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LE BARON DE SAINT-CASTIN

bly ne voulant pas laisser un gouverneur de place aux mains de l’ennemi. Il protestait en même temps auprès de son collègue de Boston contre l’hospitalité accordée par ce dernier à des forbans en pleine paix. Il se disait convaincu que les Bostonnais s’étaient servis des boucaniers de Saint-Domingue et leur avaient procuré un pilote anglais, « supportant impatiemment notre voisinage, et la contrainte que cela leur donne pour leurs pêches et pour leur traite ».

Sorti de prison, Chambly fut confirmé dans son commandement, en 1676. Mais, s’il revint en Acadie (ce qui n’est pas sûr), il n’y fit qu’un bref séjour. L’Acadie était retombée pour plusieurs années dans l’anarchie. Du moins, la France l’oubliait. Mais l’influence française persistait, comme elle s’était toujours maintenue depuis les débuts des établissements, grâce à la ténacité de colons attachés à ce sol. Dans le secret se préparait l’une des forces les plus puissantes jamais mises au service de cette cause, c’est-à-dire le baron de Saint-Castin et sa tribu abénaquise.


— IX —


La mission de Saint-Castin. — Saint-Castin avait échappé aux forbans hollandais. Torturé par ces mécréants, il avait pu gagner les bois, où il avait retrouvé les sauvages amis. Avec eux, utilisant la route de terre déjà explorée, il était allé à Québec porter la nouvelle à Frontenac. Celui-ci le racontait au ministre dans le rapport cité plus haut.

Saint-Castin apportait à Frontenac une lettre dans laquelle Chambly annonçait que les pirates avaient fixé sa rançon à 1 000 castors. En conséquence, Frontenac confia à Saint-Castin une lettre de change qu’il priait celui-ci de faire parvenir à qui de droit. Saint-Castin en donnait quittance notariée au gouverneur de Québec 13. Le Mémoire des services rendus par les sieurs de Saint-Castin affirme que notre baron reçut une autre mission délicate : « Ledit sieur de Saint-Castin… eut le bonheur de se sauver et de se rendre à Québec pour y recevoir les ordres du Gouverneur afin d’engager les Abénaquis et autres nations qui sont dans tout le pays de l’Acadie de se mettre aux intérêts du Roy de France ».