Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAYONNETTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 813).
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BAYONNETTE. s. f. Dague, couteau pointu, sorte de petite épée longue d’un pied & demi, ou environ, qui n’a point de poignée, mais seulement un manche de bois ou de fer de 8 à 10 pouces, & qui n’a que deux petits boutons pour garde. Sica. Le manche de fer est creux pour s’enclaver dans le bout du canon des fusils sans empêcher qu’on ne les charge & qu’on ne tire, quoique la bayonnette soit au bout. Pour tenir la bayonnette ferme au bout du fusil, son manche de fer a une petite ouverture longue en forme d’équerre, où on l’engage à un petit bouton de fer qui est au bout du fusil : ce bouton la tient sujette, & sert à la retirer avec ce fusil, quand on a porté le coup. Quand le manche est de bois, on le fait entrer dans le canon du fusil & alors on ne peut plus tirer. La lame de la bayonnette est faite en forme de lancette, large d’un pouce ou deux, longue d’un pied, & fort pointue. Aujourd’hui la lame de celles que l’on donne aux soldats est plus carrée que large, & les plaies qu’elle fait étant fort profondes & peu larges, en sont plus dangereuses. Toutes les troupes d’Infanterie qui servent en campagne en France ont maintenant des bayonnettes. Les soldats appellent aussi douille le manche de la bayonnette. La bayonnette est d’un grand service aux Dragons & Fusiliers ; parce que quand ils ont fait leurs décharges, & qu’ils se trouvent sans poudre & sans plomb, ils peuvent mettre la bayonnette au bout du fusil, & s’en servir comme d’une pertuisane. Elle est par la même raison, fort utile aussi aux Chasseurs qui vont à la chasse de l’ours & du sanglier, & de toutes les autres bêtes qui viennent au feu : aussi leurs bayonnettes sont-elles plus larges que celles des Dragons, afin qu’elles fassent de larges plaies. Toute fabrique, débit, ports & usage des bayonnettes, est défendu par un Edit du Roi de 1666, excepté les bayonnettes à ressort, qui se mettent au bout des armes à feu pour l’usage de la guerre, lesquelles toutefois ne peuvent être fabriquées, ni débitées que par les ouvriers commis par le Roi à cet effet.

Ce mot est venu originairement de Bayonne, où l’on dit que la Bayonnette a été inventée.