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ACE

ACCUSÉ, ÉE. part. Accusatus. Socrate accusé répondit : ce que j’ai fait ne mérite rien, sinon qu’on me nourrisse aux frais de l’Etat dans le Prytanée.

Accusé, se prend quelquefois substantivement, Reus. Celui qui est prévenu de quelque crime capital, ou non. Il n’y a que le décret d’ajournement personnel, qui fasse l’accusé, & non point la plainte. On doit entendre l’accusé, à peine de nullité du jugement. L’accusé ne peut point résigner quand le crime emporte la privation de son Bénéfice. Bouch. Par les dures Loix de l’inquisition, l’on contraint l’accusé à s’accuser lui-même du crime qu’on lui suppose. Inq. de Goa. L’accusé n’est point reçu à accuser son accusateur, ni à user de récrimination, avant qu’il se soit purgé. De Laun.

ACE.

ACÈ. Ace. Ville de Phénicie, dans Strabon & dans Etienne. Ce fut depuis Ptolémaïs. Voyez ce mot.

ACÉE. s. f. Ce mot se disoit autrefois pour bécasse : il vient d’acceia qui vient d’acus, à cause du long bec de la bécasse.

ACÉEMENT. s. m. Vieux mot. Grand équipage, ajustement. Parcevax esgarde la Demoiselle, & la voit tant belle, & si li plot tant étabeli (éblouit, charma) par le grant acéement qu’il voit en li. Graal. Acéement se trouve dans les Poësies de Thibaut, Roi de Navare.

ACELLARO. Voyez Abyso.

☞ ACEMÈTE. Voyez Acœmète.

☞ ACENSEMENT. s. m. Autrefois ACENSE. s. f. Terme de coutumes. Action de donner à cens. Datio ad censum, locatio accensiva. Acensement d’une maison, d’un héritage. Voyez Cens.

☞ On appelle aussi acense ou accense, un héritage, une ferme qu’on tient à certain cens & rente, ou à prix d’argent. Cette métairie est une accense d’une telle Abbaye. Tenir un héritage, une maison en acense ou en accense.

☞ ACENSER, ACCENSER, & ADCENSER. v. a. Donner à cens une maison, une terre, un héritage, à condition d’en payer un cens, ou une rente Seigneuriale. Ad censum dare.

☞ Il y a encore des provinces où l’on dit acenser une maison pour louer une maison. Locare.

☞ ACENSEUR, ACCENSEUR & ADCENSEUR. s. m. Dans la Coutume de Berri, c’est celui qui donne à louage quelque chose. Accensator, qui dat ad censum.

☞ ACENSIR. v. a. Vieux terme de coutumes. Donner ou prendre à cens ou à ferme.

ACEPHALE. s. m. Acephalus. Proprement, qui n’a point de chef, de l’α privatif, & de ϰεφαλή tête, chef. On a donné ce nom, 1o à ceux qui, dans l’affaire du Concile d’Ephèse ne voulurent suivre ni S. Cyrille, ni S. Jean d’Antioche : 2o à des hérétiques du Ve siècle, qui suivirent d’abord Pierre Mongus, ou Moggus : puis l’abandonnèrent, parce qu’il souscrivit au Concile de Chalcédoine. Ils suivoient les erreurs d’Eutichès. Et sous l’empire de Justin, les Sectateurs de Sévère d’Antioche, & généralement tous ceux qui ne voulurent pas recevoir le Concile de Chalcédoine, furent appelles Acéphales. Quelques-uns prétendent que ce nom signifie hésitans ; & que parce qu’ils tenoient la neutralité pour les décrets du Concile de Chalcédoine, qu’ils ne se déterminoient à rien, qu’ils hésitoient quand on les pressoit, ils furent appelés Acéphales ; C’est-à-dire, hésitans. Mais l’autre opinion est plus vraie, & Acéphale n’a point ce sens. Voyez Bolland, T. I. Anastase le Bibliothécaire appelle l’exemption de la juridiction du Patriarche, Autocéphalie, Autocephalia. 5o On a appelé Acéphales, les clercs qui ne vivoient pas sous la discipline ecclésiastique d’un Evêque. Isidore, de Eccles. off. Lib. III. Les Conciles de Mayence, Can. 22 de Paris, Can. lO de Pavie en 850, Can. 18, &c. ont fait différens réglemens contre ces clercs Acéphales. On en trouve encore dans les Capitulaires de Charles le Chauve, I. VI, C. 57, dans Burchard, L.II, C. 226, dans Réginon à l’an de J. C. 865. Baronius à l’année 1090. Hucbert, frère de Thierberge concubine de Lothaire, fut appelé Acéphale, parce que, comme disent les Annales de Metz à l’an 864. de J. C. il étoit Clerc marié, & par là non soumis aux règles de la cléricature ; ou comme d’autres écrivent, parce que son Monastère étoit exempt de la juridiction de l’Evêque. Cependant les Moines exempts de la juridiction de l’Evêque, ne sont point Acéphales ; car Godefroy, Abbé de Vendôme, dit dans sa 27e Lettre du livre second ; Nous ne sommes point Acéphales, puisque nous avons pour chef Jésus-Christ, & après lui le souverain Pontife. 4o Dans les Loix de Henri I, Roi d’Angleterre, on appelle Acéphales les pauvres qui n’ayant rien, ne tiennent point de biens en fief, ni du Roi, ni des Evêques, ni des Barons, ou Seigneurs féodaux ; & ainsi sont en quelque sorte sans chef. Voyez le Gloff. de Du Fresne. Voyez Nicéphore, L. XVIII. 54. Evagr. L. III. C. 31. Baron. aux années 432, 482, 492, 513, 536, 538, 546, 553. Hornius, Hist. Eccles. Nov. Test. Per. I, Art. 3, §. 48 & 49. Les Acéphales sont appelés Acéphalites dans Isidore, L. VIII, C. XV, & dans la Chronique d’Adon de Vienne. Voyez encore les Notes du P. Sirmond sur Facundus Hermianensis.

ACÉPHALES. s. m. pl. Hommes sans tête. La fable dit qu’il y avoit au nord des Hyperboréens, (c’est-à dire, vers la Russie & la grande Tartarie d’aujourd’hui) un peuple d’Acéphales. Ce qui doit se prendre au figuré d’un peuple de barbares, qui vivoient alors sans chef, sans subordination, sans société.

ACÉPHALITE. s. m. Acephalita. Hérétique. Voyez Acéphale ; c’est la même chose. Le Chanoine Régulier de Léon, qui a écrit la vie de S. Isidore de Séville, dit Acephalita, & marque que cette Secte étoit fort étendue en Espagne & en France, au temps de ce Saint. Peut-être que dans ces pays-là on les nommoit alors Acéphalites, & non pas Acéphales.

ACERBE. adj. Saveur mixte qui consiste dans un goût sûr avec une pointe piquante & astringente. Acerbus. Les Médecins tiennent que ce goût est mitoyen entre l’aigre, l’acide, & l’amer. Ils appellent du vin acerbe, du vin fait de raisins qui ne sont pas encore mûrs. Tous les fruits avant leur maturité ont un goût acerbe. Ce mot vient du latin acerbus. C’est un terme de Médecine. Hors delà on dit âpre.

☞ ACERENZA. Ville archiépiscopale du Royaume de Naples, capitale de la Basilicate.

ACÉRER. v. a. Terme de Taillandier. Garnir d’acier un outil de fer ; y joindre ou appliquer de l’acier, soit à la pointe, comme aux burins ; soit au tranchant, comme aux couteaux & cimeterres ; soit sur la face entière des outils, comme aux enclumes, &c. Durare ferri aciem chalybe. On a dit acérer pour aciérer.

ACÉRÉ, ÉE. part. & adj. Qui est d’acier, ou ce à quoi on a joint & appliqué de l’acier. Ferrum chalybe duratum. On le dit des instrumens de fer destinés à couper, à limer, à trancher, à forger. Un cimeterre acéré & bien tranchant. Les enclumes, les bigornes, & autres outils semblables sont aussi acérés, parce qu’on les couvre d’acier.

On le dit en termes de Médecine & de Pharmacie, pour signifier une saveur austère & astringente.

Acéré, s’emploie par quelques-uns au figuré, pour signifier, mordant, perçant, tranchant. C’est une plume bien acérée. La pauvreté est un glaive bien acéré. Mau. Il faut pourtant s’en servir avec discrétion.

ACERIDES. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un emplâtre fait sans cire, tel qu’est celui qu’on nomme emplâtre de Nuremberg. Emplastrum Norimhergense. Hart.

ACERNO. Ville épiscopale de la principauté citérieure, au royaume de Naples. Acernum. Elle est entre Salerne & Couza.

ACERRA. Ville épiscopale du royaume de Naples dans la terre de Labour. Acerra. Elle est sur la rivière de Patria, entre Naples & Capoue.

☞ ACERRE. s. f. Du latin Acerra. C’étoit chez les Romains une espèce d’autel dressé près du lit d’un mort, sur lequel les parens & les amis du défunt brû-