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LE BARON DE SAINT-CASTIN

des plénipotentiaires à Wells afin de renouveler le traité avec Madokawando qui se dirigea vers le même endroit, mais à la tête de ses guerriers et avec les intentions les plus hostiles.

Wells attendait du reste cette attaque depuis de longues semaines, mais la malheureuse place demandait en vain des secours à Boston. Le gouvernement était aux abois. L’inutile expédition de Church avait coûté cher ; le trésor était à sec. On proclama un jour d’Actions de grâces dans les Colonies-Unies ; c’était une institution chère aux puritains. Des cérémonies eurent lieu dans les églises et les fidèles furent priés de donner avec générosité. Ils s’en gardèrent bien ; la recette fut mince, trop mince pour permettre de lever des troupes. On envoya l’argent aux garnisons de la frontière, qui s’arrangèrent comme elles purent. Le 9 juin, Wells était attaqué, mais repoussait les sauvages qui se répandirent dans la campagne, selon leur habitude, et y commirent tous les dégâts possibles. Le 10 mai 1691, Frontenac écrivait au ministre : « On ne saurait dire les ravages que ces Sauvages font à cinquante lieues autour de Boston, d’où ils ne sont qu’à trois journées, leur enlevant tous les jours des forts et des bastiments, leur tuant quantité de monde, et faisant des actions de bravoure qui sont incroyables (…) Je n’ai pas laissé de leur donner de la poudre et du plomb autant que dix hommes qu’ils étaient en ont pu emporter » 18.

D’après Drake, ils brûlèrent deux cents maisons dans le Maine et le New-Hampshire, au cours de cet été-là. En novembre, les colonies « ne sachant où donner de la tête » ainsi que l’avoue Cotton Mather, signaient enfin un traité avec les Indiens « sur l’eau, dans des canots, à Sagadahock, alors que le vent soufflait », est-il marqué au dernier alinéa de cet instrument. « Egeremet et cinq autres sagamores et nobles sauvages y apposèrent leurs pattes », écrit le doux Mather 19.


Au cours du voyage qui devait se terminer par sa capture, Nelson, en passant, avait dépêché à Pentagoët « un François qui parle Anglois et Sauvage tant pour parler au Sr de Saint-Castin que pour porter les sauvages à la paix, mais le Sr de Saint-Castin leur ayant dit la réponse qu’ils devaient faire le bâtiment se retira du côté de