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JUIN 1770.

On croit, suivant l’usage, y voir la prédiction des événemens du jour, passés et futurs.

18. — L’abbé Alary, membre de l’Académie Française, vient de mourir dans un âge très-avancé. C’est la troisième place vacante par cette mort. Il était sous-doyen, ayant été reçu en 1753. C’était le fils d’un apothicaire, qui par ses intrigues était parvenu à la fortune. On ne sait trop à quel titre il s’est trouvé assis dans le sanctuaire des Muses, car on ne connaît aucun ouvrage de lui. C’est le pendant de cet Académicien, dont Boileau disait :


J’imite de Conrart le silence prudent.


Cependant il était beau diseur, bel homme et très-bien venu des femmes ; ce qui chez plus d’un de ses confrères a tenu lieu de mérite littéraire[1].

19. — La réponse du sieur de Valdahon au Mémoire du sieur Le Monnier, annoncée depuis long-temps, et retardée par divers obstacles, paraît enfin, et réveille l’attention du public sur cet amant infortuné, si célèbre par ses malheurs et par sa constance. L’orateur, après avoir retracé d’une façon pathétique tous les maux qu’a soufferts le sieur de Valdahon, sur lequel son impitoyable persécuteur a fait lancer plusieurs décrets, qu’il a obligé de fuir en pays étranger, qu’il a fait exiler pour vingt ans de sa patrie, qu’il a déchiré dans huit mémoires, diffamé dans cinq tribunaux, et presque ruiné, tant par les gros dommages-intérêts qu’il s’est fait adjuger, que par les frais énormes d’un procès qui dure depuis huit ans, discute ultérieurement les moyens du sieur Le Monnier. Il prouve par les lois que, quand même le sieur de

  1. V. 30 août 1762. — R.