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CHAPITRE III
LA PHRASE CONDITIONNELLE ET CIRCONSTANCIELLE NON RELATIVE

§ 239. Il y a deux conjonctions conditionnelles : mɑ:‛ (má), aspirant (forme absolue), et dɑ:ⁿ (dá), nasalisant (forme conjointe). Elles s’opposent, dans l’ensemble, comme la conjonction du potentiel à la conjonction de l’irréel. Aux deux conjonctions de la phrase affirmative répond ici, comme dans la phrase relative (§ 233), une seule conjonction négative : mɑrəⁿ (mara), nasalisant (forme conjointe).

§ 240. mɑ: introduit une condition dont la réalisation n’est pas a priori exclue ; quand la condition se réfère à l’avenir, il y a indétermination objective quant à sa réalisation, et mɑ: exprime l’éventualité ; quand la condition se réfère au présent ou au passé, l’indétermination est subjective, l’hypothèse étant réalisée ou controuvée au moment où l’on parle, quoique nous l’ignorions ou prétendions l’ignorer : mɑ: introduit alors une supposition, valeur d’où dérive l’emploi concessif.

Dans la période avec mɑ: on peut avoir n’importe quel temps ou mode à l’apodose ; à la protase on a le prétérit quand la supposition se rapporte au passé : mɑ: hitʹ vʷiʃə go gαhədsə ə ǥɑ:lʹtʹ hɑr nαʃ (má thuit mhuise go gcaitheadsa a fhagháil thar n‑ais) « s’il est tombé, il faudra bien, ma foi, que je le retrouve » ; quand la supposition se rapporte au moment actuel on a le présent II, d’actualité (§ 205) : mɑ: tɑ: bʹrʹi:αg ɑun bʹi:χ (má tá bréag ann, bíodh !) « s’il y a là-dedans un mensonge, qu’il y reste (conclusion fréquente des contes) ».

Quand l’hypothèse se rapporte à un temps hypothétique indéterminé (éventualité), on a le présent I ; quand elle se