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ABR — ABS
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ABRIEVER. v. n. Ce mot n’est plus en usage. Dans le Roman de Perceval il veut dire arriver. Advenire.

☞ ABRITER. v. a. Terme de jardinage. Mettre à l’abri du vent, de la pluie, du soleil. On abrite un espalier, des plantes délicates, &c. C’est la même chose qu’abrier qui est moins en usage.

☞ ABRITÉ. part. Qui est à l’abri. Les fruits gelent souvent, parce qu’ils ne sont pas bien abrités.

ABRIVENT. s. m. C’est tout ce qui nous garantit du vent. Quod à vento defendit. On fut obligé de prendre la paille des paillasses, pour faire des abrivents aux soldats qui n’étoient jamais relevés du chemin couvert. M. de Feuquieres.

☞ ABRIVER. v. n. Terme de rivière, qui signifie aborder au rivage.

☞ ABROGATION. s. f. Action par laquelle une chose est annullée. Abrogatio. Il ne se dit guère qu’en parlant d’une loi. Il n’appartient qu’à celui qui a le pouvoir d’en faire, d’en abroger. Voyez Abolition. L’abrogation de la pragmatique sanction, s’est faite par le concordat entre François I, & Léon X, en 1516.

Abrogation différe de dérogation, en ce que la loi dérogeante ne donne atteinte qu’indirectement à la loi antérieure, & dans les points seulement où l’une & l’autre seroient incompatibles : au lieu que l’abrogation est une loi faite expressément pour en annuller une précédente.

☞ ABROGER. v. a. Se dit particulièrement des loix. Annuller. Abrogare. La Puissance despotique abroge souvent ce que l’équité avoit établi. Ce Prince entreprit d’abroger les priviléges de la nation. Voyez Abolir, Casser, Révoquer.

ABROGÉ, ÉE. part. Abrogatus. Les Loix abrogées n’ont plus de force.

ABROHANI. s. m. ou Malle-molle. s. f. Sorte de coton qu’on apporte de Bengale, aussi-bien que de plusieurs autres parties des Indes orientales. C’est une espèce de mousseline blanche, dont la pièce a seize aunes de long, sur sept ou huit de large.

ABROLHOS. Petite île & rochers qui se trouvent vers les côtes du Brésil. Ce mot, en Portugais, signifie la même chose que Abréojos en Espagnol, Ouvre les yeux. Ces écueils s’étendent plus de cinquante lieues entre l’île de Fernando-Noronha, & la Capitanie de Rio-Grande. Ces rochers sont très-dangereux. Nos François les appellent Abrollés. Leur nom est composé des mots Portugais arbrar, ouvrir, & olhos, les yeux.

☞ ABRON. Rivière de France qui a sa source dans le Bourbonnois, coule dans le Nivernois, arrose Dorne, Thoury, Lurcy ; & après de longs circuits, va se jeter dans la Loire entre Avril & la Motte.

ABROTANOÏDE. s. f. Plante pierreuse, maritime, haute presque d’un pied, belle, fort rameuse, ressemblante à l’Aurone femelle, d’où est venu son nom d’Abrotanoïde, quasi similis abrotano. Elle croît sur les rochers.

ABROTONE. s. f. Abrotonum. Lucain, L. IX. v. 920, a dit aussi Abrotonus, m. Herbe, ou plante fibreuse & odoriférante. Elle ne peut supporter le froid, & vient mieux dans une terre maigre & sèche. Il y en a de deux sortes, mâle & femelle. La femelle se dit en Latin, Abrotonum fœmina, ou Santolina ; selon quelques Auteurs, Cupressus, Cyprès. Elle est toujours verdoyante, selon Théophraste. Elle étoit d’un grand usage dans la Médecine ; ce qui a fait dire à Horace, Abrotonum ægro non audet, nisi qui didicit, dare, &c. On dit aussi par corruption, Brotanne pour Abrotone ; mais ces deux termes sont peu usités dans la Botanique, & ne se trouvent que dans d’anciennes & mauvaises traductions de Livres de plantes. Il faut dire Aurone. Voyez ce mot.

ABROUTI, IE. adj. Terme d’eaux & forêts. Bois abroutis, rabougris ; Ce sont des bois malfaits, parce que les bourgeons ont été mangés ou broutés par les bestiaux. Noel. Mémorial Alphabétique.

ABRUCKBANIA, Apragbania. Ville de Transylvanie. Autariarum. Elle est sur la rivière d’Ompay, au-dessus de la ville d’Albe-Julie.

ABRUS. Voyez Pois de bedeau.

ABRUTIR. v. a. rendre bête, stupide. Stupidum ac bruti similem facere. Le vin l’a tellement abruti, qu’il est insupportable. On le dit aussi avec le pronom personnel. Les esprits foibles s’abrutissent dans la solitude. Vaug.

ABRUTISSEMENT. s. m. Stupidité grossière, Etat de celui qui vit en bête. Stupor. Cet homme est tombé dans un grand abrutissement. La débauche l’a plongé dans l’abrutissement.

ABRUZZE. s. f. Aprutium. C’est une des quatre parties générales du Royaume de Naples. Elle a au nord le golfe de Venise, au levant la Capitanate, avec la principauté ultérieure ; la terre de Labour au midi, avec l’Etat Ecclésiastique qui la borne aussi au couchant. L’Abruzze se divise en citérieure, ultérieure, & Comté de Molisse. Elle occupe une partie du pays des anciens Samnites. Le mot François s’est formé de l’Italien Abruzzo, & celui-ci du Latin Aprutium.

ABS.

☞ ABSCÉDER, ou Abcéder. v. n. L’Académie suit cette dernière orthographe. Abire in abscessum. Terme de Chirurgie. Se changer, se tourner en abscès. On dit qu’une jambe abscède, qu’elle est abscédée. Lorsque des parties, qui sont unies à d’autres dans l’état de santé, s’en séparent dans l’état de maladie, en conséquence de la corruption, on dit que ces parties sont abscédées.

On en fait aussi un verbe pronominal. La tumeur s’étoit abscédée. S. Yves. Mon bras s’abscède. Dans ce sens il n’est pas d’usage.

☞ ABSCÉDÉE, ou Abcédé, ée. part. Tourné en abscès. Putrefactus, in vomicam versus. Tout le lobe gauche du cerveau étoit abscédé. Acad. des S. an. 1700.

☞ ABSCÈS, plus ordinairement Abcès. s. m. Terme de Chirurgie, qui signifie une tumeur contre nature, occasionnée par un amas d’humeurs qui se fixent & se corrompent dans quelque partie du corps. Abscessus, vomica. C’est la même chose qu’apostème, parmi le peuple apostume. Toute inflammation se termine par résolution, ou par suppuration, ou par squirre ou par gangrène. L’inflammation qui se termine par suppuration, forme ce qu’on appelle abscès. Un abscès qui perce en dehors ou qui suppure, peut être guéri. Quand le mal ne paroît pas à l’extérieur, il est très-dangereux, ordinairement mortel.

☞ ABSCHARON, ou APCHERON. Ville d’Asie, sur le bord occidental de la mer Caspienne, sur une montagne.

ABSCISSE. s. f. Terme de Géométrie & d’Analyse. Abscissa. C’est dans les sections coniques, & dans toute autre courbe quelconque, une partie de l’axe comprise entre le point où commence la courbe, appelée vertex, ou tout autre point fixe que l’on voudra, & une Ordonnée. Quelques Géomètres l’appellent Flèche, sagitta ; & d’autres, Axe intercepté, ou Diamètre intercepté. Aujourd’hui nos Géomètres en France disent toujours abscisse. Comme un diamètre peut avoir une infinité d’Ordonnées, chaque Ordonnée a son abscisse correspondante, qui se prend depuis elle jusqu’à l’extrémité du diamètre. Ordonnée & abscisse sont deux termes nécessairement relatifs. Abscisse vient d’abscissa, coupée.

ABSCONS, SE. adj. Vieux mot. Caché. Absconditus, a, um.

Le chant du coq la nuict point ne prononce,
Ains le retour de la lumière absconse. Marot.

ABSCONSER. v. n. Se cacher. Abscondere, Abdere se. Vieux mot qui n’est plus en usage. On dit encore en Picardie, Esconser. Le soleil s’est esconsé. Esconsement du soleil. Occasus solis. Nicot. On trouve en Latin barbare absconsa, absconse ; pour signifier, une lanterne sourde, dont la lumière se cache, absconditur.