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CHAPITRE VI


IBERVILLE ET SAINT-CASTIN


— I —


Atermoiements. — À la fin d’août 1692, M. d’Iberville arrivait de France à Québec avec le Tranquille et le Poli, escortant six vaisseaux marchands. Les deux navires de guerre étaient destinés à une attaque contre les postes anglais de la baie d’Hudson, genre d’opérations où M. d’Iberville était singulièrement habile. Mais, comme la traversée avait pris plus de trois mois, la saison était trop avancée.

Le gouverneur Frontenac imagina d’organiser, le long des côtes de la Nouvelle-Angleterre, une expédition qui ferait passer à Phipps le goût de revenir à Naxouat comme on lui en connaissait l’intention. Justement, M. de Bonaventure s’en allait, sur l’Envieux. ravitailler M. de Villebon. Le Poli se joignit à l’Envieux et M. d’Iberville prit le commandement de cette miniature d’escadre. Comme sa réputation inspirait les plus grandes espérances à M. de Frontenac, celui-ci pensait même que, conjuguant son action avec celle des Indiens par la voie de terre, il détruirait le fort de Pemquid encore inachevé. Agissant de concert, écrivait Frontenac au ministre le 15 septembre, les deux capitaines « pourront par ce moyen se rendre plus facilement maîtres de tous les bâtiments qu’ils rencontreront, et être en état d’entreprendre ce qu’ils jugeront à propos de faire. »

Le gouverneur ajoutait : « Je leur ai même promis de fortifier ici leurs équipages de 40 ou 50 Canadiens, et donné ordre à deux capitaines des Abénaquis et Canibats qui s’y sont rencontrés, d’aller en diligence à leurs villages assembler trois cents de leurs sauvages pour se rendre à Pentagouët dans la fin de la lune de septembre, où nos deux vaisseaux mouilleront et les y attendront pour ensuite les embarquer sur leurs bords, et s’en servir s’ils jugent pouvoir faire quelque descente et ravager le plat pays. Je ferai aussi embarquer dessus le sieur de La Motte-Cadillac  » 1. Le 11 novembre, le gouverneur écrivait encore : « J’ay fait embarquer la subsistance pour un mois de deux cents sauvages qu’ils doivent prendre à Pentagouet à l’Acadie » 2.