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LE FOYER DOMESTIQUE.

La cité de Québec, qui semblait braver jadis, sur son rocher, les foudres de l’artillerie, et de l’escalade des plus vaillantes cohortes, — l’orgueilleuse cité de Québec, encore couverte de décombres, se relevait à peine de ses ruines. Le pavillon britannique flottait triomphant sur sa citadelle altière ; et le Canadien qui, par habitude, élevait la vue jusqu’à son sommet, croyant y trouver encore le pavillon fleurdelisé de la vieille France, les reportait aussitôt, avec tristesse, vers la terre, en répétant, le cœur gros de soupirs, ces paroles touchantes : « nous reverrons pourtant nos bonnes gens ! » (a)

Il s’était passé des événements depuis quelques années qui devaient, certainement, navrer le cœur des habitants de ce beau pays, appelé naguère la Nouvelle-France.

Le lecteur retrouvera sans doute, avec plaisir, après tant de désastres, ses anciennes connaissances assistant à une petite fête que donnait M. d’Haberville pour célébrer l’arrivée de son fils. Le bon gentilhomme même, quoique presque centenaire, avait répondu à l’appel. Le capitaine Des Ecors, compagnon d’armes de M. d’Haberville, brave officier ruiné par la conquête, sa famille et quelques autres amis faisaient aussi partie de la réunion. Une petite succession, que Jules avait recueillie en France d’un de ses parents péri dans le naufrage de l’Auguste, en apportant plus d’aisance dans le ménage, permettait à cette famille d’exercer une hospitalité qui lui était interdite depuis longtemps.

Tous les convives étaient à table, après avoir attendu inutilement Archibald de Locheill dont on ne