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ALC

de Sonna. Voyez le mot Sonna. Voyez aussi le mot Mahométisme.

L’Alcoran a été traduit en François par André du Ryer, Sieur de Maillezais.

L’Auteur des Remarques sur le voyage du P. Jérôme Dandini, Jésuite, au Mont Liban, rapporte que les Mahométans ont une Théologie positive appuyée sur l’Alcoran, & sur la tradition, & une autre Scholastique sur la raison ; qu’ils ont leurs Casuistes, & une espèce de Droit Canon, où ils distinguent ce qui est de droit divin d’avec ce qui est de droit positif. Ils ont aussi des espèces de Bénéficiers, de Chapelains, d’Aumôniers, & de Chanoines, qui lisent chaque jour un Chapitre de l’Alcoran dans la Mosquée, & qui ont des Prébendes pour cela. Le Hatib de la Mosquée est proprement ce que nous appelons le Curé d’une Paroisse ; & les Scheis sont les Prédicateurs qui tiennent devant eux l’Alcoran ouvert, & qui en lisent quelque verset pour leur servir de texte. Voyez d’Herbelot au mot Alcoran. M. Joly, dans son Voyage de Munster, dit qu’un docte personnage de ses amis appeloit l’apologie pour Messire Henri-Louis Chastaignier de la Rochepozai, Evêque de Poitiers, contre ceux qui disent qu’il est défendu aux Ecclésiastiques de prendre les armes en cas de nécessité, l’Alcoran de l’Evêque de Poitiers. De Vig. Mar.

Alcoran. s. m. ou Alcorane. s. f. Turris fanorum mahummedanicorum. Les Perses appellent aussi Alcoran une espèce de tours ou clochers étroits & hauts, accompagnés en dehors de deux ou trois galeries les unes sur les autres, d’où leurs Moravites, qui sont une espèce de leurs Prêtres, font leurs prières à haute voix, trois fois le jour, & cela avec un ton fort clair & grave, en faisant le tour de la balustrade, ou galerie, afin d’être mieux entendus par-tout. Wicquefort, Ambass. de Figuer. Le même Auteur dit plus bas Alcorane au féminin, & en fait une espèce d’adjectif. On voyoit 27 colonnes posées sur leurs bases, & si hautes, que les Perses & les Arabes les appellent Alcoranes, qui sont certaines tours hautes, & menues, dont ils ornent leurs principales Mosquées. Id.

ALCORANISTE. s. & adj. Qui est attaché aux fables débitées dans l’Alcoran. Alcoranis fabulis fidem adhibens. Les Alcoranistes, gens attachés aux fables débitées par leur faux Prophète, croient qu’il y a une montagne appelée Caph, qui entoure tout le globe de la terre & de l’eau, & qui borne de tous côtés son hémisphère. D’Herb. Bien des Mahométans ne sont point Alcoranistes.

ALCORE. s. f. Espèce de pierre parsemée de petites taches qui ressemblent à de l’argent. Dict. de James.

ALCOVE. s. f. Les Architectes le font masculin : mais dans l’usage ordinaire il est féminin. C’est la partie d’une chambre qui en est séparée par une estrade, & par quelques colonnes, ou ornemens d’Architecture ; on y place d’ordinaire le lit ou des siéges, comme dans un lieu retiré.

Dans le réduit obscur d’une Alcove enfoncée,
S’élève un lit de plume à grands frais amassée.

Boil.

Nos Cabanes, Segrais, ne sont point magnifiques :
Nous dédaignons l’orgueil des Alcoves dorés,
Nous possédons des bois, des musettes rustiques,
Des moutons & des prés.

Un homme n’est point heureux s’il n’a la goutte dans une magnifique Alcove. Balz. Le mot est venu de l’Espagnol alcoba ; & les Espagnols l’ont pris de l’Arabe elkhaub, où il signifie seulement un cabinet, ou le lieu où l’on dort ; ou d’elcobat, qui signifie tabernaculum. Gousset prétend que ce sont les Arabes qui ont porté ce nom en Espagne ; qu’il est composé de l’article Arabe al, & de l’Hébreu עבת qui, selon lui, ne signifie pas lupanar, comme on l’interprète ordinairement, mais un lieu dans une tente à mettre le lit. Quelques lits des Turcs sont enfermés dans des armoires, comme ceux des Chartreux, qui sont de véritables alcoves. Du Loir. Voyage du Levant, p. 70.

☞ ALCOYTIN. Petite Ville de Portugal, dans l’Algaroe, sur une colline, à sept lieues de Tavira.

☞ ALCREBIT. s. m. Instrument de fer qui garnit une ouverture faite à la partie postérieure du fourneau à fondre les mines. Il sert à recevoir le canon du soufflet ; desorte que le bout du soufflet ne déborde point dans le fourneau.

☞ ALCUDIA, ou ALCUDY. Petite ville de l’île de Majorque, avec un assez bon port, à une lieue de Puglienza.

☞ Le Cap d’Alcudy est une pointe fort haute & escarpée, qui sépare la baie d’Alcudy de celle de Puglienza.

ALCYON. s. m. Espèce d’oiseau de mer, de la grosseur d’une caille, au plumage bleu, vert & rouge, qui couve sous l’eau, & parmi les roseaux. Alcyon, ou Alcedo. Belon dit que l’Alcyon est un oiseau de mer, qui fait son nid parmi les roseaux ; qu’il a le corps de couleur rousse & enfumée, le bec tranchant, & les jambes & les pieds cendrés. Quelques-uns l’appellent Martinet, ou oiseau de Saint Martin, & sur-tout en Normandie ; ou Martinet pêcheur : & en quelques lieux on le nomme Drapier. Les Naturalistes disent que la mer est calme quand les alcyons font leurs nids. Voyez plus bas Alcyonien.

On rencontre sur le Bosphore de Thrace de petits oiseaux que quelques-uns du pays veulent persuader être des alcyons : mais on n’en trouve jamais de nids, quoiqu’il y ait souvent bonace sur cette mer ; & tous les jours de l’été qui sont sereins, on les voit par bandes remonter le Bosphore quand le soleil se couche. Leur plumage est tout blanc : leur vol est bas, mais très-rapide, & les Turcs prennent plaisir à le leur faire précipiter encore davantage, en leur criant par plusieurs fois ce mot Kyl, qui veut dire Teigneux. Du Loir, Voyage du Levant, p. 75.

On appelle encore alcyons, certaines plantes marines qui ont quelque rapport aux éponges. Les alcyons sont composés de filamens semblables à ceux de la grosse filace de chanvre, couverts d’une espèce d’écorce toute percée, mais dont l’œil a de la peine à appercevoir les trous sans le secours du microscope. La matière des alcyons est toujours la même, mais la forme en varie de toutes les manières. Voyez Alcyonium.

ALCYONE. s. f. Terme de Mythologie. Fille d’Eole ou de Neptune qui épousa le Roi Ceyx. Ce Prince ayant fait naufrage en revenant de consulter l’Oracle d’Apollon, Alcyone en eut tant de douleur, qu’elle se précipita dans la même mer & dans le même endroit où elle vit flotter le corps de son mari. Les Dieux touchés d’une action si généreuse ne la voulurent pas laisser sans récompense, & métamorphoserent ces deux époux en alcyons, oiseaux de mer qui ne se séparent jamais, & qui s’entreportent même lorsque la lassitude ou le mauvais temps leur ôte la force de voler. Ovide, Mét. lib. II.

ALCYONÉE. s. f. Un des plus redoutables Géans qui attaquerent Jupiter.

☞ ALCYONIEN, ENNE. adj. Qui appartient aux Alcyons, qui concerne les Alcyons. Alcedonius. Il n’a d’usage que dans cette phrase, jours alcyoniens, jours pendant lesquels les alcyons font leurs nids, couvent leurs œufs. Ces jours sont sept jours avant le solstice d’hiver, & sept jours après, pendant lesquels les Poëtes ont feint que la mer étoit calme & tranquille. Cet espace de temps s’appelle alcedonia, orum. neutre pl.

ALCYONIUM. s. m. Nom d’un genre de plante marine, dont les espèces sont spongieuses, & quelquefois pierreuses ; mais presque toujours informes. Imperatus en décrit quatre à cinq espèces. M. de Tournefort en rapporte une douzaine ; mais les dernières qu’il nomme vermiculées doivent être exclues de ce genre, parce que ce sont des dépouilles d’espèce de vers de mer, de même que le Tubularea purpurea. On croit que ce nom a été donné à ce genre de plante, à cause que quelques-unes de ces espèces ont été trouvées dans