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CHAPITRE IV


LA GUERRE DE SAINT-CASTIN


— I —


Le retour des Français. — Dans un mémoire anonyme de 1684 sur la Coste de l’Acadie 1, on lit : « Rivière de Pentagoët autrement des Etchemins : il y avoit ci-devant un fort pour servir de barrière contre les Anglois. Il n’y a de François à cet endroit que le Sr de Saint-Castin avec quelques valets sans habitation fixe, culture de terre ny pesche, il va et vient avec les sauvages dont la nation est très nombreuse et jusqu’à 2.000. Il est marié avec une sauvage. Il fait un commerce très utile. Il faut observer que depuis le Port Royal jusqu’à Pentagouet le peu de François qu’il y a font le commerce de leur traite qui est leur unique employ avec les Anglois. »

1684. Année où l’on retrouve officiellement Saint-Castin. Année aussi où la France se ressouvient de l’Acadie. Elle y a mis le temps.

Saint-Castin n’aura pas à se réjouir outre mesure du retour des Français. Au contraire, il en éprouvera d’abord de graves ennuis, et c’est pourquoi il restera cantonné chez les sauvages.

On l’attaquera de tous côtés. Reconnaissons tout de suite que ces attaques auront peu souvent un caractère virulent, sauf de la part du gouverneur Perrot inspiré de mobiles sordides. Elles cesseront tout à fait, quand on verra dans Saint-Castin le pilier le plus solide de la défense française en Acadie.


Si depuis la défaite de Chambly les Français se désintéressaient de l’Acadie, les Anglais plus clairvoyants y avaient toujours les yeux. La colonie était perdue n’eût été de trois circonstances. D’abord, l’État-tampon de Saint-Castin sur la Pentagoët. Charlevoix déjà rendait hommage (vol. I, p. 280) aux « services essentiels » rendus par les gens de ces parages « à la Nouvelle-France, qui ne subsisteroit peut-être pas aujourd’hui, si elle ne les avoit