Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
LA FÊTE DU MAI.

est aussi nécessaire d’ajouter que de forts coins de bois, enfoncés dans l’arbre de distance en distance, en facilitaient l’ascension, et servaient aussi de points d’appui aux étamperches usitées pour élever le mai.

Un coup de fusil, tiré à la porte principale du manoir, annonça que tout était prêt. À ce signal, la famille d’Haberville s’empressa de se réunir dans le salon, afin de recevoir la députation que cette détonation faisait attendre. Le seigneur d’Haberville prit place sur un grand fauteuil ; la seigneuresse s’assit à sa droite, et son fils Jules à sa gauche. Mon oncle Raoul, debout et appuyé sur son épée, se plaça en arrière du premier groupe, entre madame Louise de Beaumont et Blanche, assises sur de modestes chaises. Arché se tint debout à gauche de la jeune Seigneuresse. Ils étaient à peine placés, que deux vieillards, introduits par le majordome José, s’avancèrent vers le seigneur d’Haberville, et, le saluant avec cette politesse gracieuse, naturelle aux anciens Canadiens, lui demandèrent la permission de planter un mai devant sa porte. Cette permission octroyée, les ambassadeurs se retirèrent et communiquèrent à la foule le succès de leur mission. Tout le monde alors s’agenouilla pour demander à Dieu de les préserver de tout accident pendant cette journée (a). À l’expiration d’un petit quart d’heure, le mai s’éleva avec une lenteur majestueuse au-dessus de la foule, pour dominer ensuite de sa tête verdoyante tous les édifices qui l’environnaient. Quelques minutes suffirent pour le consolider.

Un second coup de feu annonça une nouvelle ambassade ; les deux mêmes vieillards, avec leurs fusils au port d’arme, et accompagnés de deux des princi-