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LE BARON DE SAINT-CASTIN

En outre, notre homme avait reçu la mission de « tenter le chemin de Québec », c’est-à-dire de réaliser un projet dont Grandfontaine, non moins que Frontenac et Talon, sentait la nécessité. Il s’agissait d’établir des communications entre Pentagoët et Québec, par la voie de terre, seul moyen d’amener promptement des secours en Acadie, puisque la route maritime était trop longue. Talon, qui tenait particulièrement à ce plan, songeait à ouvrir une route, entre Québec et les colonies anglaises, passant par Pentagoët. Dans sa lettre du 2 novembre 1671, il annonçait qu’il avait envoyé, plus d’un mois auparavant « en deux temps et dans deux directions MM. de Saint-Lusson et de La Nauraye pour continuer l’ouverture du chemin d’icy à Pentagouët et au Port Royal ». Le 11 novembre, les émissaires revenaient, ayant constaté que la route ne couvrait que 60 lieues et concluant à la possibilité du projet. Talon projetait d’établir des relais, c’est-à-dire une vingtaine de postes de distance en distance « pour qu’on trouve entreposts, couvert et rafraîchissements » 10.

En outre, le 30 mars 1671, le roi annonçait à Grandfontaine que le sieur Patoulet partait de France pour aller étudier la situation de l’Acadie et les communications avec le Saint-Laurent.

Saint-Castin explorait de son côté. Mais auparavant, il s’était rendu à Port-Royal, dans une caiche que Grandfontaine avait achetée de Temple à cet effet, en vue d’y rétablir la paix troublée par Le Borgne et un cordelier brouillon dont le gouverneur avait fort à se plaindre. Notre Béarnais avait pour mission d’exposer à Québec, où il se rendait à travers bois, les griefs de Grandfontaine contre Marson.

Tous ces déplacements lui donnaient une connaissance du pays qui devait le servir admirablement, par la suite.


— VIII —


Les pirates à Pentagoët. — On fondait les plus grands espoirs sur M. de Chambly, successeur de Grandfontaine. On oubliait qu’un homme seul ne peut pas grand chose.

Les Anglais n’avaient pas abandonné leurs desseins sur l’Acadie. Constatant la faiblesse constante de la colonie française, tandis que leurs propres ressources en ma-