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JUIN 1770.

années de cherté plus grande que celle dont on se plaint à présent. Mais ont-elles été longues ? N’avaient-elles pas été précédées de fléaux qui les avaient déterminées ? c’est qu’il faudrait éclaircir, et ce que l’auteur n’a eu garde de faire.

Le même auteur a discuté les Lettres sur la Théorie des lois civiles[1], livre qu’il affecte d’annoncer avoir été vendu publiquement pendant un mois chez Desaint, libraire au aux Palais-Royal, et en plusieurs autres endroits. Il déclare qu’il veut répondre aux raisonnemens, et non injures du sieur Linguet ; mais le lecteur trouve qu’il réplique fort mal aux raisonnemens et très-bien aux injures, si c’est bien y répondre que d’invectiver avec plus d’adresse et un sang-froid plus apparent. On voit avec peine l’homme sous le manteau philosophique, et le public juge le sieur Dupont très-quitte envers son adversaire sur cet objet.

28. — Le sieur Champfort, auteur de quelques ouvrages, et surtout d’une comédie intitulée la Jeune Indienne[2], joignait à ses talens littéraires une jolie figure et de la jeunesse ; il cheminait même vers la fortune, et devait passer avec le baron de Breteuil dans une cour étrangère. Tant de prospérités l’ont amolli : il s’est livré avec trop d’ardeur au plaisir, et il se trouve aujourd’hui atteint d’une maladie de peau effroyable, qui paraît tenir de la lèpre. Ce jeune homme, dont la philosophie n’a pas encore beaucoup corroboré le cœur, se désole de son état et tombe dans le désespoir. Il est entre les mains du sieur Bouvart.

  1. V. 10 août 1770. — R.
  2. V. 30 avril 1764. — R.