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CHAPITRE II


SAINT-CASTIN CHEZ LES SAUVAGES


— I —


L’Acadie abandonnée. — Saint-Castin rentrant en Acadie s’enfonçait, pour de nombreuses années, dans une nuit où l’histoire n’a projeté jusqu’ici que de faibles lueurs.


L’Acadie était retombée dans l’abandon. Après un faible effort, dont l’événement avait démontré l’inanité, la France officielle s’en désintéressait encore une fois. Le 22 avril 1675, le roi écrivait simplement à Frontenac : « Je me remets à tout ce que vous estimerez de plus à propos pour le bien de mon service sur tout ce qui est arrivé en l’Acadie : je ne doute pas que vous fassiés tout ce qui sera possible pour rétablir le fort et l’habitation qui y étoient. Il est important de maintenir mes sujets en possession de ce pais là qui servira utilement et avantageusement un jour pour établir une plus facile communication avec le Canada ». Le 15 avril 1676, le bon roi donnait encore à Frontenac de l’eau bénite de cour : « Je donneray les ordres nécessaires pour fortifier l’Acadie ». Ce roi guerrier ne demandait qu’un accommodement et ses représentants avaient pour consigne : surtout pas d’histoires : « J’approuve fort que vous ayez donné les ordres au sieur de liaison, commandant à l’Acadie, de se mesnager avec les Anglois en sorte qu’il n’y arrive point de rupture ». Frontenac voyait mieux les réalités d’ordre pratique. Le 2 novembre 1681, il réclamait encore une mesure essentielle :

« Le compte des affaires de l’Acadie que je rends à Sa Majesté lui fera peut-être juger de la nécessité qu’il y a aussi d’y mettre un gouverneur avec des appointements qui lui donnent moyen de subsister et d’empêcher que la colonie, qui y reste, ne se détruise tout à fait… Je vous aurai. Monseigneur, une très grande obligation de vouloir représenter et appuyer ces raisons auprès de Sa Majesté quand vous jugerez à propos de lui parler de l’état de cette province sur laquelle je suis obligé de vous avertir que les Anglais entreprennent beaucoup, venant pêcher et traiter le long de ces côtes » 1.