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La ligne Alexandrine. Christophe Colomb ayant découvert le Nouveau Monde ou les Indes occidentales, & étant revenu en Europe au mois de mars de l’an 1493, les Rois Catholiques Philippe & Isabelle demanderent au Souverain Pontife Alexandre VI la donation de ce nouveau Monde. Alexandre, par une Bulle du 4 Mai de la même année, leur accorda la possession de toutes les îles & terres trouvées & à trouver du côté de l’occident & du midi, tirant une ligne du pôle arctique au pôle antarctique, qui passeroit à cent lieues à l’occident des Açores & du Cap verd. C’est ce qu’on appelle la ligne Alexandrine, du nom de ce Pape. Il ordonna néanmoins par la même Bulle, que les Princes qui auroient reconnu & possédé quelques pays jusqu’au jour de Noël précédent, qui étoit le premier jour de l’année 1493, au-delà de cette ligne, en demeureroient en possession. Les différens des Espagnols & des Portugais firent dans la suite des changemens à la ligne Alexandrine. Voyez Spond, à l’an 1493. §. 8, 9, 10.

Clément Alexandrin est un Auteur ecclésiastique du IIIe siècle, natif d’Athènes, mais appellé Alexandrin, parce qu’il y expliqua l’Ecriture Sainte. Il fut maître d’Origène.

ALEXANDRIN. s. m. Alexandrinus ager, ou tractus. Petite province du duché de Milan, dont Alexandrie de la Paille est la capitale. Nous étions en quartiers d’hiver dans l’Alexandrin. Il s’étend vers le Montferrat qui le termine au couchant & au midi, ainsi que le Tortonnois au levant.

Alexandrin. adj. m. Epithète qu’on donne à un certain genre de vers de la Poësie Françoise. Alexandrinus. Ces sortes de vers sont alternativement de 12 & de 13 syllabes ; c’est-à-dire, que les masculins sont de 12, & les féminins de 13 syllabes. Ils ont leur repos à la sixième syllabe. On leur a donné le nom d’Alexandrins, à cause d’un Poëme de la vie d’Alexandre, qui fut composé avec cette mesure de vers par Alexandre de Paris, Jean li Nevelois, Lambert li Cor, & autres vieux Poëtes François. D’autres disent que l’Alexandriade étoit un Poëme latin que Guillaume le Court & Alexandre de Paris ne firent que traduire en vers François de douze syllabes ; & que ce fut du nom d’un des Traducteurs que ces vers prirent leur nom. C’est le sentiment de M. le Gendre, Mœurs & Coutumes de France, p. 264. Mais ce genre de Poësie ne fut point approuvé, & l’on en négligea même absolument l’usage. Du temps de Marot ils étoient encore si peu connus, que quand il s’en servoit, il avertissoit le lecteur en mettant ce titre, Vers Alexandrins. Baïf & du Bartas en renouvellerent l’usage : Ronsard s’est vanté de les avoir remis en vogue, & en honneur. Cependant les Poëmes héroïques étoient encore composés de vers de dix & de onze syllabes, qu’on nommoit, Vers communs. Mais les meilleurs Poëtes s’apperçurent enfin, que les vers Alexandrins sont les plus propres pour les Poëmes épiques, & pour la Poësie la plus relevée. C’est pourquoi on les appelle, Vers Héroïques. Les vers de dix syllabes furent trouvés trop courts pour y renfermer un sens achevé ; au lieu que les vers Alexandrins sont d’une juste longueur, pour parler plus sententieusement. Ils sont plus magnifiques, & plus resonnans, & la composition est plus grave. Ils tiennent dans la langue Françoise la place des vers hexamètres des Grecs & des Latins, & ils sont propres aux sujets héroïques. On s’en sert aussi pour les pièces de théâtre, & ils ont très-bonne grâce dans une élégie amoureuse, & plaintive. Pasq. Men.

ALEXANDROW. Ville de Pologne. Alexandrosium. Elle est dans la basse Podolie, au midi de Braclaw.

ALEXIE, ou ALISE. Alexia, Alesia. Ancienne ville des Mandubiens dans les Gaules, fameuse dans les Commentaires de César, & par le siége qu’elle soutint contre lui. Il y a encore une ville de ce nom en Bourgogne, dans l’Auxois, sur la pente d’une colline, au pied de laquelle le ruisseau de Loze & celui d’Ozerain, se jetent dans la Brenne, situation qui convient à la description que César fait de l’ancienne Alexie, ce qui fait croire avec raison que celle-ci a été bâtie sur les ruines de la première, que César fit détruire. Alexie, dit Vigenère, n’est plus maintenant qu’un pauvre petit bourg auprès de Flavigny, au pays d’Auxois, peu éloigné de la ville d’Auxonne, qui a hérité de son nom. Ailleurs il dit que ce n’est que conjecture. Voyez Alise. Diodore le Sicilien, c’est encore Vigenère qui parle, Diodore dit au IVe Livre, ch. 2. qu’Alexie fut fondée par le grand Hercule, pour être la Métropolitaine de toute la Gaule, après y avoir aboli l’inhumaine coutume de mettre à mort les étrangers survenans, & la nomma ainsi, comme qui diroit Conjonctive, ou Copulative, à cause de l’association de tant de nations différentes qui s’y réunirent. Elle fut toujours très-florissante depuis, vivant en liberté & selon ses loix & statuts à part, sans reconnoître personne que soi-même jusqu’au temps de César. Voyez les Commentaires de César, de la guerre des Gaules, L. VII.

ALEXIEN. s. m. Nom de Religieux, nommés autrement Cellites. Alexianus. On ne sait point l’origine ni le fondateur de cet Ordre. Ce furent d’abord des Séculiers unis ensemble sans être liés par aucun vœu. Ils avoient soin des malades. Aubert le Mire dit que leur Institut fut approuvé par Boniface IX, Eugène IV, & quelques autres Papes. Dans la suite ils embrasserent la règle de Saint Augustin, firent des vœux solennels, ce qui fut confirmé en 1642 par Sixte IV. On les appela Alexiens, parce qu’ils prirent Saint Alexis pour leur patron ; Cellites, selon François Modius, à cause des cellules où ils pansoient les malades. En Flandre on les nomme Cellébroedes. Voyez le P. Helyot, T. III. c. 54. A Liége on les appelle Lollards. Id. p. 408.

ALEXIPHARMAQUE ou ALEXITERE. adj. Souvent employé substantivement, composé des mots Grecs ἀλεξω, repousser, & φαρμαϰον poison. Ainsi ce mot s’applique aux remèdes que l’on emploie contre les venins ; capables de résister à tout ce qu’on appelle communément venin. Car nos Anciens croyoient qu’il y avoit du venin dans toutes les maladies malignes, & dans la plûpart de celles dont la cause leur étoit inconnue. Alexitère, Cordial, Antidote, sont des mots synonymes. On divise ordinairement les Alexipharmaques, en ceux qui sont plus généraux, & en ceux qui sont particuliers, & qui ne conviennent qu’à certain poison, ou qui ne combattent qu’une espèce de venin ; mais cette division est plus spéculative que pratique. Voyez Antidote, Peste, Poison & Venin. Les Alexipharmaques sont des médicamens, qui contiennent beaucoup de parties volatiles, & qui peuvent rendre fluide la masse du sang. La plûpart sont aromatiques & piquans au goût. Il est vrai qu’il y a certaines plantes qui sont acides, & qui n’ont été mises au nombre des Alexipharmaques, que parce qu’elles conviennent dans les fièvres malignes colliquatives. On dit, la carline est Alexipharmaque, la thériaque est un puissant Alexipharmaque, la thériaque est un merveilleux antidote, un bon alexitère. Ces sortes de remèdes, soit simples, soit composés, sont aussi regardés comme des préservatifs contre les fièvres malignes & pestilentielles : on doit cependant en user avec précaution, puisque les uns ne conviennent que dans le temps de l’épaississement, & les autres contre les colliquations du sang. Alexipharmacus.

ALEXIS. s. m. Alexius. Nom propre d’homme.

ALEXITÈRE. s. m. & adj. Alexiterium. C’est la même chose qu’Alexipharmaque, & Antidote ; si ce n’est que quelques-uns prennent les Alexitères pour des médicamens externes, & les Alexipharmaques pour des remèdes internes. Ce mot est grec, ἀλεξιτήριον, qui défend, qui porte remède.

☞ ALEZAN. Voyez Alesan.

ALÈZE. Voyez Alèse.

ALEZER. v. a. Voyez Allezer.

ALEZOIR. Terme d’Artillerie. Voyez Allezoir.

Alezoir. Terme d’Horlogerie. Voyez Allezoir.

ALEZURE. Voyez Allezure.

ALF.

ALFACQS. Bourg & cap de la côte de Catalogne, en Espagne. Alfaquium. Ce bourg est sur le cap auquel il donne son nom, à l’occident de l’Ebre.

ALFANDIGA.