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DÉBUT DE L’AVENTURE

tériel et en hommes augmentaient sans cesse, ils recommencèrent leurs coups de main, malgré l’état de paix alors existant.

Chambly avait hospitalisé charitablement le Bostonnais John Rhoades, venu sans doute sous de fausses couleurs, puisqu’une chronique le dépeint comme « un Anglais déguisé ». Rhoades, ayant examiné la place à loisir, revint le 16 août 1674 avec le forban hollandais Aernauts à la tête de 110 boucaniers de Saint-Domingue, et de renforts embarqués à Boston. « C’était un corsaire de Carosole nommé Rivière et un Anglais nommé Rose (c’est notre Rhoades) qui étaient armateurs » 11. La complicité des Hollandais et des Bostonnais se révéla plus tard, quand Rhoades et Aernauts se brouillèrent et que la Hollande réclama des indemnités à la Nouvelle-Angleterre « pour l’avoir dépouillée des prises faites en deux forts français ».

Malgré son peu de ressources, Chambly soutint un siège d’une heure contre les assaillants débarqués dès l’arrivée. Ce qui ne l’empêcha pas d’être accusé de négligence par Colbert. Au bout de l’heure, « il reçut un coup de mousquet au travers du corps qui le mit hors de combat ». Son enseigne, Saint-Castin, « et le reste de sa garnison qui n’était composée avec les habitants que de trente hommes mal intentionnés et mal armés, se rendirent à discrétion ».

Les vainqueurs se conduisirent en bons forbans. Ils pillèrent le fort, enlevèrent le canon et s’acharnèrent sur Saint-Castin, « sy persécuté qu’on luy mit la mèche entre les doits pour l’attirer de leur party ». Les boucaniers envoyèrent un détachement au fort de Jemseck où commandait toujours Joibert de Marson 12.

Chambly et Marson prirent la route des prisons bostonnaises. Frontenac écrivit à Colbert :

« Comme je n’ai reçu cette nouvelle qu’à la fin de septembre par des sauvages que le sieur de Chambly m’envoie avec son enseigne pour me conjurer de donner ordre à sa rançon, et que ne restant plus qu’un mois de navigation j’estois dans l’impuissance de pouvoir envoyer à l’Acadie du secours, quand même j’aurois eu les choses nécessaires pour cela. Je me suis contenté d’envoyer quelques gens avec des canots pour essayer d’avoir des nouvelles de l’état où ils auront laissé le fort ».

Les émissaires expédiés par le gouverneur de la Nouvelle-France ramenèrent Mlle de Marson, abandonnée en Acadie et Frontenac paya de sa poche la rançon de Cham-