Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABLUTION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 29).
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☞ ABLUTION. s. f. Ablutio. Cérémonie Réligieuse, pratiquée chez les Romains, comme une sorte de purification pour laver le corps avant que d’aller au sacrifice. C’est pour cela qu’à l’entrée des temples il y avoit des vases de marbre remplis d’eau. Ils avoient sans doute pris cette coutume des Juifs. Salomon, à l’entrée du temple qu’il fit bâtir, plaça un grand vase, que l’écriture appelle la mer d’Airain, où les Prêtres se lavoient avant que d’offrir le sacrifice, après avoir sanctifié l’eau, en y jetant les cendres de la victime immolée.

Ce mot d’Ablution est particulièrement usité dans l’Eglise Romaine, pour signifier un peu de vin & d’eau que les communians prenoient autrefois après l’hostie, pour la consumer plus facilement, ou qui sert encore aujourd’hui à laver les doigts du Prêtre qui a consacré.

Ablution. Se dit aussi des bains religieux, ou plutôt superstitieux des Turcs. Jamais les Turcs ne prient Dieu dans les mosquées, ni ailleurs, qu’ils n’aient fait la grande ou petite ablution. La première se nomme Ghousl, qui est un lavement général de tout le corps. Cette ablution leur est commandée quand ils ont couché avec leurs femmes, quand ils ont eu quelque pollution en dormant, ou qu’en urinant, une seule goutte d’eau est tombée sur leur chair. D’où vient qu’ils évitent cet accident en s’accroupissant avec un soin ridicule. Et afin que rien ne soit à couvert de l’eau qui les purifie, ils se rognent les ongles, & ils se font tomber, ou rasent tout le poil, excepté celui de la barbe aux hommes, & celui de la tête aux femmes. La seconde ablution se nomme Abdest, & est celle qu’ils font toujours immédiatement avant l’oraison, quand ils sont en un lieu commode. Auprès de toutes les mosquées, on pratique, autant qu’il est possible, des bains pour le Ghousl, & des fontaines pour l’Abdest. Par la petite ablution, ils croient se purifier les cinq sens du corps ; ils se lavent les mains & les bras jusqu’au coude, & puis le nez, les yeux, les oreilles, le dessus de la tête, & les pieds. Ils prétendent que cette eau a le même effet que l’eau bénite parmi nous, & ils la jugent si nécessaire au repos de leur conscience, que quand elle leur manque, après avoir déchargé leur ventre, ils font suppléer la terre à l’eau, & ils nomment cette cérémonie Tehyemmum. Duloir. Voyage du Lev. p. 140. 141.

Les Médecins & les Apothicaires appellent ablution, une préparation du médicament dans quelque liqueur, pour le purger de ses immondices, ou de quelque mauvaise qualité.

Ablution, se dit aussi chez les Religieux qui portent des habits blancs, de l’action de les blanchir & de les nettoyer. Lotio, lotura. Il y a aussi des écriteaux qu’on met dans les cloîtres pour marquer les jours d’ablution.