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NOTES DU CHAPITRE TREIZIÈME.

Ils ne furent frappés que de deux choses pendant leur séjour dans notre cité : d’abord du flux et du reflux de la marée qui attira toute leur admiration, ne sachant comment expliquer ce phénomène ; et ensuite de la hauteur de la citadelle. Ils s’écrièrent qu’ils étaient heureux de voir que les grands-couteaux ne culbuteraient pas leur Père (le gouverneur) dans le grand lac.

Ils étaient accompagnés de leurs truchements. Quelqu’un observa à un chef Sioux qu’il ressemblait au Prince de Galles :

— Je n’en suis pas surpris, répliqua-t-il, car moi aussi je suis le fils d’un Roi.

Une autre personne lui ayant demandé s’il était un grand guerrier :

— Je suis un si grand guerrier, dit-il en se redressant d’un air superbe, que quand je marche au combat, la terre tremble sous mes pieds.

J’ai rarement vu un plus bel homme que cet Indien.

(h) Faire la médecine : les sauvages n’entreprenaient aucune expédition importante, soit de guerre, soit de chasse, sans consulter les esprits infernaux par le ministère de leurs sorciers.

Le mitsimanitou était le grand-dieu des sauvages ; et le manitou, leur démon, ou génie du mal, divinité inférieure toujours opposée au dieu bienfaisant.

(i) Les sauvages sont très-friands des têtes et des pattes des animaux. Je demandais un jour à un vieux canaoua, qui se vantait d’avoir pris part à un festin où sept de leurs ennemis avaient été mangés, quelle était la partie la plus délicieuse d’un ennemi rôti : il répondit sans hésiter, en se faisant claquer la langue : certes, ce sont les pieds et les mains, mon brère.

(j) Un vieux soldat, nomme Godrault, qui avait servi sous mon grand-père me racontait, il y a près de soixante-et-dix ans, cette scène cruelle dont il avait été témoin. Il me disait que l’infortunée victime criait : mein Gott ! Ma famille croyait que c’était une faute de prononciation de la part du soldat, et que ce devait être plutôt : my God ! mais il est probable que cette malheureuse femme était hollandaise et qu’elle criait vraiment : mein Gott.

(k) Cette maison, construite en pierre, et appartenant à monsieur Joseph Robin, existe encore ; car, après le départ des Anglais, les Canadiens, cachés dans les bois, éteignirent le feu. Une poutre, roussie par les flammes, atteste cet acte de vandalisme. La tradition veut que cette maison ait été préservée de l’incendie par la protection d’un Christ, les autres disent d’une madone, exposée dans une niche pratiquée dans le mur de l’édifice, comme cela se voit encore dans plusieurs anciennes maisons canadiennes.