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LA GUERRE DU ROI PHILIPPE

tissant à la révolte de Philippe, roi des Massajosets (ou Wampanoags).

Massasoit mourut, sans abandonner le parti des Anglais. Son fis, Metacomet ou Pometacom (nommé aussi Philippe pour plaire aux puritains), lui succéda.

Philippe resta l’allié des colons, mais depuis l’extermination des tribus du Connecticut, il usait de méfiance. L’amitié des Anglais n’était-elle qu’un masque ? Ces gens désiraient-ils la disparition de tous les Indiens ?

Les événements le fixèrent bientôt sur les sentiments de ses amis. Il patienta longtemps, il signa même de ces « traités » odieux qui mettaient les sauvages à la merci des Européens. Un jour, il comprit l’inutilité des reculades. Le salut se trouverait dans une lutte acharnée.

Poussé par les membres de sa tribu, il prit les armes en 1671. Ainsi commença une guerre de huit années 11. qui faillit emporter les colonies et les laissa dans un dangereux état de faiblesse. Abiel Holmes écrivait, à la fin des hostilités, que la seule colonie de Plymouth avait eu 600 habitants tués, 12 ou 13 villes et 600 bâtisses entièrement détruites. La dette était énorme.

Les Anglais en étaient entièrement responsables. Ils s’étaient attiré l’inimitié des sauvages par leurs injustices, avoue Bancroft, et Sylvester démontre que les Anglais, comme le pensait le roi Philippe, attendaient une occasion favorable pour venir à bout des Massajosets, après les Pequots. Les colons du Massachusetts, qui souffrirent davantage de la guerre, rejetèrent le blâme sur leurs compatriotes de Plymouth, alléguant provocation de leur part. C’était vrai sans doute, si l’on en juge par l’étrange Letter of Vindication du major Winslow 12.

Philippe parcourut toutes les tribus, depuis Sagadahock jusqu’au Connecticut. Elles se soulevèrent en masse. Le roi des Massajosets eut, à certaines époques, jusqu’à 5 000 hommes sous ses ordres, armée formidable pour des indigènes habitués à la petite guerre. La lutte fut de part et d’autre d’une cruauté implacable. Il ne s’agissait pas de gagner des avantages. Chaque parti sentait que son existence dépendait de l’annihilation de l’autre. Les deux races s’affrontaient, dans un conflit définitif, où l’une d’elles devait disparaître.

Une trahison livra aux Anglais leur terrible ennemi, réfugié dans des marais avec quelques gardes de corps. Et Neal (p. 399) raconte : « His body was quartered, and