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rent où leur fourberie a plus de pratique, & ils sont visités principalement des femmes, avec lesquelles ils ont souvent un autre commerce que celui de la dévotion. Duloir, Voy. du Lev. p. 159.

ABDAR. s. m. Terme de relation. Nom de l’officier qui sert de l’eau à boire au grand Sophi de Perse. Oléarius dit, dans son voyage, que l’Abdar garde l’eau destinée pour le Roi dans une cruche cachetée, de peur qu’on n’y mêle du poison.

ABDARA. Abdera, æ, ou Abdara. Ancienne ville d’Espagne, dans la Bétique, sur la côte de la Méditerranée. Elle avoit été bâtie par les Carthaginois. On la place ordinairement dans ce que nous appellons aujourd’hui le Royaume de Grenade, à-peu-près où est Adra, qui peut-être est Abdara même, dont le nom s’est corrompu.

ABDELARI. s. m. Plante d’Egypte, dont le fruit ressemble beaucoup à un Melon : il est pourtant un peu plus oblong & aigu à ses extrémités.

ABDERE. Abdera, orum. Ancienne ville de Thrace. Plusieurs Savans croient qu’elle fut bâtie par Abderus, ou bien par Hercule, en mémoire d’Abderus, qui avoit été déchiré par les chevaux de Diomède. Leurs garans sont Philostrate, Etienne de Bysance, Scycmus de Chio, &c. Mais Solin & Méla disent qu’elle fut bâtie par Abdera sœur de Diomède, qui lui donna son nom ; & sur les Médailles de cette ville, on lit d’un côté ΑΒΔΗΡΑΣ ΚΟΡΑΣ, avec la tête d’une Héroïne. Voyez M. Spanheim, p. 562. & suiv. Elle fut rebâtie par Timésius, qui y conduisit une Colonie de Clazoméniens ; & ensuite vers la 31e Olympiade, c’est-à-dire, environ 650. ans avant J. C. Les Téiens, peuples de l’Asie-mineure, ne pouvant souffrir la domination des Perses, passerent en Thrace, & s’établirent à Abdere. Quelques Auteurs veulent que ce soit Aspérosa, ville maritime de Romanie. Voyez Aspérosa. Elle a encore été nommée Astrizza.

ABDÉRITE. s. m. Abderites, Abderita. Qui est de la ville d’Abdere. Les Médailles de cette ville ont une tête rayonnée, avec ce mot ΑΒΔΗΡΙΤΕΩΝ. Les Abdérites étoient si stupides, que leur stupidité avoit passé en proverbe, & qu’on disoit, Un esprit d’Abdere, Abderitica mens, pour, un esprit grossier, pesant, stupide. Cicéron ad Attic. viij. ep. 7. appelle un projet mal concerté, sans vûes, sans prudence, Un projet Abdéritique. Abdere néanmoins produisit de grands hommes, témoin Protagore & Démocrite.

ABDEST. s. m. Terme de relation. Nom que les Persans & les Turcs donnent à la Purification que la Loi leur ordonne, & qu’ils pratiquent avant que de commencer toutes leurs cérémonies. Lavatio, ablutio. Les Turcs font cette Purification en versant de l’eau sur leur tête, & se lavant les pieds trois fois ; mais les Persans se contentent de passer leur main mouillée deux fois sur leur tête, & ensuite sur leurs pieds. Abdest est un mot Persan composé d’ab, qui signifie de l’eau, & de dest, la main. Voyez Oléarius & Ricault : l’un parle de l’Abdest des Persans, & l’autre de celui des Turcs. Les Turcs ont trois sortes d’ablutions. La première, qu’ils appellent Abdest, & qui consiste à se laver les mains, les bras, le front, le visage, le dessous du nez & les pieds, leur sert à se préparer à prier Dieu, pour entrer dans la mosquée & pour lire l’Alcoran. Interp. de la Porte. Les Turcs font l’Abdest tous les jours au matin. Ils se tournent pour cet effet vers la Mecque, & ils se lavent trois fois la bouche, les mains, le nez, les bras, la tête, les oreilles, les pieds, lavant le pied droit le premier. Ils se jettent aussi trois fois de l’eau au visage. Bruyn. Voyez encore Ablution.

ABDIARE. s. f. Royaume d’Asie. Abdiara. Il est dans l’Inde, au-delà du Gange, au nord de celui de Pégu, duquel il dépend.

Abdiare. Abdiara. Capitale du Royaume d’Abdiare. Elle est située sur la rivière de Pégu, environ à vingt lieues au-dessus de la ville de ce nom. Quelques Géographes regardent ce Royaume & la ville de ce nom comme imaginaires, & l’autorité de Vincent Le Blanc, qui en a parlé le premier, leur paroît fort suspecte.

ABDIAS. s. m. Nom du quatrième des douze petits Prophètes, que les protestans appellent communément Obadias, faisant passer la prononciation Hébraïque dans les autres Langues. Ce nom vient de עבד abad, servir, honorer, & יה Ja, abrégé de Jehovah, nom de Dieu. Ainsi il signifie, serviteur de Dieu, ou de Jehovah.

C’est aussi le nom d’un Auteur fabuleux, qui rapporte une histoire apocryphe du combat des Apôtres. Cet imposteur se vante d’avoir vu J. C. d’avoir été l’un des soixante-douze Disciples, d’avoir suivi en Perse S. Simon & S. Jude, & d’avoir assisté aux actions & à la mort de plusieurs Apôtres ; & entr’autres, il rapporte celle de S. Thomas, qui fut, dit-il, déchiré par un lion, peu de temps après avoir maudit un homme. Wolfgang Lazius qui découvrit le manuscrit de toutes ces fables dans une caverne, le publia à Bâle en 1551. Mais malgré l’éloge qu’il en fait, jusqu’à le mettre en parallèle avec les Actes des Apôtres, rapportés par S. Luc, les savans critiques en ont fait voir la fausseté par une infinité de contradictions. Voyez Jean Hessels, Bayle & Dupin.

☞ ABDICATION. s. f. Acte par lequel on renonce volontairement à une dignité éminente dont on est revêtu. Abdicatio. Mot composé de ab & de dicere déclarer. On ne doit pas confondre l’abdication avec la résignation, la démission, l’abandonnement, la renonciation, & le désistement. L’abandonnement, dit M. l’Abbé Girard, l’abdication & la renonciation se font. Le désistement se donne, la démission se fait & se donne.

On fait un abandonnement de ses biens, une abdication de sa dignité & de son pouvoir, une renonciation à ses droits & à ses prétentions, une démission de ses charges, emplois & bénéfices, & l’on donne un désistement de ses poursuites.

L’abdication se fait purement & simplement. La résignation se fait en faveur d’une tierce personne.

On dit abdication, en parlant de celui qui abdique, & de la chose abdiquée. L’abdication de Charles V. L’abdication de l’Empire. Quelques politiques regardent l’abdication d’une couronne, plutôt comme un effet du caprice ou de la foiblesse de l’esprit, que comme une grandeur d’ame.

On dit, L’abdication d’un fils rebelle & désobéissant. Dans le droit Civil l’abdication est opposée à l’adoption. L’abdication n’étoit différente de l’exhérédation que dans cette circonstance : c’est que le fils abdiqué étoit exclus de la famille & de la succession paternelle, par un acte public pendant la vie du pere ; au lieu que l’exhérédation n’avoit d’exécution qu’en vertu de son testament. Les causes de l’abdication étoient les mêmes que celles de l’exhérédation.

Harris, dans son Dictionnaire Anglois des Arts, dit qu’on trouve qu’abdication s’est dit encore d’un homme libre qui renonce à sa condition pour se faire esclave, ou d’un Citoyen Romain qui renonce à cette qualité & aux priviléges qui y sont attachés.

On dit aussi au Palais, Faire une abdication de biens, quand on fait un abandonnement entier.

ABDIQUÉ, ÉE, participe passif & adjectif. Abdicatus.

☞ ABDIQUER. v. a. Renoncer volontairement à une dignité souveraine, s’en dépouiller. Abdicare. Dioclétien & Charles-Quint ont abdiqué l’Empire. Il se dit aussi absolument. Ce Prince a été forcé d’abdiquer.

Il se dit aussi en parlant des Magistrats des anciens Romains. Abdiquer la Dictature, le Consulat.

Par extension il se dit des principaux emplois, & des places éminentes. Ce Général d’ordre a abdiqué. Acad. Franç.

On dit en Droit, Abdiquer un fils ; pour dire, L’abandonner, le chasser de sa maison, ne le reconnoître plus pour fils. C’est l’exhéréder, & le priver de tous les avantages attachés à sa qualité de fils. Est quasi negare filium.

ABDOMEN, s. m. Terme d’Anatomie, qui signifie la partie extérieure du bas-ventre, depuis les cuisses en remontant jusqu’au diaphragme. Abdomen. C’est, dit