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ties d’argent qu’en affinant les casses & les glettes. Idem. Cet Auteur décrit tous ces différens affinages dans son Tr. des Monn. C.20 & 21.

Affinage. C’est aussi un terme de Manufacture de lainage, qui se dit de la meilleure & dernière tonture que le tondeur de drap leur peut donner. On appelle Affineurs, ceux qui donnent cette façon.

Affinage. Terme de Filassier. Voyez Affiner.

Affinage, se dit aussi de l’adresse que l’on a eue de rendre certaines choses plus fines & plus déliées. L’affinage du ciment, que l’on appelle Royal, est variable & incertain.

☞ AFFINEMENT. s. m. C’est de même l’action d’affiner ; mais il se dit mieux des métaux. L’affinement de l’or se fait en plusieurs manières.

AFFINER. v. a. Rendre plus pur, plus fin, plus excellent, & de plus haut prix. En parlant des métaux, c’est purifier un métal de tous les métaux qui peuvent lui être unis, en les séparant entièrement de lui. C’est le débarrasser de toutes les parties qui lui sont étrangères. Purgare, expurgare. On affine l’or & l’argent par la coupelle, par l’inquart, par la cémentation, par les eaux fortes. Voyez l’explication de ces mots à leur ordre. Les autres métaux s’affinent par une fusion réitérée. Comme le feu affine l’or, ainsi l’adversité éprouve la fidélité d’un ami. St. Evr.

Affiner. Terme de Cloutier d’Épingle, faire la pointe au clou, en le faisant passer sur la meule.

Affiner le cuivre. Terme de Fondeur en terre & sable. C’est jeter de l’eau fraîche dans les moules où l’on a fondu quelqu’ouvrage, aussitôt que le métal liquide y a été versé par le jet. Voyez Fondeur en Sable.

Affiner le sucre. C’est le faire fondre, bouillir & écumer. Purgare, perficere. Affiner le fromage, c’est le mettre à la cave avec du foin & de la lie, pour le rendre plus fort & plus piquant. Caseum acriorem, mordaciorem fingere, vini fæce imbuere, inficere, macerare.

Affiner, se dit aussi du ciment, & c’est le rendre plus fin, plus délié, & le réduire en une poudre presque impalpable. Intritam tenuissimum in pulverem redigere.

Affiner, est aussi un terme de Relieur, & signifie, renforcer. Stipare, subigendo stingere. Affiner du carton.

Affiner, est aussi un terme de Cordier, & signifie, passer le chanvre ou le lin par l’affinoir, c’est-à-dire, par plusieurs peignes de fer dont les dents vont toujours en augmentant de finesse, pour le rendre meilleur & plus fin. Canabim aut linum tenuissima in fila ducere.

☞ Ce verbe est aussi réciproque dans les acceptions dont on vient de parler. L’or s’affine dans la fournaise. Le sucre s’affine avec du salpêtre. Le fromage s’affine dans la cave. La filasse s’affine en passant par l’affinoir, &c.

Affiner, au figuré, rendre plus fin, plus adroit. Cautum reddere. Il est difficile d’affiner un sot. Cette expression dont on se sert dans le grand Vocabulaire sans aucune modification, sans aucune note, paroît bonne pour le fauxbourg saint Marceau. En Bretagne & dans quelqu’autres provinces, affiner se dit populairement pour attraper quelqu’un, le rendre plus fin en lui faisant quelque tromperie. Illudendo erudire, cautum reddere.

On dit en termes de Marine, que le temps affine ; pour dire, que l’air s’éclaircit, & que le temps devient plus beau. Alors il se prend dans un sens neutre. Dies aperitur, clarescit, redit serenitas.

Affiner, autrefois vouloit dire Tuer, mettre fin à la vie.

Achilles le Preux combatable
Avoit été si destiné,
Qu’il ne pouvait être affiné.
Fors par la plante seulement. Ovide. Ms. cité par Borel.

AFFINÉ, ÉE. part. Purgatus, expurgatus, &c.

☞ AFFINERIE. s. f. Lieu où l’on rend plus purs les métaux, le sucre, &c.

Il y en a qui disent raffiner, raffinement, raffineur, &c. mais ces mots sont plus propres dans le moral que dans le physique.

Affinerie, est encore en usage dans le commerce, & parmi ceux qui travaillent aux forges. Il signifie une espèce de petite forge, où l’on tire le fer en fil d’archal. Fabrica tenuando in fila ferro apta, apposita. Porter le fer à l’affinerie.

Affinerie, signifie aussi du fer rafiné & mis en rouleaux, pour faire divers ouvrages, Ferrum in laminas tenuatum. J’ai fait venir, j’ai acheté, j’ai employé un milier d’affinerie.

AFFINEUR. s. m. Celui qui affine. Auri, vel argenti, vel ferri excoquendi, purgandi, artifex. Il y a des officiers de la Monnoie qui ont le titre d’Affineurs pour l’or & pour l’argent. Tous les Affineurs se doivent retirer dans les Hôtels des Monnoies par les règlemens de l’an 1555, & il leur est défendu de travailler ailleurs. Il y a des Affineurs dans les sucreries pour affiner & écumer le sucre.

Affineur, se dit aussi de ceux qui travaillent aux forges de fer, & signifie l’ouvrier qui affine le fer dans l’affinerie. Qui ferrum ducit, tenuat in fila.

Affineur, se dit aussi dans les Manufactures de lainage, des ouvriers qui tondent les draps d’affinage.

AFFINITÉ. s. f. Liaison qui se fait entre deux maisons, ou familles, par le moyen d’un mariage. Affinitas. c’est-à-dire, que l’affinité se contracte entre le mari, & les parens de sa femme ; & réciproquement entre la femme, & les parens de son mari. Ainsi l’affinité n’est pas une véritable parenté ; mais à cause de l’étroite liaison qui est entre le mari & la femme, la parenté devient commune. Le Lévitique a marqué certains degrés où l’affinité est un obstacle au mariage. C’est au Ch. XVIII. Il y en a trois. 1o Un frere ne pouvoit pas épouser sa belle-sœur ; c’est-à-dire, la veuve de son frere, Lev. XVIII, 16, à moins que le frere mort n’eût point laissé d’enfans ; car en ce cas, non-seulement il étoit permis, mais il étoit ordonné, sous peine d’infamie, à un frere d’épouser la veuve de son frere, comme on le peut voir au Deut. XXV, 5. 2o Le beau-pere ne pouvoit épouser la fille de son beau-fils, ou de sa belle-fille ; c’est-à-dire, du fils ou de la fille de sa femme. Lev. XVIII, 17. 3o Il n’étoit pas permis d’épouser sa belle-sœur ; c’est-à-dire, la sœur de la femme, pendant que celle-ci vivoit encore ; c’est à-dire, qu’il n’étoit pas permis d’avoir en même tems pour femmes les deux sœurs. Lev. XVIII. 18. Avant la Loi le dernier point n’étoit pas défendu, comme il paroît par l’exemple de Jacob. Sorus, Valquez, & d’autres encore, que l’on peut voir dans Banacina, T. 1, q.3, de Matrim. p. 12, n. 7, prétendent que le droit naturel ne défend le mariage cum affini qu’au premier degré. Quoiqu’il en soit, il est clair par le premier article, selon la remarque de Tirin, que tous les degrés d’affinité prohibés par la Loi de Moyse, n’étoient pas défendus par la loi naturelle. On ne trouve rien dans l’ancien Droit Romain qui regarde la défense des mariages à cause de l’affinité. Papinien est le premier qui en ait parlé à l’occasion du mariage de Caracalla. Les Jurisconsultes qui vinrent après lui, étendirent si loin les liaisons d’affinité, qu’ils mirent l’adoption au même point que la nature. Les Chrétiens, qui ne voulurent pas être surpassés par les Païens dans les égards pour la bienséance, & l’honnêteté des mariages, introduisirent un troisième genre d’affinité qui n’étoit point encore connue. Les Canonistes ont donc distingué trois espèces d’affinité. La première se contracte entre le mari & les parens de sa femme ; & entre la femme & les parens de son mari. La seconde, entre le mari, & les alliés de sa femme, & entre la femme, & les alliés de son mari. Enfin, dans le IVe Concile de Latran tenu en 1213, on traita à fonds la matière de l’affinité. On trouva qu’il n’y avoit que l’affinité du premier genre, qui produisît une véritable alliance, & que les deux autres espèces d’affinité, n’étoient que des raffinemens qu’il falloit abroger. C’est ce qui fut fait dans le fameux Chapitre Non debet, au titre De Consang. & Affin. Quelques-uns prétendent que cette abrogation du deuxième