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dérables que les autres, & les canaux qui y répondent très-longs. Ces lacunes & ces canaux mènent à deux corps glanduleux, situés aux deux côtés de la convexité du tissu spongieux de l’uretère, près du bulbe. Ils sont chacun de la grosseur d’un noyau de cerise, mais oblongs & aplatis, & ils sont tout-à-fait couverts des muscles appelés accélérateurs. On nomme ces deux corps communément prostates inférieurs, ou antiprostates. Mais si on examine bien leur situation, on les trouvera plus bas que les vraies prostates. Il se trouve encore un troisième corps semblable, situé plus antérieurement. Winslow.

ANTIPTOSE. s. f. Figure de Grammaire, par laquelle on met un cas pour un autre. Antiptosis. Ce mot vient du grec ἀντὶ, pro, & πτῶσις, casus.

☞ Il est allez difficile de deviner ce que les Grammairiens entendent par-là. Une figure qui consisteroit à mettre un cas pour un autre, seroit un monstre dans le discours, & renverseroit tous les principes de la construction. Ceux qui donnent pour exemple de l’antiptose, ce vers de Virgile, Urbem quam statuis, vestra est, ne raisonnent pas mieux ; puisque, dans cette construction, il n’y a pas un mot qui ne soit au cas où il doit être. Peut-être n’a-t-on donné le nom d’antiptose qu’à des fautes de copistes, qu’on auroit mieux fait de corriger, ou à des manières de parler dont on n’a pas senti les rapports.

ANTIPURITAIN, AINE. s. m. & f. Antipuritanus, a. Nom qui se donne à toutes les sectes de la Grande-Bretagne, qui ne sont pas Puritaines, qui sont opposées aux Puritains.

ANTIPYIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Médicamens que l’on emploie pour supprimer, ou du moins pour diminuer la suppuration. D’ἀντὶ, & πύον pus. Tels sont en général les apéritifs, les délayans, les légers évacuans, les altérans, & en particulier les fleurs de soufre, la racine de domtevenin, &c. Il est aussi adjectif. Remède antypyique.

ANTIPYRÉNÉES. Nom d’une branche des Pyrénées. Antipyrenæus mons, Antipyrenæi montes. Les Pyrénées vers l’orient & aux confins du Roussillon, se séparent en deux bras qui embrassent cette province, & qui la séparent d’un côté de la Catalogne, & de l’autre du Languedoc : celui qui la sépare de la Catalogne, sont les vrais Pyrénées ; celui qui la sépare du Languedoc, sont les Antipyrénées, ainsi nommés, parce qu’ils sont opposés à l’autre bras, & vis-à-vis les vrais Pyrénées.

ANTIPYRÉTIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre les fièvres ; c’est la même chose que fébrifuges. Il est aussi adjectif. Remède antipyrétique.

ANTIPYROTIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre la brûlure. Tels sont l’esprit de vin, l’eau de la Reine de Hongrie, l’onguent populeum, l’huile d’œufs, le miel, & autres appliqués extérieurement. D’ἀντὶ, contre, & πυροτιϰὸς, caustique brûlant. Col. de Villars. Il est aussi adjectif. Remède antipyrotique.

ANTIQUAILLE. s. f. Terme de mépris, qui se dit des pièces antiques, ou vieux meubles qui sont de peu de valeur. Viles vetustatis reliquiæ. ☞ Amasser des antiquailles. Tous ces meubles là sont des antiquailles.

ANTIQUAIRE. s. m. Homme qui a recherché & étudié les monumens qui nous restent de l’antiquité ; qui est versé dans la connoissance des monumens antiques, tels que sont les monnoies, les statues, les livres, les médailles, & généralement toutes les pièces curieuses qui nous peuvent donner quelque connoissance de l’antiquité. Antiquarius, antiquitatis studiosus, M. Peyresc, Provençal, a été un des plus savans Antiquaires de son temps.

On donnoit aussi anciennement ce nom à ceux qui faisoient des scholies ou des notes sur les Auteurs, à cause de la connoissance qu’ils avoient de l’antiquité & de l’origine des choses. Ils écrivoient ordinairement leurs notes à la marge des livres.

Il y avoit aussi anciennement dans les villes les plus considérables de la Grèce & de l’Italie, des personnes de distinction nommées Antiquaires, dont la charge étoit de faire voir aux étrangers ce qu’il y avoit de curieux, & de leur expliquer les inscriptions anciennes, & tout ce qui concernoit ce genre d’érudition. Cette institution est une des plus belles qui aient jamais été faites, & qui mériteroit bien d’être renouvellée. Pausanias appelle ces Antiquaires Ἐξητησας, les Siciliens les appeloient Mystagogos. Il y avoit une autre sorte d’Antiquaires, qui s’attachoient à la recherche des vieux mots, dont ils affectoient de se servir, au mépris de ceux qui étoient en usage de leurs temps. Enfin, les Antiquaires étoient autrefois ce que nous appelons Copistes. Calligraphi Librarii, ceux qui transcrivoient les vieux livres. On les appeloit aussi Libraires : ils transcrivoient en beaux caractères, ou du moins lisibles, ce qui avoit été écrit en notes. Fleury. Le Code Théodosien, S. Augustin, S. 44 De verbis Dom. Cassiodore, Hist.. Tripart. Liv. II, ch. 16, le prennent en ce sens. Voyez, Rosweid, Vit. Patr. p, 1013, & les Acta Sanctor. O. B. Præf. 8., i. Præf. N. CXIV, p. LIX, & suiv. & sæc. III, p. I. Præf. XXVIII. & suiv. &c.

ANTIQUARIAT. s. m. On prononce Anticariat. Connoissance des antiquités, science dont l’objet est d’étudier & de déchiffrer de vieux titres & des monumens des anciens temps. Les vieux manuscrits, les vieilles images, inscriptions, statues, médailles, les sceaux, les cachets ; & généralement tout ce qui peut donner connoissance des coutumes de l’antiquité, est du ressort de l’antiquariat. MM. Peyresc, Spon, Patin, &c. ont été très-savans dans l’antiquariat. Jamais la science de l’antiquariat n’avoit été cultivée comme elle l’est présentement. M. Bayle, Projet d’un Dictionnaire Critique. M. Spon fut bien aise d’apprendre au public que l’on se tromperoit fort, si l’on croyoit que l’étude de l’antiquariat fût sa principale affaire. Il éprouvoit que cette opinion lui faisoit grand tort, eu égard à la pratique de la Médecine. Dict. de Bayle. Art. Marcus Pompilius Andronicus, rem. A. Vous n’ignorez rien de ce qui regarde l’antiquariat. Merc. Septemb. 1722.

ANTIQUE. adj. m. & f. Qui est fait il y a long-temps, & à l’ancienne mode. Ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. On le dit par opposition à moderne. Voyez Ancien. Antiquus. Bâtiment antique. Inscription antique. Un bâtiment n’est appelé antique, que lorsqu’il a été construit par les anciens Architectes, c’est-à-dire, du temps que les Arts étoient dans leur plus grande perfection chez les Grecs & chez les Romains. Tout ce qui a été bâti par les Modernes, & depuis le rétablissement des Arts, ne s’appelle point antique ; on dit seulement d’un bâtiment construit selon l’ancienne architecture, qu’il a un air antique, qu’il est d’un goût antique, de l’architecture antique, qu’il a la manière antique. C’est ainsi que parlent les maîtres, pour signifier ce qui est travaillé dans la correction & le bon goût de l’antique. Voyez la Préface de Daviler. Tout de même dans les médailles, on appelle Antiques, celles qui ne sont point fausses, ni contrefaites, mais qui ont été effectivement frappées par les Grecs & par les Romains. A quoi il faut ajouter, les Lois antiques ; ce qui ne se dit que de ces Lois qui ont été recueillies sous le titre de Code des Lois antiques, en un seul volume, qui comprend les lois des Visigoths, les lois des Bourguignons, la loi Salique, qui étoit celle des Francs, &c. Les mots, & les phrases de la vieille cour, sont comme ces habits antiques, dont on ne se sert que dans les mascarades & dans les balets. Bouh. Les Stuarts tenoient depuis plusieurs siècles le sceptre d’Ecosse, & descendoient de ces Rois antiques, dont l’origine se cache si avant dans l’obscurité des premiers temps. Cet homme de bonne foi antique, a su joindre la politesse du temps, à la bonne foi de nos peres. Fléch. Elles trouverent ces manières bien bourgeoises, & le sentiment que j’ai là-dessus bien antique, pour un défenseur des modernes. Perr. Dans les plus beaux bas reliefs antiques, on y remarque des défauts de jugement. Felib.

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