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FÉVRIER 1762

La Chalotais, procureur général du parlement de Bretagne, contre les Jésuites. Nous n’en ferons mention qu’en ce qui concerne notre objet. Ce savant magistrat prétend que l’éducation donnée par les Jésuites n’est point si précieuse. Il propose, en conséquence, de faire un nouveau plan d’études… Il est certain que ce moment-ci est une crise heureuse dans les lettres, dont il faudrait profiter pour chasser enfin l’ignorance et la superstition de leurs derniers repaires, pour substituer l’esprit philosophique à l’esprit pédantesque qui règne encore dans les collèges, et pour apprendre à la jeunesse des choses qu’elle doive et qu’elle puisse retenir.

25. — Nous avons sous les yeux une lettre de M. de Voltaire à M. l’abbé de Launay, dans laquelle il nous apprend que son Commentaire sur Corneille doit l’occuper encore deux ans ; qu’alors il en aura soixante-neuf, et qu’il est trop vieux, trop triste, trop ami du calme et du silence pour désirer son retour à Paris[1]… Il signe, de Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi[2].

28. — Les Comédiens ont reçu des défenses de jouer Tancrède, jusqu’à nouvel ordre, en conséquence de ce qui s’est passé le samedi 20.

— Aujourd’hui que la Comédie Italienne est à son plus haut degré de faveur et d’illustration, il est essentiel d’établir la position actuelle de ce spectacle.

On y compte quinze acteurs, dont trois provenant de l’Opéra-Comique et deux à la pension ; et treize actrices, dont quatre à la pension, et deux provenant de l’Opéra-Comique. Dans cette multitude, à peine trouvons-nous quelques personnages qui méritent qu’on en parle.

  1. V. 25 janvier 1762. — R.
  2. Cette lettre n’a point été recueillie dans les Œuvres de Voltaire. — R.