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LES ANCIENS CANADIENS.

qu’ils livreraient leurs places fortes, que les deux nations n’en feraient plus qu’une, et que les guerriers anglais et écossais combattraient épaule contre épaule les ennemis du grand Ononthio. On fit un festin qui dura trois jours et trois nuits, et où l’on but tant d’eau-de-feu, que les femmes serrèrent les casse-têtes car, sans cela, la guerre aurait recommencé de nouveau. Les Anglais furent si joyeux qu’ils promirent d’envoyer en Écosse, par-dessus le marché, toutes les têtes, pattes et queues des moutons qu’ils tueraient à l’avenir.

— C’est bon ça, dit l’Indien ; les Anglais sont généreux ! (i)

– Mon frère doit voir, continua Dumais, qu’un guerrier écossais aime être brûlé que pendu, et il va me vendre sa part du prisonnier. Que mon frère fasse son prix, et Dumais ne regardera pas à l’argent.

— La Grand’-Loutre ne vendra pas sa part du prisonnier, dit l’Indien ; il a promis à Taoutsï et Katakouï de le livrer demain au campement du Petit-Marigotte, et il tiendra sa parole. On assemblera le conseil, la Grand’-Loutre parlera aux jeunes gens ; et s’ils consentent à ne pas le brûler, il sera toujours temps de le livrer à d’Haberville.

— Mon frère connaît Dumais, dit le Canadien : il sait qu’il est riche, qu’il a bon cœur et qu’il est un homme de parole ; Dumais paiera pour le prisonnier six fois autant, en comptant sur ses doigts, qu’Ononthio paie aux sauvages pour chaque chevelure de l’ennemi.

— La Grand’-Loutre sait que son frère dit vrai, répliqua l’Indien, mais il ne vendra pas sa part du prisonnier.