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LE BARON DE SAINT-CASTIN
avec les isles et islets adjacents à commencer du côté du sud-ouest à la terre du Sr de St. Aubin en descendant ladite rivière, et du costé du Nord-Est aux terres non concédées vis-à-vis la concession du Sr du Bourchemin » 24.

L’aventurier Chartier avait fini par s’attacher au grand aventurier Saint-Castin, qui l’employait à des besognes délicates. Que faisait-il, à St. Mary’s City ? On sait qu’il parcourait ces régions avec sa troupe de sauvages, en quête de fourrures. Il ne manquait pas de communiquer à Saint-Castin les renseignements qu’il recueillait de la sorte. Avait-il pénétré jusqu’au cœur du Maryland afin de remplir une mission particulière ? Aucun document connu ne permet de le croire. Cependant les projets d’attaque que formaient MM. de Saint-Castin et d’Iberville autorisent à le soupçonner. La frayeur des gens du Maryland ne devait pas naître de simples conjectures puisqu’elle donna lieu à de vastes préparatifs militaires.


— VI —


L’attaque contre York. — Durant l’hiver de 1691-1692, les Pentagoëts renouvelèrent leurs attaques avec vigueur. Comme d’habitude, le traité ne leur avait servi qu’à refaire leurs forces et leur ravitaillement.

Ils commirent de lourdes déprédations chez les Anglais, « de sorte que toutes les plantations de l’Est furent saccagées », gémit Neal. York souffrit particulièrement.

En janvier 1692, cent cinquante Pentagoëts, sous les ordres de Madokawando et sans doute de Saint-Castin 25, s’engageaient sur la vieille route de Kennébec où un contingent de Norridgewock se joignit à eux. En raquettes sur la neige profonde de la grande forêt, ils s’avançaient lentement vers l’établissement qui ne pouvait échapper à son destin. Au bout d’un mois, le 4 février, ils campaient au pied d’une haute colline, le Mont Agamenticus. Leurs éclaireurs occupaient déjà, au sommet, leurs postes d’observation d’où ils apercevaient, dispersées sur la rive le long d’une baie à l’embouchure de la rivière Agamenticus, les maisons d’un village anglais. Un peu à l’écart, s’élevait celle du pasteur Shubael Dummer. Parmi les autres, quatre ou cinq bâtisses manifestement barricadées, c’est-à-dire des garrison-houses.

L’hiver avait été rude. La neige formait des amas si élevés que les colons ne pouvaient concevoir la possibilité