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LA GUERRE DE SAINT-CASTIN

tard. George ne trouva pas son homme et pour cause. (Le baron, affirmait Andros, avait fui dans les bois à son approche.) Le gouverneur se rendit quand même chez Jean-Vincent et pénétra en vainqueur dans sa maison, puis dans le fort, où la salle commune ne renfermait qu’un petit autel « garni de tableaux et des ornements ordinaires ». Dans une autre pièce, se trouvait un approvisionnement considérable d’armes, de poudre, de vin et d’autres marchandises. Andros « n’approuvant pas ce commerce », embarqua le tout sur le navire. Après quoi il porta à Madokawando quatorze couvertes bleues, douze chemises, trois pièces de drap et deux barils de vin. Le gendre du grand sachem, dit Andros, recouvrerait son bien, s’il le réclamait à Pemquid et prêtait le serment de fidélité au Roi d’Angleterre 8. Menneval attribuait donc avec raison l’acte d’Andros au refus de Saint-Castin « de reconnoistre les Anglois ».

Du reste, Nelson recontait, dans un mémoire du 2 juillet 1697, qu’Andros avait frété La Rose expressément en vue de ce pillage, parce que le baron, malgré toutes les objurgations, ne reconnaissait pas la souveraineté anglaise 9. Williamson (I, 586) affirme de son côté qu’Andros avait pris la mer avec la ferme intention de détruire Pentagoët.


Vers le même temps, le baron expédiait de Québec, avec l’assentiment de Denonville, une barque chargée de farine et destinée au ravitaillement de Menneval. Saint-Castin y avait joint diverses marchandises, d’une valeur de 500 livres, précise Nicholson, à l’intention de la population acadienne aux abois « qui ne comptoit que là-dessus ». Andros, croisant en vue des côtes, s’empara de cette barque.


C’était le début d’une guerre d’usure entreprise par les « marchands anglois chagrins de l’insulte qu’on leur avoit faite à la baye d’Hudson vers le nord. Ils s’en vouloient venger sur l’Acadie par représailles et (ils affirmaient) qu’ils ruineroient cette colonie ; ils assembloient des flibustiers sans aveu vers St-Domingue pour exécuter leur entreprise » 10.

Dans une lettre au gouverneur de Boston, datée de Québec le 23 octobre 1688, Denonville exprimait sa surprise « de la violence commise par ordre d’Andros sur