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LES ANCIENS CANADIENS.

pour l’Angleterre. On les fit entrer dans un grand Wigwam, on alluma le feu du conseil, on fuma longtemps en silence ; un grand chef prit enfin la parole et dit : mon frère, la terre a assez bu le sang des guerriers de deux braves nations, nous désirons enterrer la hache : rends-nous Wallace, et nous resterons en otages à sa place : tu nous feras mourir, s’il lève encore le casse-tête contre toi. Et il présenta le calumet au grand Ononthio des Anglais, qui le repoussa de la main en disant : avant que le soleil se couche trois fois, Wallace sera pendu.

Écoute, mon frère, dit le grand chef écossais, s’il faut que Wallace meure, fais-lui souffrir la mort d’un guerrier : on ne pend que les chiens ; et il présenta de nouveau le calumet, qu’Ononthio repoussa. Les députés se consultèrent entre eux, et leur grand chef reprit : que mon frère écoute mes dernières paroles et que son cœur se réjouisse : qu’il fasse planter onze poteaux pour brûler Wallace et ses dix guerriers qui seront fiers de partager son sort : ils remercieront leur frère de sa clémence. Et il offrit encore le calumet de paix, qu’Ononthio refusa.

— Houa ! fit la Grand’-Loutre, c’étaient pourtant de belles paroles et sortant de cœurs généreux. Mais mon frère ne me dit pas pourquoi les Écossais sont maintenant amis des Anglais et font la guerre avec eux contre les Français ?

— Les députés retournèrent dans leurs montagnes, la rage dans le cœur : à chaque cri (g) de mort qu’ils poussaient avant d’entrer dans les villes et les villages pour annoncer la fin lamentable de Wallace, tout le monde courait aux armes, et la guerre continua entre les deux nations pendant autant de lunes qu’il y a de