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LES ANCIENS CANADIENS.

(f) Dégréyer (dégréer) : ce terme, emprunté à la marine, est encore en usage dans les campagnes. Dégréyez-vous, dit-on, c’est-à-dire, ôtez votre redingote, etc. Quelle offre généreuse d’hospitalité que de traiter un ami comme un navire que l’on met en hivernement. Cette expression vient de nos ancêtres normands, qui étaient de grands marins.

(g) Les femmes de cultivateurs avaient rarement des servantes autrefois : elles en ont souvent de nos jours.

(h) Josephte : sobriquet que les gens des villes donnent aux femmes des cultivateurs.

Les mauvaises récoltes de blé, depuis trente ans et surtout les sociétés de tempérance, ont, en grande partie, mis fin à cette hospitalité par trop dispendieuse.


CHAPITRE HUITIÈME.


(a) Cette pieuse coutume des habitants de faire une prière avant de commencer un ouvrage qui peut les exposer à quelque danger : tel que l’érection du comble d’un édifice, etc., existe encore de nos jours. C’est un spectacle imposant de les voir se découvrir, s’agenouiller et d’entendre un vieillard réciter, à voix haute, des prières auxquelles les autres répondent.

(b) Les Canadiennes, sans cesse exposées aux surprises des sauvages, savaient au besoin se servir des armes à feu. Les Dames de Verchères, grand’tantes de l’auteur, défendirent, en l’année 1690, et en l’année 1692, un fort attaqué par ces barbares, et les repoussèrent. La tradition, dans la famille de l’auteur, est que ces dames, leurs servantes et d’autres femmes, se vêtirent en hommes pour tromper les Indiens, tirèrent le canon, firent le coup de fusil en se multipliant sur tous les points attaqués ; jusqu’à ce que les ennemis, pensant le fort défendu par une forte garnison, prirent la fuite.

(c) Cette coutume de mutiler les mâts, qui existait pendant l’enfance de l’auteur, a cessé lorsque les habitants leur substituèrent ensuite les beaux mâts, écaris sur huit faces, dont quelques-uns subsistent encore aujourd’hui.

(d) Il fallait prier et supplier pour obtenir du pain à la table d’un riche habitant, un jour de noces ou de festins : la réponse était toujours : mais, monsieur, la galette est pourtant meilleure que le pain.


CHAPITRE NEUVIÈME.


(a) Cette coutume, si générale autrefois, n’est pas tout-à-fait tombée en désuétude : nos habitants vendent encore pour les mêmes fins, à la porte de