les bains des nouveaux Chevaliers, desquels les robes qu’ils avoient vêtues entrant auxdits bains, lui appartenoient. Du Tillet. Rec. des Rois de France, pag. 415. Voyez Du Cange au mot Miles, où il décrit toute cette cérémonie, d’après un vieux titre qu’il corrige en bien des endroits. Acosta, dans son Hist. des Indes, Liv. VII, ch. 27, dit qu’au Mexique les Prêtres lavent ou baignent les enfans des Seigneurs, avant qu’on leur fasse la cérémonie de leur ceindre le baudrier militaire. S. Grégoire de Nazianze dit qu’on initioit aussi par une semblable cérémonie les étudians dans l’Académie à Athènes.

Bain. Gros village de Lorraine. Ce lieu est distingué par trois sources d’eaux minérales, qui sont limpides & insipides. La première source est la plus abondante & la plus chaude ; elle surpasse même la source de Plombière. elle remplit le seul bassin qui est dans ce village. Ce bain a été bâti par les anciens Romains ; son ciment est encore plus dur que le roc. S. A. R. Léopold I y a fait travailler en 1713. La seconde source n’est que tiède : elle sort au côté gauche du bassin, vers le milieu, par un robinet attaché à une pyramide de pierre de taille, & au niveau de la marche du milieu du bassin. La troisième source chaude usuelle est située au-delà du ruisseau : elle sort d’un jardin par un canal de bois. Cette eau est tiède, elle a une légère acidité au goût après l’avoir bûe. Par diverses opérations de chimie, on a observé que ces eaux chaudes participent des parties spiritueuses de beaucoup de soufre bitumeux, de sel volatil talqueux, qui font 40 grains par pinte. Il est beaucoup plus modéré que celui qu’on a tiré des eaux de Plombière. Il ferment foiblement avec les acides. On voit encore à Bain au bas d’un pré près du ruisseau, des vestiges d’un ancien bain appelé Bain Casquin. Les sources chaudes de ce bain sont à présent fort divisées. Les eaux chaudes minérales & les bains de Bain, quoiqu’un peu plus foibles que celles de Plombière, conviennent aux mêmes malades que ceux qu’on envoie à Plombière, à la réserve néanmoins des Paralytiques.

Cet article est tiré entièrement des Mémoires de M. Mengin, premier Médecin Ordinaire de S. A. R. le Duc de Lorraine.

BAJOARIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de peuple. Quelques Auteurs disent que c’est la même chose que Boïen, ou Bavarois : Voyez ce mot. Plusieurs croient, & il est fort vraisemblable, que ce fut dans cette même expédition, (qui suivit la bataille de Tolbiac) que les Bajoariens, ou Bavarois, voisins des Allemands, furent soumis à l’Empire des François. P. Daniel. Selon d’autres les Bajoariens ne sont point les mêmes que les Boïens. Les Bajoariens étoient Allemands. Après la mort du roi Théodoric, ils s’emparerent du Norique, depuis la Pannonie jusqu’à la Suabe, & depuis l’Italie au Midi jusqu’au Danube du côté du Septentrion. Voyez De Valois, Rerum Francic. Lib. XXIII. p. 461.

BAJOIRE. s. f. Terme de Médailliste & de Monnoyeur. C’est une médaille ou monnoie qui a une empreinte de deux têtes en profil, dont l’une avance sur l’autre ; comme on en voit de Louis & de Carloman, du roi Henri IV, & de sa femme, & une infinité d’autres. Quelques-uns croient que ce mot vient de baisoire, à cause que les joues de ces deux têtes se baisent, & sont jointes à l’autre. Voyez Baisoir.

BAJOLE. s. m. & f. Nom de Secte. Bajolus. Voyez Bagnole.

BAÏONE. Voyez Bayone.

BAÏONNETTE. s. f. Voyez Bayonnette.

BAÏONNIER. s. m. Voyez Bayonnier.

BAJOQUE. s. f. Petite monnoie d’Italie, qui est la dixième partie d’un jule.

BAJOU. s. m. Terme de Charpenterie. C’est la première ou la plus haute des planches, ou barres du gouvernail d’un bateau foncet. Quelques-uns disent & écrivent bajoue au féminin.

BAJOUE. s. f. Partie de la tête d’un cochon, qui s’étend depuis l’œil jusqu’à la machoire. Mala.

On appelle par injure, bajoue, une personne qui a les joues avalées & pendantes. Terme de halles.

BAJOUES. Terme de Vitrier. Ce sont des éminences, ou bossages qui tiennent aux jumelles de la machine nommée Tire-Plomb, dont les Vitriers se servent pour apprêter le plomb qu’ils emploient aux vitres. On les appelle autrement coussinets.

☞ BAJOYERS, ou JOULLIÈRES. s. f. pl. En Hydraulique sont les ailes de Maçonnerie, qui revêtissent la chambre d’une écluse fermée aux deux bouts, par des portes ou des vannes qu’on leve à l’aide des calles qui filent sur un treuil, que plusieurs hommes mnœuvrent. Encyc. On donne aussi sur les rivières, le nom de Bajoyers aux bords d’une rivière, près les culées d’un pont.

BAIQUE. s. f. Les Flamands donnent ce nom à cette espèce d’étoffe de laine, que les François appellent Bayette ou Baguette.

BAIRAM. s. m. Terme de Ralation. Fête des Turcs, qu’ils célèbrent après le jeûne du Ramazan. Ils célèbrent deux bairams tous les ans : l’un qui suit immédiatement le Ramazan, comme dans l’Eglise Catholique Pâque suit le carême, & ils l’appellent le grand bairam : l’autre qu’ils nomment le petit bairam, ne vient que 70 jours après. Le bairam dure trois jours, pendant lesquels on ne travaille point : on se fait des présens les uns aux autres, & on se réjouit. si le jour qui suit le Ramazan, est obscur, ensorte qu’on n’ait pu voir la nouvelle lune, on differe le bairam au lendemain, & il commence ce jour-là, quand même la lune seroit encore couverte de nuages. Lorsqu’ils célèbrent le bairam, après avoir fait une infinité de cérémonies, ou plutôt de singeries étranges dans leurs mosquées, ils achevent cette belle fête par une prière solennelle, qu’ils font contre les fidelles, par laquelle ils demandent à Dieu qu’il lui plaise exterminer entièrement les Princes chrétiens, ou les armer les uns contre les autres, afin que par cette mauvaise intelligence ils puissent étendre les bornes de leur loi & de leur Empire. Dan. Hist. de Barb. M. d’Herbelot écrit beiram. Voyez ce mot.

☞ BAIS. Ville d’Afrique, dans le Zanguébar, sur la mer, entre les villes de Sophala & de Montbase, très-peuplée & très-marchande.

BAISE-MAIN. s. m. Offrande qu’on fait à un Curé en allant baiser la paix. Donarium. Les Curés de Paris n’on que le baise-main, qui vaut mieux que les dîmes des Curés de la campagne. Cette expression vient de ce qu’autrefois, en se présentant à l’offrande, on baisoit la main du Célébrant. C’est en cette seule occasion, que le mot de baise-main a un singulier. Vaug.

L’Académie dit que ce terme n’a présentement d’usage au singulier qu’en matière féodale, & qu’il se dit de l’hommage que le vassal rend au Seigneur de fief, en lui baisant la main. Il ne doit que le baise-main.

☞ BAISE-MAINS, au pluriel, se dit pour complimens, recommandation. Officiosa verba. Faire ses baise-mains à quelque’un. Mes baise-mains à un tel, s’il vous plaît. Salutem à me dic plurimam. Vos baise-mains ont été bien reçus, agréés.

On a aussi appelé baise-mains, certains deniers d’entrée qu’on donnoit au Seigneur foncier, quand il faisoit quelque arrentement : ce qu’on appelle aujourd’hui Pot de vin.

On appelle encore baise-main à Constantinople, l’audience que le Grand-Seigneur donne aux Ambassadeurs ; parce qu’autrefois les Ambassadeurs baisoient la main