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À LA BAIE D’HUDSON

que les Anglois crièrent carrier ». D’Iberville, suivi de Catalogne (3), se précipite dans le fort, pendant que M. de Troyes parlemente avec le commandant anglais. Une voix plaintive l’attire vers un cabinet dont il ouvre la porte. Il y trouve une Anglaise en chemise, blessée d’un éclat de grenade. La présence des assaillants, « si l’on en juge par son cri piteux, lui fit autant impression que le bruit de la grenade, puisque nous ressemblions à des bandits ». Elle ne cesse de crier « Doctor ! Doctor ! » Galants, émus par le costume de la belle, d’Iberville et son compagnon appellent aussi « M. Docte », qui arrive tout tremblant, demandant grâce. Les jeunes gens, en veine de courtoisie, portent la femme sur un lit, mettent un fauteuil derrière la porte et montent la garde pour empêcher les autres d’entrer. Mon Dieu ! On n’a pas vu de femme depuis si longtemps…

La troupe passe quatre jours au fort Rupert, y prenant tout ce qui peut se charger sur le navire de Bridgar. Après quoi, deux charpentiers reçoivent l’ordre de réparer un yak sur lequel les prisonniers repasseront en Angleterre avec les provisions que M. de Troyes leur laisse. Ce dernier démolit le fort, ne gardant que la cuisine et la boutique.

M. de Troyes part en canot, avec Bridgar et un petit détachement. Voyage affreux. « Je pâtis