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LE BARON DE SAINT CASTIN

Un autre chroniqueur raconte que les Anglais cherchaient un jour le refuge du chef Sasakus. « Mais pour les dédommager de leur insuccès, le deuxième soir, la divine Providence les guida vers un autre village plus rapproché, rempli de leurs meilleurs soldats, traqués là-dedans au nombre de 300 ou 100, for the divine slaughter by the hand of the English ». Les Anglais tuent, égorgent, massacrent. Ils mettent le feu aux wigwams, poursuivent les fuyards. C’est une boucherie, une vision d’horreur où le chroniqueur nous montre complaisamment « les sauvages qui brûlent, d’autres qui saignent à mort…, jusqu’à ce que le Seigneur ait entièrement détruit le groupe, à l’exception de quatre ou cinq filles capturées par les Anglais afin de leur appliquer, à Saybrooke, le traitement que ces gens ont infligé aux nôtres dans Wethersfield » 10.

La barbarie des puritains dépassait celle des Indiens. N’étaient-ils pas les instruments de Dieu et leurs tueries des « massacres divins » ? Hypocritement, ils attribuaient les mêmes vues aux sauvages. Winslow écrit quelque part : « Ce sachem, voyant les malheurs de sa tribu, dit que le Dieu des Anglais, dans sa colère, les détruirait tous. Il est assurément étrange qu’un si grand nombre d’entre eux soient morts ces temps derniers, et meurent encore tous les jours ». L’étrangeté résidait dans l’implacable cruauté des Anglais.

Le sentiment de l’honneur, avoue Sylvester, n’existait pas chez les puritains : « Oubliant tous les droits reconnus par le code de la guerre aux Indiens, les puritains poursuivaient l’exécution d’un programme d’extirpation qui ne s’appuyait ni sur le droit ni sur la raison… Ils accueillaient avec des acclamations tout avantage gagné sur les sauvages, par quelque moyen que ce fût ».

À vrai dire, les gens de Plymouth se montraient beaucoup plus féroces que ceux du Massachusetts. Il y eut même des froissements entre les deux colonies, parce que la dernière voulait parfois modérer l’autre.


— II —


La révolte de Philippe. — L’horreur du traitement infligé aux Pequots souleva contre l’Anglais toutes les tribus, de Pentagoët à Naraganset. L’histoire de cette période n’est qu’un monotone tissu de massacres, abou-